Lors de sa présentation de la feuille de route de la Transition le 4 avril 2022 à l'Assemblée législative de Transition (ALT), le Premier ministre, Albert Ouédraogo, avait annoncé la suspension des recrutements sur mesures nouvelles. Une décision que le ministre de la Fonction publique, Bossolma Bazié, n'a pas tardé à appliquer. Radars Info Burkina a interrogé quelques étudiants de l'université Joseph Ki-Zerbo sur cette mesure qui les concerne. Dans l'ensemble, ceux-ci saluent cette décision gouvernementale tout en demandant aux autorités de revoir à la hausse le nombre de postes à pourvoir dans les concours directs.
Selon la note du ministre Bassolma Bazié adressée aux autres ministres et présidents d'institutions, cette suspension a pour objectif d'améliorer la gouvernance de l'État, particulièrement la gestion des ressources humaines. “Cette modalité de planification et de recrutement favorise la rupture du principe d'égalité des citoyens devant la loi. Ainsi, le recrutement sur mesures nouvelles ordinaires a été totalement dévoyé par l'absence de concours au sens strict et le recrutement sur mesures nouvelles spéciales sur la base des diplômes des écoles professionnelles n'est accessible qu'à une certaine catégorie sociale", a écrit le ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale.
De l’avis des étudiants que nous avons interrogés, cette décision est la bienvenue, car elle va permettre de corriger l'injustice dans la recherche de l'emploi dans la fonction publique.
"Les concours sur nouvelles mesures, c'est vrai, permettent à certains d’avoir des emplois, mais nous constatons que bon nombre d'étudiants qui prennent part à ces concours ne sont pas admis.(...) Nous constatons également qu'il y a des gens qui agissent dans l'ombre pour intégrer des proches qui n'auraient pas dû être là-bas", déclare Julien Demé. À l'en croire, certaines personnes qui réussissent à ces concours sur mesures sont au-delà de la limite d’âge. "Si les autorités actuelles ont suspendu ce type de recrutement, cela veut dire qu'elles ont quelque chose de meilleur à nous proposer. Et nous attendons la suite pour vérifier si c’est le cas ou pas", a dit pour sa part Talato Issia Boa.
"Si je prends un domaine particulier comme l'enseignement, nous savons tous que le développement d'un pays repose sur la qualité de l'éducation qu'on donne aux enfants. Maintenant si on doit prendre quelqu'un qui va aller faire deux mois de formation, je ne sais pas quelle sera la qualité de l'éducation que cet enseignant va donner à un élève pour que demain on puisse compter sur cet individu. Donc je me dis qu'il serait mieux qu'on recrute les gens normalement et qu'on les forme normalement pour qu'ils aient les compétences nécessaires pour dispenser les cours avec qualité", estime quant à lui Lami Tié Dah.
Pour la majorité de nos interlocuteurs dans ce temple du savoir, il ne suffit pas de supprimer cette forme de recrutement ; il faut aussi et surtout revoir à la hausse le nombre de concours lancés chaque année ainsi que le nombre de postes à pourvoir si les autorités veulent véritablement réduire le chômage des jeunes.
Barthélémy Paul Tindano