Des étudiants ont manifesté ce lundi 21 février 2022 à Ouagadougou contre le rejet de leurs dossiers par le Fonds national pour l’éducation et la recherche (FONER). Selon les mécontents, plus de 5 000 dossiers ont été rejetés. La raison invoquée par l’administration pour justifier ce rejet est le manque de fonds. Regroupés au siège du FONER, à Paspanga, les étudiants n'ont pas trouvé d’interlocuteur sur les lieux. Ils se sont alors rendus à la direction générale du FONER ; là non plus, il n’ont guère eu satisfaction. Selon la première responsable de cette structure, il n’y a pas d’argent disponible pour que tous les demandeurs du FONER puissent en bénéficier.
5 563, c’est le nombre de dossiers de postulants au FONER rejetés par la direction dudit Fonds, un nombre trop élevé, de l’avis des étudiants, qui ont décidé de se faire entendre en organisant une manifestation devant le siège de la structure à Paspanga. Pour les manifestants, il n’est pas question d’accepter ce rejet. « Si nous sommes ici ce matin, c’est par rapport au rejet des dossiers de nos camarades. Les dossiers ont été rejetés pour des motifs que nous jugeons farfelus. Puisqu’il y a eu une première session là où les dossiers de certains ont été rejetés. Ils ont postulé à la deuxième session, les dossiers ont été encore rejetés. A la troisième session, ç’a été rejeté. Actuellement nous sommes à la quatrième session les dossiers ont été encore rejetés », déplore Aziz Badini, étudiant en SVT.
Selon lui, les autorités universitaires font tout pour supprimer le FONER, si l’on en juge par les réformes engagées par l’administration. « Lorsque vous regardez les nouvelles réformes qui ont été entreprises par le FONER, on dit que pour bénéficier du FONER lorsque tu viens d’arriver à l’université, l’âge passe de 26 ans à 23 ans. Cela veut dire si tu as plus de 23 ans, automatiquement tu tombes dans le prêt. Et pour le prêt on passe de 3% à 7% pour le remboursement », a-t-il poursuivi.
Selon les manifestants, les étudiants ont du mal à joindre les deux bouts. C’est pourquoi, d’après eux, les autorités doivent revoir leur copie afin que tous ceux qui ont postulé pour le FONER puissent en bénéficier. « Il y a certains de nos camarades dont les parents sont des déplacés internes et ils n’ont pas de soutien (…). A l’allure où vont les choses-là, il y a plein d’étudiants qui vont abandonner l’université. On dirait que les responsables sont contre l’avancement des étudiants. Il y a 7 463 dossiers qui été déposés, 1 900 ont été acceptés et 5 563 ont été rejetés, soit 74,5% des dossiers déposés, alors que nous savons que tous les étudiants comptent sur le FONER », déclare Kaba Baco, un manifestant. Pour les étudiants, les autorités devraient prévoir le budget dédié au FONER en tenant compte de l’augmentation du nombre d’étudiants par année.
Cependant, selon la directrice générale du FONER, Dr Marie-Thérèse Arcens/Somé, le problème est bien plus complexe qu’il n’y paraît. « En 2020, le nombre d’étudiants est passé de 50 000 à 110 000. Or, le montant de la subvention n’a pas bougé. On reçoit toujours 7 milliards de F CFA. Les 7 milliards nous permettent de payer les allocations de 40 000 étudiants. En 2021, on a reçu 110 000 demandes d’étudiants postulant au FONER. Sur les 7 milliards, on a fait la première session et la deuxième ; à la troisième session on a eu des difficultés. On attendait de notre ministère de tutelle, qui est le ministère de l’Economie, des Finances et du Développement, qu’il nous octroie de l’argent. Il nous a octroyé 5 milliards de F CFA que le FONER doit rembourser. Pour la quatrième session, en octobre, au moment où on devait ouvrir la liste, ils nous ont dit d’attendre, qu’il n’y a pas de financement. En octobre, nous n’avons pas ouvert de liste, tout comme en novembre et en décembre. En janvier, on a reçu l’autorisation d’ouvrir une liste à hauteur de 4 milliards de F CFA alors qu’on avait besoin de 6 milliards», a-t-elle expliqué. Malgré ces précisions de la DG du FONER, les étudiants ne décolèrent pas. Ils ont regagné le campus en déclarant qu’ils se feraient de nouveau entendre s’ils n’obtenaient pas satisfaction.
Barthélémy Paul Tindano