Dans les lignes qui suivent, Alexandre Sankara, homme politique burkinabè, s’exprime sur le coup d‘Etat perpétré le 30 septembre par une partie des éléments du MPSR contre l’ex-président Damiba. Selon M. Sankara, la tentative de certains militaires restés fidèles au lieutenant-colonel de réinstaller ce dernier dans le fauteuil présidentiel est une entreprise vouée à l’échec. Il en appelle donc à un soutien des nouvelles autorités.
Nous avons assisté, dans la journée du 30 septembre 2022, à un scénario qui a plongé les uns et les autres dans la psychose parce que le peuple burkinabè était angoissé quant à l’issue du bras de fer qui opposait les différentes factions militaires. Mais hier dans la soirée, nous avons tous écouté la déclaration du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) II. En gros, on constate que les jeunes qui avaient fait le coup d’Etat de janvier 2022 ont pris leurs responsabilités et mis dehors le président Damiba, invoquant comme principale raison la déviation de celui-ci de la mission première qui les avait conduits à mettre fin au régime du président Kaboré, à savoir la lutte contre l’insécurité. Nous apprécions de prime abord les bonnes déclarations, les bonnes intentions du capitaine Ibrahim Traoré et de ses camarades, mais nous attendons de les voir au pied du mur. Par prudence, nous préférons éviter de jubiler. Je constate que ces jeunes militaires, dans la déclaration qu’ils ont faites, ont pris un certain nombre de décisions qui, à mon avis, sont très salutaires. Ils ont donné un aperçu de ce qu’ils envisagent de faire : entre autres, de larges concertations avec les forces vives pour une transition inclusive. C’est ce que nous, en tout cas à “Ensemble pour le Faso“ ou au niveau du “Front patriotique“, revendiquions principalement. Nous apprécions donc positivement ces bonnes intentions. Il est vrai qu’aujourd’hui, nous assistons à des poches de résistance de certaines unités ; il semble même qu’il y ait des tirs en ville et que les forces spéciales basées à Kamboinssin et qui sont restées fidèles au président déchu, Paul Henri Damiba, soient en train de monter sur Ouagadougou pour inverser la tendance et réinstaller ce dernier. A mon avis, cela est voué à l’échec, car ça risque de conduire à un bain de sang, vu que ça va entraîner un affrontement entre différentes factions militaires. Les conséquences aussi sur les civils ne sont pas prévisibles, ça va être désastreux et j’appelle ces militaires à la retenue. J’exhorte surtout le peuple et la population burkinabè à soutenir les nouvelles autorités, à sortir massivement dire non au rétablissement du président Damiba. Il faut que le peuple apporte un soutien franc aux nouvelles autorités, à ces jeunes qui nous ont appris que dès le départ, ils avaient prévenu le lieutenant-colonel Damiba qu’il était sur la mauvaise voie. A les écouter, ils ont tenté de régler la question à l’interne. Malheureusement Damiba ne les a pas écoutés, ce qui les a amenés à perpétrer ce 2e coup d’Etat en espérant que cette fois-ci, ils auront le soutien du peuple pour parachever la mission pour laquelle ils ont pris le pouvoir en janvier, à savoir restaurer l’intégrité territoriale du Burkina et non restaurer un quelconque ordre ancien.
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