La sentence du juge Urbain Méda dans le procès dit « Thomas Sankara et 12 autres » est tombée ce mercredi 6 avril 2022 au tribunal militaire de Ouagadougou, délocalisé à la salle des banquets de Ouaga 2000. Les principaux accusés, à savoir Blaise Compaoré dit Jubal, Hyacinthe Kafando et le général Gilbert Diendéré, ont tous été condamnés à la prison à vie, tandis que les médecins militaires Hamado Kafando et Alidou Jean Christophe Diébré ainsi que l’accusé Bossobè Traoré ont été acquittés.
Débuté le 11 octobre 2021, l’historique procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et 12 autres le 15 octobre 1987 au Conseil de l’entente à Ouagadougou a connu son épilogue ce mercredi 6 avril 2022. Si le parquet militaire avait requis 30 ans de prison ferme contre Blaise Compaoré et Hyacinte Kafando et 20 ans contre Gilbert Diendéré, le tribunal, lui, a décidé de condamner ces trois derniers à la prison à perpétuité. En revanche, il a acquitté l’accusé Bossobè Traoré, contre qui le parquet avait requis 20 ans, ainsi que les deux médecins militaires Hamado Kafando et Alidou Jean Christophe Diébré, auteurs du certificat de décès portant la mention « mort naturelle » et poursuivis pour faux en écriture publique. Les accusés Nabonsseouindé Ouédraogo et Idrissa Sawadogo, quant à eux, écopent chacun de 20 ans de prison ferme. 10 de prison ferme, c’est la peine « servie » à Tibo Ouédraogo ainsi qu’à l’officier de gendarmerie à la retraite Jean Pierre Palm. Yamba Elisé Ilboudo, celui-là même dont les précisions ont permis au cours de ce jugement emblématique de mieux comprendre le déroulement du drame du 15 octobre, prend 11 ans de prison ferme. Albert Belemliliga et Diakalia Démé écopent chacun de 5 ans de prison avec sursis. S’agissant de Ninda Tondé dit Pascal, c’est 3 ans de prison ferme qu’il prend.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le verdict de ce procès était très attendu par les familles des victimes, qui estiment que ce jugement servira de leçon aux Burkinabè. « Nous avons attendu 35 ans. On a tous ensemble entendu aujourd’hui le verdict du juge. C’est quelque chose qu’on a demandé. On a demandé la justice, on a demandé la vérité. Nous pouvons dire que nous avons pris connaissance de beaucoup de choses, des choses qui avaient été dites et que ce procès a permis de confirmer », a déclaré Mariam Sankara, veuve de l’ancien président Thomas Sankara. Elle estime par ailleurs que ce procès donnera des leçons sur les violences politiques au Burkina. Malgré sa condamnation à la prison à vie, le général Diendéré est resté égal à lui-même. Il a même été acclamé par certains de ses partisans venus le soutenir.
Suspendue, l’audience reprendra le mercredi 13 avril avec les réclamations des différentes parties et des échanges d’écritures.
Barthélémy Paul Tindano