Le métier d’humoriste attire plus d’un. C’est sans complaisance que certains jeunes ont fait de cette activité un métier d’avenir et porteur. Le rire est thérapeutique, dit-on. Il a su trouver une thérapie lors de son incarcération à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Ben Ali Ouédraogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, jouit de sa liberté. Radars Info est allé à sa rencontre.
Entre les 4 murs de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), celui que l’on surnommait ‘’l’honorable Bauer’’ a su mettre à profit son talent d’acteur. Ben Ali Ouédraogo a durant 8 ans dormi dans les couloirs de la prison. « C’est en 2012 que tout bascule dans ma vie. Une histoire de vol de vélomoteur. Avec des copains de retour d’un show piscine, on a décidé de façon unanime de repartir avec le vélomoteur de quelqu’un qu’on ne connaissait pas », nous dit-il. Suite à des recherches, la police met la main sur le groupe et ses membres doivent être déférés à la MACO. Ben Ali Ouédraogo a su se faire un nom en taule et ce, grâce à l’humour. « Je n’avais pas confiance en moi et c’est derrière les barreaux que j’ai compris que j’ai quelque chose à prouver dans ce domaine ; que j’avais de quoi faire valoir », précise M. Ouédraogo. A la faveur des différentes activités culturelles organisées pour aider les détenus, Ben Ali Ouédraogo se fraye un chemin pour sortir de prison, car plutôt que de purger totalement sa peine, il est en semi-liberté. « La semi-liberté est une faveur qu’on accorde à la MACO pour récompenser la bonne conduite de certains détenus », souffle-t-il.
« Mon séjour en prison n’a pas été facile, car c’est un endroit qui a ses exigences et règlement intérieur. Si tu ne les respectes pas, tu as des ennuis », confie l’ex-détenu à la MACO. Et d’ajouter : « Aucun prisonnier n’aime les gardes pénitentiaires et je pense que cela est compréhensible. Mais après, j’ai compris qu’ils ne sont pas à l’origine de ce que nous traversons et je me suis vite rangé (…) Ils trouvaient que je faisais honneur à la prison. C’était un bel exemple de réinsertion sociale donc on était beaucoup amis », raconte-t-il. Libéré du poids de la prison, c’est tout confiant que Ben Ali affirme mettre à profit ce qu’il a appris derrière les barreaux. « C’est pour cela que je n’hésite pas à me battre corps et âme pour rattraper le retard, même si je sais que cela ne sera pas facile. Je suis résolument engagé dans l’humour », affirme-t-il. Mais au préalable, l’homme nous dit qu’il a fait des formations et est qualifié pour faire valoir son savoir-faire. « Actuellement je suis retenu pour deux castings de tournage de film. J’ai aussi fait pas mal de formation en ce qui concerne l’humour. La formation, quoi qu’on dise, est capitale pour tout projet et toute activité », a-t-il rappelé. Dans le but de partager son expérience et lever le voile sur les suppositions dans le domaine carcéral, Ben Ali Ouédraogo se dit prêt à faire des témoignages à tout organisme. Il invite la jeunesse a la retenue et à faire de la bonne pratique son cheval de bataille.
Ben Ali Ouédraogo avait été condamné à 9 ans de prison ferme pour vol et évasion. Il a purgé une peine de 8 ans avant d’être remis en liberté.
Sié Mathias Kam (stagiaire)