En marge de la célébration de la Journée nationale de la liberté de la presse, le comité de pilotage du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) a décerné, le 21 octobre 2022, le prix Marie Soleil Frère à la journaliste Mariam Ouédraogo des éditions Sidwaya pour son article intitulé « Victimes de viols de terroristes, des grossesses et des bébés lourds à porter ». Une équipe de Radars Info Burkina est allée à la rencontre de la lauréate pour vous la faire découvrir.
Née le 14 février 1981 en Côte d’Ivoire, Mariam Ouédraogo est aujourd’hui journaliste reporter au quotidien d’Etat burkinabè Sidwaya. Fascinée par le journalisme, elle n’a pas fait de grandes études pour parvenir à son rêve de journaliste reporter.
« Je n’ai pas fait de grandes études. Je n’ai pas de gros diplômes ; je n’ai pas de licence, ni de maîtrise encore moins un master ou un doctorat. Je n’ai que le baccalauréat et mon diplôme d’assistante en sciences et techniques de l’information. A l’université, je me suis arrêtée en 2e année de droit », nous a-t-elle confié sans complexe.
Mais il a fallu plusieurs tentatives et de la détermination à la lauréate pour embrasser la profession de journaliste et même s’inviter dans l’investigation sur des sujets sensibles.
« En 2008, j’étais admissible au concours de l’ISTIC. J’étais 5e sur la liste d’attente, j’étais aussi admissible au concours de l’ENEP, mais en toute franchise je n’étais pas particulièrement tentée par l’enseignement. D’ailleurs, j’ai été éliminée à la phase des épreuves sportives car j’étais dispensée. J’ai repassé le concours de l’ISTIC successivement en 2009 et 2010 mais ça n'a pas marché. C’est finalement en 2011 que j’y ai été admise », nous a-t-elle raconté.
C’est ainsi qu’elle fera 2 ans de formation (de 2011 à 2013) dans ledit institut comme assistante en sciences et techniques de l’information et de la communication. A sa sortie de l’école, elle sera affectée au quotidien Sidwaya. Mais avant son admission à l’ISTIC, Mariam Ouédraogo nous confie qu’elle savait déjà rédiger un article de presse, car elle avait effectué un stage de trois ans, précisément de 2008 à 2011, à l’Agence d’information du Burkina (AIB) et à Sidwaya.
« J’ai entamé ma carrière en décembre 2013 comme journaliste reporter. De 2008 à 2011, j’ai fait un stage à l’Agence d’information du Burkina (AIB) et à Sidwaya. Donc, avant l’Institut des sciences techniques de l’information et de la communication (ISTIC), c’est l’AIB qui a été ma toute première école de formation. Quand j’ai déposé ma demande de stage après mon échec en 2008, avant qu’elle ne soit agréée, Moustapha Sylla, qui était à l’époque webmaster et est actuellement au Premier ministère dans l’équipe de communication, ainsi qu’Aimé Kambiré m’apprenaient déjà comment rédiger un article de presse. Je n’avais aucune notion en journalisme. On me donnait un article de journal déjà écrit ou un ancien discours pour que je le réécrive. Donc avant d’être admise à l’ISTIC, je savais déjà écrire », a-t-elle soutenu.
Mariam Ouédraogo s’est intéressée à l’investigation, surtout au journalisme sensible, et elle raconte comment elle en est arrivée là.
« C’est juste un constat. Quand on part couvrir les activités, il y a beaucoup de choses dites qui ne sont pas vraies et qui méritent qu’on fouille davantage. On ne nous dit pas toujours la vérité sur les faits. C’est comme si on faisait de la communication pour les gens alors que je ne venais pas dans le journalisme pour écrire sur les gens, écrire sur des choses fausses. C’est ainsi qu’en 2014, j’étais aller participer à une activité sur la prise en compte du handicap dans les plans de développement communaux et régionaux. Et c’est la première fois que j’entendais parler de carte d’invalidité pour personnes handicapées, délivrée par le ministère de l’Action sociale qui accorde des avantages aux personnes vivant avec un handicap en fonction du type et du degré de handicap. Je me suis dit si cela était vrai, on n’allait pas voir nos personnes handicapées dans la rue qui mendient. Donc, j’ai décidé de fouiller pour voir et sur le terrain je me suis rendu compte que beaucoup de personnes handicapées n’étaient pas au courant de ça », a-t-elle expliqué.
C’est à partir de cet instant que la journaliste va s’investir davantage dans le journalisme sensible et obtiendra une quinzaine de prix avec ses écrits.
Par ailleurs, nous avons approché Abdoulaye Diallo, coordonnateur du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ), pour qu’il nous parle de Mariam Ouédraogo. Selon lui, elle est la preuve de l’engagement, de l’implication.
« Elle est aussi un peu le fruit des formations du CNP-NZ. Elle a pris son travail au sérieux, quand elle participe aux formations, j’ai toujours remarqué, elle s’implique beaucoup, elle titille les formateurs même après les formations. C’est une qui envoie ses écrits après chaque formation à un formateur pour demander son avis ou des sujets pour demander comment elle peut traiter le sujet et vers quelle personne-ressource, elle peut se diriger. Mariam, c’est la preuve que le travail paye, je suis fier d’elle pour tous les prix qu’elle a reçus. Quand on aime le journalisme et qu’on est prêt à tous les sacrifices, on réussit », a-t-il conclu.
Flora Sanou