Trois personnes ont été interpellées le lundi 21 mai 2018 et placées en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur la mort de Jacques NEBIE, âgé de 32 ans, qui travaillait à la mairie de Paris et petit frère de la célèbre judokate franco-burkinabè Sévérine NEBIE, championne d’Afrique et médaillée d’or des jeux africains des moins de 63 kg pour le Burkina en 2011. Les interpellations ont eu lieu « tôt ce matin », a indiqué la procureure de la République de Pau, Cécile GENSAC, sans préciser l'âge des personnes placées en garde à vue. L'un d'eux a été relâché dès le lendemain et mis hors de cause après son audition par les enquêteurs, même si pour l'heure, les circonstances de l'agression ne sont pas clairement établies. Jacques NEBIE est mort vendredi après avoir été roué de coups par une dizaine de personnes. La scène s’est déroulée aux alentours de 19 heures, dans le quartier de Saragosse. Ce drame vient ainsi arracher une fois de plus, une feuille à notre arbre commun, le Burkina Faso.
Jacques NEBIE, Franco-burkinabè, âgé de 32 ans, travaillait à la mairie de Paris a été mortellement agressé vendredi dernier par un groupe d'adolescents dans le quartier populaire Saragosse à Pau. L'agression s'était produite en pleine rue aux alentours de 19h dans un parc où des familles s'étaient rassemblées pour pique-niquer. Allison Lopez, 25 ans, jeune mère de famille a rapporté au journal Sud Ouest la scène dont elle a été témoin. « Ils étaient douze (12) sur lui. Puis, il est tombé au sol, quatre d’entre eux ont continué à le frapper et il y en a un qui l’a « fin », avec une sorte de barre de plexiglas », a-t-elle expliqué. Une habitante du quartier, témoin de l'agression a indiqué à France 2 que « ce sont des ados, ils jouent au foot, ils ont 16-17 ans maximum ». « J'ai vu les jeunes courir après lui. Il y en a qui le tabassaient, il y en a qui ont pris un gros morceau de bois, pour le frapper au cou. Les agresseurs se servent également d'une chaise comme d'une arme et les coups pleuvent, y compris une fois l'homme à terre », a raconté une autre mère de famille, elle aussi témoin de la scène.
Selon le quotidien, les faits se sont déroulés « au pied du mur de la caserne des pompiers de Pau », dans le quartier de Saragosse. Comme elle, plusieurs témoins, qui avaient alerté les secours, ont été entendus par la police, a précisé la procureure de la République de Pau, Cécile GENSAC. Les secours arrivés sur place rapidement n'ont pas pu réanimer la victime.
Le défunt est le petit frère de la célèbre judokate franco-burkinabè Sévérine NEBIE, championne d’Afrique et médaillée d’or des jeux africains des moins de 63 kg pour le Burkina en 2011 et aussi championne du monde et médaillée d’or des jeux mondiaux en Ju-Jitsu des moins de 62 kg pour la France respectivement en 2016 et en 2017. Cadet d’une famille de six enfants, Jacques NEBIE vivait en France depuis son enfance avec sa famille.
Deux jours après ce drame, les policiers ont procédé « tôt » lundi matin à l'arrestation de trois personnes vivant dans le quartier, a indiqué la procureure de la République. Il s'agit de trois mineurs, dont deux « d'origine tchétchène », selon des sources proches de l'enquête. Aussi, selon les informations d'Europe 1, l'un d'entre eux, âgé de 17 ans, était connu de la justice.
L'un d'eux a été aussi relâché dès le lendemain et mis hors de cause après son audition par les enquêteurs. Mais pour l'heure, les circonstances de l'agression ne sont pas clairement établies. Néanmoins selon nos informations, il semblerait que les suspects connaissaient la victime pour une histoire de dette. Aujourd’hui, les priorités des enquêteurs de la police judiciaire de Pau c’est identifier notamment les assaillants et comprendre leur déchaînement de violence.
Selon Cécile GENSAC, « la victime n'était pas inconnue des services de police en région parisienne », mais « n'avait pas fait parler d'elle depuis début 2018 », époque de son arrivée à Pau. Selon le quotidien Sud Ouest, l'homme avait déjà été condamné pour « vol aggravé » et « trafic de stupéfiants » entre 2010 et 2015. Toutefois, « aucun lien n'est en l'état établi entre son passé et les faits survenus vendredi soir à Pau », a précisé la procureure. Une enquête de flagrance a tout de même été ouverte. L'autopsie du corps de la victime aura lieu à l'institut médico-légal de Toulouse.
Selon le père de la victime, interrogé par France3 Aquitaine, le trentenaire était arrivé il y a deux mois à Pau où il travaillait dans un cinéma. Placé sous contrôle judiciaire, il était sorti « faire du sport » au moment des faits.
Invité de RTL le lundi 21 mai dernier, le maire de Pau, François BAYROU a livré des éléments concernant le profil des agresseurs. « Ce que l'on sait, c'est que ce sont des adolescents, d'après ce que les témoins ont dit. Ils formaient probablement une bande, un gang qui depuis des semaines et des semaines étaient présents dans le quartier. On les soupçonnait de se livrer à divers trafics avec comme mot d'ordre la violence », a-t-il expliqué.
La procureure de la République, Cécile GENSAC doit donner une nouvelle conférence de presse le mercredi 23 mai 2018, à l'issue des gardes à vue des deux derniers suspects.
Des habitants de Pau se recueillent là où Jacques NEBIE a été battu à mort le 18 mai 2018.
Le Mouvement Burkinabè des Droits de l'Homme et des Peuples MBDHP- Section de France (MBDHP-SF) a dans un communiqué condamné ce crime et appelé à ce que la lumière soit le plus tôt possible faite sur cette affaire. « Le Mouvement Burkinabè des Droits de l'Homme et des Peuples MBDHP- Section de France (MBDHP-SF) exprime son indignation profonde et condamne ce crime odieux et exhorte à une enquête diligente pour établir dans les meilleurs délais les circonstances de ce drame, situer les responsabilités et traduire en justice les coupables pour qu'ils répondent de leurs actes devant la loi », peut-on lire dans le dit communiqué.
Du côté des autorités burkinabè, c’est seulement le lundi 21 mai à 6h53 que le ministre burkinabè en charge des affaires étrangères, Alpha BARRY a sur sa page Twitter, déploré ce drame. « C’est avec beaucoup de consternation que nous apprenons la mort d’un Burkinabè, Jacques NEBIE, à Pau en France, battu à mort. Nous appelons les autorités françaises à la lumière et à la justice dans cette affaire », a-t-il écrit. Ce manque de promptitude de la part de la diplomatie burkinabè peut être critiqué, car c’est tout de même un fils du pays qui a été lâchement abattu et on comprend difficilement que les autorités burkinabè mettent environ deux jours pour communiquer et surtout réagir par rapport à ce drame. Une fois n’est pas coutume, mais la diplomatie burkinabè a manqué cette fois de tact. Pourtant, 2020 est déjà à nos portes avec l’épineuse question du vote des Burkinabè de la diaspora. C’est en ces moments précis de douleur que l’on doit le plus voir que les Burkinabè qui sont à l’extérieur comptent au même titre que ceux vivant sur le sol burkinabè. Quoi qu’il en soit, mieux vaut tard que jamais…