OAI, entrepreneur de 40 ans, marié et père de deux enfants, a comparu le 19 mai 2021 devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou pour faux en écriture privée et en écriture publique.
Courant avril 2018, OAI a été attributaire de deux marchés de fourniture de matériaux auprès d’une entreprise où exerce ZD, une de ses connaissances. L’heureux adjudicataire s’empresse alors de contracter un prêt bancaire de 40 millions de F CFA. Escroqué par la suite par une de ses connaissances résidant aux USA, c’est complètement désemparé, à bout de souffle et ayant des idées suicidaires que OAI décide de falsifier la signature de ZD et, à l’aide d’un faux bordereau, de justifier la livraison à la banque desdits matériaux.
Mais joint par la banque, ZD dit ne pas reconnaître le bordereau portant sa signature. C’est alors que lui et ledit établissement bancaire portent plainte contre OAI.
« Je reconnais les faits qui me sont reprochés », a déclaré le prévenu. Il affirme en sus être tombé d’accord pour un remboursement progressif du montant dû à la Banque s’il peut continuer à travailler. « J’ai promis à la banque que je rembourserais le crédit, quoi qu’il arrive, si je peux continuer à travailler », confie-t-il.
« Pourquoi n’avoir pas porté plainte pour escroquerie et signalé les faits à la banque quand votre connaissance s’est enfuie avec l’argent que vous avez emprunté ? » interroge le procureur. « J’ai d’abord pensé à me suicider, car j’étais désemparé et ne savais pas où donner de la tête. Je me suis en outre demandé comment porter plainte contre quelqu’un qui est aux USA », a répondu OAI. « Ce n’est pas parce qu’il est aux USA que vous ne pouvez pas porter plainte contre lui ; si vous l’aviez fait, on ne serait certainement pas là aujourd’hui, car beaucoup de choses auraient été évitées », lui a répliqué le procureur.
Son client ayant reconnu les faits, l’avocat de la défense a plaidé pour sa remise en liberté provisoire. « Accordez-lui une peine avec sursis et vous aurez rendu justice. Mon client souffre de problèmes cardiaques ; le condamner à la prison ferme serait creuser sa tombe et je pense que ce n’est pas l’objectif recherché ; il sera plus utile en liberté provisoire », a-t-il ajouté.
Le procureur a requis contre le prévenu une peine d’emprisonnement de 60 mois dont 24 ferme ainsi qu’une amende de 1 million de F CFA, dont 900 000 F CFA ferme.
Quant au plaignant, ZD, il a déclaré que ce qui lui importait, c’était d’être lavé de tout soupçon dans cette affaire.
Sié Mathias Kam (stagiaire)