Au Burkina Faso, plusieurs régions sont confrontées à une insécurité grandissante rendant difficile la vie ou l’accès à ces zones. Le nombre de déplacés internes du fait de cette insécurité va croissant. Après le Centre-Nord, qui totalise 657 041 Personnes déplacées internes, c’est le Sahel qui vient en deuxième position avec 574 096 PDI. Certains agents de la fonction publique sont obligés de travailler dans ce climat délétère. C’est le cas des agents de santé de Djibo. Le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale ( SYNTSHA) ne cesse de décrier l’injustice que ces derniers subiraient de leur ministère de tutelle.
Les agents de santé en service dans les zones à fort défi sécuritaire comme Djibo, en plus du climat d’insécurité qui est leur lot quotidien, subissent une pression administrative et des coupures de salaire. Selon le Dr Bernard Sanon, secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA), 21 agents de santé de Djibo qui ont déserté leurs postes en raison de l’insécurité ont vu leur salaire suspendu.
L’insuffisance de suivi, d’accompagnement et de prise en charge des agents dans les zones à fort défi sécuritaire est aussi décriée par le SYNTSHA. « Le médecin chef de Djibo a fait diffuser un communiqué administratif mettant en demeure les agents de santé publics de cette ville qui sont partis à cause des attaques terroristes de regagner leurs postes. C’est une procédure de licenciement qui est organisée contre ces agents », dénonce le Dr Sanon. Il ajoute qu’à Gayéri, des agents ont failli être exécutés par des terroristes et après, ils ont été réaffectés dans d’autres zones où l’insécurité est plus grande.
Le Syndicat, qui se fait vraisemblablement du souci pour ses membres, estime que le ministère de la Santé devrait prendre l’exemple des autres départements qui prennent des dispositions pour protéger leurs travailleurs. « Tous les autres ministères tiennent compte du contexte sécuritaire. Certains conseillent à leurs agents qui sont confrontés à des difficultés liées à l’insécurité de se rendre dans leur direction concernée pour prendre une fiche spéciale. Mais au ministère de la Santé, les agents doivent se rendre obligatoirement à Djibo pour déposer une simple demande. Il y a des demandes héliportées qui ont été rejetées. Ils exigent que les agents viennent eux-mêmes alors qu’ils n’ignorent pas les risques auxquels ces derniers s’exposent en le faisant », a déclaré le secrétaire général du SYNTSHA.
Vu la crise sécuritaire à laquelle le pays est en proie, le Syndicat exige donc une gestion adéquate des agents qui sont dans les zones à fort défi sécuritaire, ainsi que l’arrêt de la répression administrative de ces derniers et de la suspension de leurs salaires.
Marthe Vébama