Le lounge Heaven VIP dans la capitale burkinabè Ouagadougou aurait, dans la nuit du samedi 24 au dimanche 25 juillet, subi la furie d'un haut gradé de la police. Dans cette interview, le propriétaire de l'établissement, Koffi Paul (K.P.) se prête à nos questions.
Radars Info : Veuillez décliner votre identité.
KP: Je suis Koffi Paul, ex-manager du Zébier bar, propriétaire du lounge Heaven VIP.
Radars Info : Que pouvez-vous nous dire sur l'incident survenu dans la nuit du 24 au 25 dans votre bar ?
KP: Je suis un peu surpris par l'acte, parce que avant l'ouverture du lounge, j'ai pris le soin de convier tous les voisins. Je suis allé en personne remettre des cartes d'invitation à tous les voisins. L'ouverture a eu lieu le 15 juillet dernier. Certains voisins n'ont pas répondu à mon invitation, comme ce monsieur qui a commis les dégâts. A la remise de la carte d'invitation il n'était pas là, j'ai donc laissé la carte à sa femme. C'est vers 3h du matin (dans la nuit de samedi à dimanche) que j’ai vu quelqu'un débarquer en arme et commencer à marteler la vitre du bar. Il est ensuite entré dans le lounge et a commencé à le saccager, à casser les appareils, etc. C’était la panique chez les clients et certains ont même fui sans avoir réglé leur facture.
Radars Info : Pensez-vous que c'était prémédité ?
KP: Moi, je ne vois pas ça comme un incident, parce qu'il est venu sans demander à voir le propriétaire des lieux, les responsables, ni les gérants et le manager donc je pense que ça a été fait sciemment. Débarquer chez les gens, arme en main, on ne sait pas qui tu es, facilement on aurait cru que c'était un djihadiste vu l'insécurité grandissante au pays. C'est après avoir bien regardé que j'ai constaté que c'était le commissaire. Donc j'ai dit aux gens de le laisser faire. Les preuves sont là en images. Les mots me manquent. J'ai mis un lourd investissement dans ce bar, le matériel qu'il a saccagé est très coûteux. Et là je me demande comment faire pour remettre tout en ordre pour rouvrir.
Radars Info : Vous accusez un commissaire, les faits sont extrêmement graves, quels liens entretenez-vous avec ce dernier ?
KP: Je n'accuse pas un commissaire dans le vide. C'est parce qu'il est venu avec son arme dans mon établissement. Quand je suis arrivé dans le quartier, on m'a dit qu'il y a un commissaire de police qui habite le quartier et tout. Le lounge est à 25m de sa maison, et depuis l'ouverture aucun voisin n'est venu se plaindre du son. Donc je ne sais vraiment pas pourquoi il a débarqué et s'en est pris à mon bar. Je l'accuse parce qu'il est venu dans mon établissement sans passer par la voie normale. En tant qu’homme de tenue, il aurait pu passer par les juridictions pour régler le différend s'il y en avait.
Radars Info : Pourquoi s'est-il en pris à vous et à vos clients ? Aviez-vous des soucis particuliers avec lui ?
KP: Non, il ne s’en est pas en pris directement à moi. Il a d'abord attaqué mon personnel et les clients. Parce qu'il est allé dans chaque salon avec son arme pour faire sortir les gens de force. Les gens couraient de partout, du coup les verres et bouteilles sur les tables se cassaient.
Des bouteilles de liqueurs qui n'étaient pas ouvertes se sont cassées, puisque quand tu es occupé à fuir, la stabilité des tables est la dernière de tes préoccupations. Seuls quelques-uns sont restés sereins. Je n'arrive pas à comprendre le nœud du problème. Et même si c'est un problème de bruit, tu viens m'interpeller d'abord et on le règle à l'amiable ou simplement passer par la justice pour que je vienne répondre.
Radars Info : À combien peut-on évaluer les dégâts ?
KP: Pour les dégâts, on attend qu’un huissier de justice vienne faire les constatations d'usage. Mes deux écrans télé sont cassés. Un écran coûte 2 millions 200 mille FCFA. Il y a des factures impayées de plus de 200 000 FCFA. Plus les verres, les bouteilles de champagne et le comptoir qu'il a aussi cassé.
Radars Info : Avez-vous porté plainte ?
KP: Aujourd'hui c'est dimanche ça ne travaille pas, mais je vais porter plainte dès lundi matin directement à la justice parce qu'ils sont mieux placés pour juger cette affaire.
Radars Info : Qu'elles sont vos attentes après ce saccage ?
KP: C'est bien sûr s’être dédommagé. Qu'il rembourse tout ce qu'il a fait comme casse.
Il a dit qu'il a les moyens de me rembourser tout. C'est sorti de sa bouche pendant qu'il commettait son forfait.
Radars Info : Merci.
KP: C'est moi qui vous remercie.
Sié Mathias Kam (stagiaire)