En marge de la journée mondiale de la liberté de presse célébrée chaque 03 mai, un rapport sur l’état de la liberté de la presse au Burkina Faso en 2017 a été présenté ce vendredi 04 Mai 2018 au Centre Nationale de presse Norbert Zongo / CNP-NZ. Pour la réalisation de ce rapport, un panel des experts nationaux a été mis en place par le comité de pilotage du centre national de presse Norbert Zongo (CPN-NZ) en partenariat avec la Deutsch Welle Akademie.
Pour l’année 2017, le Burkina Faso a obtenu la moyenne de 2,64 sur 4 points à l’indice de viabilité des médias au Burkina Faso, ce qui équivaut à l’état de la liberté de la presse dans le pays. Cette moyenne traduit, selon la méthodologie qui a servi à l’établir, une « situation assez viable » pour l’exercice de la liberté d’expression et de la presse au cours de la période de l’année 2017.
Selon les critères visés, une moyenne comprise entre 0 et 1 point équivaut à une « situation pas viable », ce qui correspond à un carton rouge. Entre 1 et 2, on est dans une « situation peu viable », ce qui correspond à la couleur jaune. Entre 2 et 3, c’est une « situation assez viable », correspond de facto à la couleur orange. Et enfin, entre 3 et 4, on est dans une « situation très viable », correspond de ce fait à la couleur verte.
Il faut noter qu’en passant de la moyenne de 2,37 en 2016 à 2,64 en 2017, l’état de la liberté de la presse connait un léger mieux au Burkina Faso. Cette amélioration a été confirmée par le rapport de 2017 de Reporters Sans Frontières (RSF) qui a classé le Burkina 41e sur 180 pays en 2017 dans le monde contre 42e en 2016.
L’appréciation des experts nationaux au nombre de vingt (20) membres dont cinq (5) femmes, composés de journalistes, de patrons de presse, de publicitaires, de chercheurs et de défenseurs des droits de l’homme, s’est fondée sur six objectifs principaux. Il s’agit de l’existence de la liberté d’expression, et de parole, de la pratique d’un journalisme professionnel, de la diversité des medias et de la pluralité de l’information, de la gestion des entreprises de presse et du dynamisme des institutions et organisations professionnelles des journalistes et de medias.
Tout de même, en vue d’amener les institutions et les organisations en charge de la protection et de la préservation de la liberté de la presse à poursuivre leurs efforts pour la réalisation d’une « situation très viable » des medias, le rapport 2017 a fait des recommandations aux autorités politiques et administratives. Les principales recommandations sont entre autres, la question de la loi d’accès à l’information publique et aux documents administratives qui n’est toujours pas mise en œuvre, la question de la relecture des lois de la presse sur la diffamation, les questions de la transparence dans la gestion des entreprises de presse, il y a également un problème de publication des audiences de medias. Une recommandation relative à la sortie définitive du Conseil supérieur de la Communication (CSC) de la zone de turbulence que cette institution connait depuis quelques années a été aussi faite.
Pour ce qui concerne les organisations des medias, la question de l’éducation des medias au traitement de l’information relative au terrorisme et à l’extrémisme violent a été aussi soulevée dans ce rapport. De ce fait, le rapport est suivi d’une étude spécifique intitulée, « Radiodiffusions et extrémisme violent : autopsie d’un journalisme assiégé ». une enquête qualitative menée en mars et en avril a Djibo, Gorom-gorom, Titao, Ouahigoya, Dori, Nouna, Dédougou, Fada n’gourma, Bobo-Dioulasso, et Ouagadougou, révèle que l’extrémisme violent et le terrorisme ont une influence directe sur le fonctionnement des radiodiffusions, ainsi que sur le travail journalistique, surtout dans les localités ou ils tendent à s’enraciner. Des sources d’information ainsi que des animateurs de radio ont été assassinés, obligeant certains professionnels des medias à la démission ou à la reconversion. La menace de mort y est permanente, la psychose et la peur aussi.
En plus, pour les conférenciers du jour, l’extrémisme violent constitue une attente grave à la jouissance de la liberté d’expression et de la presse. Dans la région du sahel particulièrement, cette liberté est clouée au pilori. En effet, des sujets tels que l’éducation, l’extrémisme violent, le mariage précoce, la planification familiale et l’autonomisation des femmes ne sont plus traités dans les radios communautaires. Les terroristes imposent une omerta aux radios sur ces thématiques qu’ils considèrent comme étant contraires aux idéologies extrémistes.
L’extrémisme violent affecte enfin l’économie des medias. Il induit des pertes économiques considérables. La culture professionnelle dominante dans certaines radios est celle d’un journalisme assiégé.
Quant au Centre de National de Presse Norbert Zongo, les conférenciers préconisent de davantage expliquer la méthodologie IREX aux journalistes et que certains éléments qui s’avèrent compliqués soient suffisamment organisés pour les prochaines notations.
Aussi, ce rapport 2017 note que le processus d’observation de la place et du rôle de la femme, doit continuer afin que les femmes ne demeurent pas cette « majorité minoritaire » qui est connue. Enfin, il faut une sensibilisation des magistrats pour que la question de la diffamation ne soit pas une occasion pour les magistrats de taper sur les medias, mais de jouer plutôt leurs rôles autrement.
Edwige SANOU