dimanche 24 novembre 2024

Santé sexuelle au Burkina Faso : le « Femidom » une méthode de contraception méconnue des populations

condomLe préservatif féminin, aussi connu sous le nom de « Fémidom » existe depuis 1998. C’est la véritable alternative au préservatif masculin. Son intérêt est qu’il est l’unique moyen de contraception entièrement contrôlé par les femmes. Selon les acteurs de la contraception, il est aussi efficace que la capote. Conçu pour protéger les femmes qui sont plus exposées pour des raisons à la fois biologiques et culturelles, au VIH et aux infections sexuellement transmissibles que les hommes, le « fémidom » est un produit méconnu de la population, et souvent victime de certains préjugés.

 

C’est un  secret de polichinelle, les condoms féminins n’ont pas eu du succès au Burkina Faso, malgré son efficacité. « C’est une réalité », déclare Mme KONSEIGUA, sage-femme à l’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF). Plusieurs raisons expliquent cet échec de cette méthode de planification. La principale raison est la méconnaissance du préservatif féminin de la gente féminine en général. « La sensibilisation autour du produit est insuffisante, parce que le tapage qui a été fait sur le condom masculin, si on avait autant mise sur la communication du condom féminin cela pouvait marcher. Nombreuses sont les femmes qui ne connaissent même pas le condom féminin. Quand vous citez les méthodes de contraception et vous dites par exemple condom masculin, condom féminin, elle demande à savoir ce que c’est qu’un condom féminin. Il y a des femmes qui n’ont jamais vu le condom féminin. Il y a eu un moment où j’ai décidé de faire mes propres enquêtes sur les condoms féminin. Sur cinquante (50) participantes par exemple, seulement dix (10)  femmes ont déjà vu le condom féminin. Cela prouve à quel point le produit n’est pas connu », indique Mme KONSEIGUA.

En plus de cela, l’utilisation du produit même demeure un frein pour les femmes. En effet, la manipulation du condom difficile. Certaines difficultés peuvent être liées à son insertion. « Lors des séances d’animation sur l’utilisation des condoms, dès qu’on commence les démonstrations, les femmes commencent à réagir, parce qu’elles le jugent complexe », souligne Mme KONSEIGUA. « L’utilisation du condom féminin est compliquée, parce qu’avant de l’introduire il faut former un huit avec l’un des anneaux. Si tu a des malformations cela ne va pas prendre et cela sera inefficace, ou même l’homme peut l’enfoncer en toi », confie Mme GANSAORE, une femme au foyer.

Aussi, la discrétion demeure un facteur important. « Au départ certaines femmes pensaient pouvoir l’utiliser à l’insu des conjoints, mais cela n’est pas possible », souligne la sage-femme. Également, son coût relativement élevé peut constituer un obstacle à son utilisation. « Comparativement au condom masculin qui coûte 10 francs CFA l’unité au niveau de l’ABBEF, le condom féminin coûte 100 francs. Ce n’est que cette année qu’ils ont revu à la baisse le prix du fémidom qui est de 25 francs CFA, l’unité. Mais, même avec la réduction du prix le produit ne s’achète pas ».pub

« Les avis sont partagés sur la question du plaisir, car pour certaines femmes qui ont eu à l’utiliser pensent que le condom est une barrière et ne permet pas à la femme de ressentir le plaisir, alors que l’homme quant à lui profite pleinement. Pour d’autres, la présence du condom ne gêne en rien le plaisir », ajoute Mme KONSEIGUA.

 « Je n’ai jamais utilisé le condom, donc je ne peux pas me prononcer sur la question, mais je préfère que l’homme porte le condom parce que je ne suis pas intéressée par le condom féminin », conclu Mme GANSAORE.

Edwige SANOU

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