Canne, téléphone et pancarte en main, Adboul Fathave Bikienga aveugle depuis son jeune âge sillonne les artères du grand marché de Ouagadougou à la recherche de clients pour écouler sa marchandise, les unités téléphoniques. Rencontré par Radars info en pleine recherche de client, ce jeune homme courageux nous raconte son quotidien.
Abdoul Fathave Bikienga rejette toute idée de tendre la main pour mendier ce malgré son handicap visuel après que les médecins lui aurait confié « qu’on ne peut rien faire pour ses yeux ». Une canne en main qui lui permet de se déplacer et le téléphone collé à l’oreille, il parcourt le grand marché pour faire la transaction de crédit de communication. A l’en croire, la vie est dure pour tout le monde. « Il ne faut pas s’asseoir parce qu’on ne voit pas pour mendier » nous confie-t-il. Et ajoute-t-il que « ceux qui nous donnent peuvent aussi en manquer un jour ».
Élève en classe de 5e dans une école de malvoyants de la ville, Abdoul Fathave profite des vacances scolaires pour s’occuper. « Je fais ce commerce pendant les vacances mais j’ai commencé depuis 2020 » explique le jeune homme. Mais comment arrive-t-il à si bien manipuler le téléphone mobile ? La technique selon Abdoul Fathave est simple, il se réfère au son du clavier dudit téléphone collé à son oreille. « J’ai commencé à manipuler les téléphones depuis le CE1 et comme j’ai aussi appris à compter, je n’ai pas de soucis sur ça » raconte-t-il.
Sur une commande d’unité de 10 000F CFA/jours, le jeune malvoyant arrive tant bien que mal à tout écroulé. « Les gens sont surpris de me voir vendre des unités, puisqu’il faut pouvoir voir pour composer les numéros, les codes et vérifier l’argent (…) d’autres même n’y croient pas, mais moi, je vois avec mes oreilles et mes doigts » commente-t-il.
« Ce jeune-homme est plein d’envie et de courage, malgré son handicap il ne baisse pas les bras et se bat (…), que Dieu un jour lui fasse voir le jour » commente un client de Abdoul Fathave Bikienga. Le rêve cependant de ce garçon est d’ouvrir une boutique de vente de crédit de téléphonie mobile. « Je suis aussi passionné d’élevage et je pense me lancer là-dedans » a-t-il conclu.
Sié Mathias KAM (stagiaire)