Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), en collaboration avec les ONG Diakonia, NDI et PAX, a organisé un dialogue démocratique ce mardi 24 mai 2022 à Ouagadougou. L'objectif de cet échange, c’est de faire une évaluation des 100 premiers jours du président de la Transition, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, sur les plans politique, sécuritaire et économique. On retiendra de ces différents panélistes que le Burkina Faso connaît un recul dans ces domaines.
Selon Élie Kaboré, journaliste à L'Economiste du Faso, les recettes de l'État ont été bien recouvrées à la date du 31 mars 2022. Mais cette performance est sapée par la poursuite des attaques terroristes, l'augmentation du nombre de déplacés internes et des besoins pour la prise en charge de la crise humanitaire, le renchérissement des différents produits, le désengagement des partenaires suite au coup d'Etat, mais également la méfiance de certains investisseurs après le coup d'Etat et, surtout, la crise du secteur minier. Si après son installation la Transition s'est dotée d'une feuille de route et d’un plan d'action basé sur les valeurs prônées, force est de reconnaître que ce n'est pas le cas dans la pratique, selon ce panéliste.
Le coup d'Etat est venu mettre un coup d'arrêt à un certain nombre de choses, et la Transition était obligée de redéfinir les priorités pour pouvoir continuer. Il y a eu l'élaboration de certaines valeurs qui devaient conduire la Transition, mais dans la pratique on s'est rendu compte qu'il y avait un écart entre ce qui est prévu dans l'agenda, dans le plan de travail, les valeurs et ce qui se mène sur le terrain. Nous avons relevé deux points essentiellement. Il avait été dit de recruter des DG par appel à candidatures, ça n'a jamais été fait ; les DG qui sont nommés on ne sait pas sur quel critère cela est fait. Il avait été aussi dit qu’en termes d'exemplarité, les dirigeants devaient donner l'exemple afin de pouvoir fédérer les énergies pour que les uns et les autres puissent participer à l'effort de guerre. Et avec ces débats sur les questions de remunération des membres des organes de la Transition, cela remet en cause ces principes", a déclaré Élie Kaboré.
Pour ce journaliste spécialiste de l'économie, il est grand temps pour la Transition de repartir sur l'activation psychique de ce qu’elle-même a défini comme priorités. Car les attentes étaient plus nombreuses que ce qui a été mis en oeuvre sur le terrain. "On peut considérer qu'à partir de la Transition, on a eu un recul sur le plan économique", a déclaré le panéliste.
Augustin Loada, ministre de la Fonction publique pendant la Transition de 2014, et le capitaine de police à la retraite Alissi Ouédraogo étaient les deux autres panélistes du jour. Selon ceux-ci également, notre pays connaît un recul, tant sur le plan politique que sur celui de la sécurité.
Selon Thomas Ouédraogo, directeur exécutif du CGD, le but de ce panel, c'est d'engager un dialogue démocratique sur les acquis et les insuffisances de la gouvernance du nouveau régime depuis les 100 premiers jours afin de tirer des leçons qui pourraient servir aux gouvernants.
Barthélémy Paul Tindano