Suspendue le 09 mai dernier pour permettre non seulement aux avocats commis d’office de prendre connaissance du dossier, mais aussi la commission de nouveaux avocats pour défendre les intérêts du général DIENDERE et sept autres accusés (qui se sont retrouvés sans conseil après le déport de leurs avocats à l’audience du 09 mai), l’audience du procès du putsch de septembre 2015 a repris ce vendredi 25 mai 2018. Malgré ces trois semaines de suspension, les lignes n’ont véritablement bougé, car le tribunal en accédant à la demande de report de quatre avocats commis d’office, a suspendu le procès pour deux (02) semaines. Il reprend le mardi 12 juin 2018 à 9h, avec cette fois, l’interrogatoire des accusés.
Pas de rebondissement majeur en ce dixième (10e) jour du procès du putsch de septembre 2015. Au total sept (07) avocats ont été à nouveau commis d’office par le bâtonnier pour les huit accusés dont le général Gilbert DIENDERE et son épouse Fatou DIENDERE, qui se sont retrouvés sans conseil à l’audience du 09 mai 2018, après le déport de leurs avocats. Il s’agit de Me Mamadou KEÏTA, de Me Ibrahim GUITENGA, de Me Régis BONKOUNGOU, de Me Timothé ZONGO, de Me Alexandre SANDWIDI, de Me IDRISSA BADENI et de Me Jacques SORE. Si les cinq derniers ont accepté leurs missions sans objection, tel ne fut pas le cas pour Me Mamadou KEÏTA et Me Ibrahim GUITENGA qui se sont vus « rejetés » par leurs clients.
En effet, à l’entame de l’audience, Me Mamadou KEÏTA, commis d’office par arrêté N°004 du 14 mai 2018 au côté du général Gilbert DIENDERE, a souhaité se retirer du dossier. Cela, car après avoir rencontré son client, celui-ci a manifesté son désir de se faire accompagner par ses avocats que lui-même avait eu à choisir et qui se sont déportés. Pour lui, sa commission d’office devenait donc dans ce cas sans objet. Une thèse battue du revers de la main tant par le ministère public que par le tribunal, qui du reste en application de l’article 43, a décidé de maintenir sa commission, jusqu’à ce que monsieur le bâtonnier en décide autrement. « Le bâtonnier ne l’a pas déchargé, donc il continue d’exister dans ce dossier », a déclaré le procureur militaire.
Idem pour Me Ibrahim GUITENGA. En effet, Me GUITENGA, commis d’office pour défendre les intérêts des accusés Relwendé COMPAORE et Nobila SAWADOGO, a lui aussi été « contesté » par ces derniers qui tiennent à être accompagnés par leurs premiers avocats. Ce qui lui a contraint de demander au tribunal d’accepter son déport, car ses clients veulent garder la même stratégie de défense que ses prédécesseurs avaient adopté. Pour lui, cette attitude de ses clients effrite la confiance qui doit exister entre un accusé et son conseil et l’empêcherait de surcroit de pouvoir mener à bien son service public. « Je ne veux pas faire de la figuration dans ce tribunal, car étant sans armes de défense. Dans ces conditions, je ne pourrai assurer au mieux mon service public. C’est pourquoi, je demande au tribunal d’accepter que je me déporte », a-t-il déclaré.
Mais pour le ministère public, « il n’appartient pas à un accusé de porter des préalables pour sa défense, d’autant plus qu’il n’avait pas de conseil ». Aussi, pour le procureur militaire, il appartient à monsieur le bâtonnier qui a commis l’avocat dans un dossier, de l’en défaire. Des réquisitions qui ont sonné dans les oreilles du concerné comme une entrave à la liberté de l’avocat commis d’office. « La commission d’avocat ne fait pas de lui un prisonnier, ni un objet de la procédure », a répliqué Me GUITENGA.
Quoi qu’il en soit, après trente (30) minutes de pause, le tribunal, tout comme dans le cas de Me KEÏTA, en invoquant l’article 43, n’a pas accéder à la demande de déport de Me GUITENGA.
Aussi, pendant cette audience, quatre avocats commis d’office sur sept ont demandé un report afin d’avoir du temps pour mieux prendre connaissance du dossier. Ce qui n’a pas recueilli l’assentiment du parquet qui estime que cette question avait été définitivement tranchée lors de l’audience du 09 mai dernier.
Toutefois, si le tribunal croyait que tous les accusés étaient maintenant accompagnés par des conseils c’est avec surprise qu’il a reçu une correspondance de l’accusé le colonel Omer BATIONO qui montrait qu’il était sans avocat.
Ainsi, au regard de la requête formulée par les quatre avocats commis d’office, le président du tribunal a décidé du report de l’audience au 12 juin procès. Ce temps de pause permettra aussi à monsieur le bâtonnier de commettre à nouveau un avocat pour le colonel BATIONO. Et selon le tribunal, l’interrogatoire des accusés pourra commencer après suspension.
Candys Solange PILABRE/ YARO