Chaque année, plusieurs jeunes de l’Afrique subsaharienne traversent le désert du Sahara à la recherche d’un mieux-être. Si certains arrivent à réaliser leur rêve, d’autres par contre reviennent bredouilles. T.S est de ceux-là. Il nous raconte sa mésaventure dans le désert algérien.
« C’est un problème de famille qui m’a poussé à aller à l’aventure », raconte T.S. qui a souhaité garder l’anonymat. Contrairement à de nombreux autres jeunes, T.S. n’était pas sans emploi. Il dit avoir entamé cette aventure pour se changer les idées. « J’ai d’abord séjourné à Niamey pendant un an. Un jour, j’ai rencontré des Arabes avec lesquels j’ai sympathisé. Par la suite, ils m’ont proposé de m’emmener dans la ville de Blida en Algérie, où il y avait d’énormes projets. J’ai partagé cette information avec certains de mes compatriotes mais ils n’ont pas voulu s’engager, préférant rester à Niamey. J’ai donc décidé d’aller tenter ma chance en Algérie », nous raconte notre interlocuteur.
T.S. affirme que le voyage n’a pas été difficile pour lui : « J’ai dit à mes bienfaiteurs que je n’avais pas les documents qu’il fallait et ils m’ont répondu que ce n’était pas un problème et qu’ils allaient me camoufler jusqu’à Blida».
Sur place, T.S. a obtenu du travail comme promis mais était obligé de vivre dans la clandestinité. « Je vivais caché parce que je n’avais pas de papiers, comme beaucoup d’autres d'ailleurs », martèle-t-il avant d’ajouter : « Tous les Africains noirs sans papiers comme nous étaient parqués dans un même lieu et un véhicule venait nous chercher chaque matin pour le travail et le soir nous faisions le chemin inverse ».
Comme beaucoup de migrants mouraient noyés dans la Méditerranée, la police algérienne a commencé à traquer les sans-papiers. Tous les services étaient passés au peigne fin pour ce faire. Le camp où se trouvait T.S. avait échappé à cette rafle mais cela n'a pas duré. « Comme la situation devenait difficile, j’ai été déplacé à la frontière Algérie-Tunisie, où j’ai passé cinq mois, avant de revenir en Algérie », nous dit-il, poursuivant sa narration.
Mais un jour, T.S. et ses amis sont surpris par une patrouille de la police algérienne sur un chantier et embarqués pour un grand camp de réfugiés à Tamatchèque, à la frontière algéro-nigérienne. « Après 3 mois de séjour, mes amis et moi avons décidé de nous évader. Au camp des réfugiés de Tamatchèque en Algérie, on n'avait même pas à manger. Seuls les femmes et les enfants pouvaient avoir un repas par jour. Nous les adultes, nous étions livrés à nous-mêmes », raconte TS.
Aidés par une Algérienne, ils replièrent à Agadez au Niger. « Du camp de réfugiés de Tamatchèque à Agadez, nous avons fait 18 mois dans le désert. Nous y avons rencontré des rebelles touareg. Ce sont généralement des bandits de grands chemins trafiquants d’armes et de stupéfiants. Ces derniers nous ont fait faire des travaux forcés et nourris une fois par jour. Nous avons fini par nous échapper encore de ce lieu. En cours de route, j’ai perdu mes deux compagnons », nous confie avec regret T.S.
Le flot de difficultés a fini par convaincre T.S. qu’il fallait retourner au bercail. Il mit alors le cap sur Niamey, où un autre de ses amis l’attendait. Mais ce dernier n’était pas disposé à rentrer au pays, si bien que T.S. dut prendre son courage à deux mains pour revenir à Ouagadougou le 2 août 2018.
Bessy François Séni