Depuis quelques mois, le milieu estudiantin burkinabè est caractérisé par des mouvements d’humeur qui n’en finissent pas. En effet, les étudiants des universités publiques manifestent pour l'amélioration de leurs conditions de vie, notamment pour l'obtention de l’allocation couramment appelée “aide FONER” dont certains d’entre eux ont été privés cette année. Après une grève les 9 et 10 mars, les occupants du temple du savoir, à l'appel de l'Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB), prévoient encore de débrayer pendant 48 heures et ce, à compter du 16 mars. Leur plateforme revendicative reste inchangée : la prise en compte des dossiers du Fonds national pour l'éducation et la recherche (FONER) rejetés, l'ouverture d'une session spéciale de dépôt du FONER et l'annulation des décisions relatives à la réforme du FONER.
Le 9 mars 2022, pendant que le professeur Frédéric Ouattara prenait fonction en tant que ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, cérémonie à laquelle assistait Marie Thérèse Somé, directrice du FONER, des étudiants étaient en sit-in devant le bureau de cette dernière. Un mouvement d’humeur visant à dénoncer les mesures prises par les autorités universitaires qui, selon eux, ont pour but de supprimer l’allocation communément appelée “aide FONER”. La patronne des lieux étant absente, les mécontents n'ont pas trouvé d’interlocuteur. Pour Safieta Kaboré, présidente de l'ANEB Ouaga, c’est du mépris car la direction aurait pu trouver un représentant pour entendre les étudiants.
Cependant les étudiants ne comptent pas s'arrêter là. Une grève de 48h est encore prévue pour les 16 et 17 de ce mois. Pour les plaignants, il n'y a pas d'autre solution que de répondre favorablement à leur plateforme revendicative. Ces derniers exigent "premièrement la prise en compte de tous les dossiers qui ont été rejetés pour des motifs injustes. Deuxièmement, le lancement sans délai de la session spéciale du FONER. Troisièmement, l'annulation des décisions de l'atelier de relecture des textes du FONER tenu en octobre 2021 à Koudougou". En effet lors de cet atelier à Koudougou, il a été décidé que désormais la moyenne pour avoir le FONER passait de 5 à 8, l'âge de 26 à 23 ans et le taux de remboursement de 3 à 7%.
Si la Fédération estudiantine et scolaire pour l'intégrité au Burkina Faso (FESCIBF) revendique également la prise en compte des dossiers rejetés et l'ouverture immédiate d'une session spéciale pour permettre aux étudiants de postuler, elle exige également la validation des 1 962 dossiers que le FONER a mis en attente, ainsi que le versement des 25 000 F que le FONER doit aux étudiants jusqu'à présent et qui correspondent au dernier virement. En plus de cela, la FESIBF demande que l'aide FONER passe de 175 000 à 300 000 F au regard de la cherté de la vie.Pour l'ANEB comme pour la FESCIBF, le manque de ressources invoqué par les autorités est un argument fallacieux et un manque de volonté. De l'avis de Safieta Kaboré, la volonté des autorités universitaires est d'amener les étudiants à s’endetter en contractant le prêt.
Bien que ayant des méthodes différentes dans leurs revendications, ces structures syndicales estudiantines estiment qu'il leur faut travailler collaborer sur la question des 5 563 dossiers rejetés. "Au niveau de l'ANEB, c'est l’une des recommandations de notre structure mère qui est de travailler à aller en unité d'action avec toutes les composantes, justement pour défendre les intérêts des étudiants. A l'ANEB, nous ne sommes pas contre une coalition pour mener la lutte", soutient la présidente de l'ANEB Ouaga. A en croire le secrétaire général national de la FESCIBF, Dapouguidi Augustin Pallo, leur structure va accompagner l'ANEB à sa manière pour la grève des 16 et 17 mars.
"La FESCIBF a toujours pris part aux manifestations qui rassemblent les étudiants et qui défendent des causes nobles. Comme c'est une manifestation de l'ANEB, ce sont eux qui seront sur le terrain, mais nous les accompagnerons comme nous pourrons pour l'aboutissement de ces revendications. Nous sommes unis", a déclaré Dapouguidi Augustin Pallo.
Selon les responsables de ces différentes structures, si leurs plateformes revendicatives ne sont pas satisfaites, des actions plus fortes seront entreprises dans les prochains jours.
Barthélémy Paul Tindano