Le 20 avril dernier, la paroisse Saint-Pierre de Gounghin a procédé à l’incinération de gadgets spirituels traditionnels qualifiés de « fétiches ». Un acte qui ne restera pas sans conséquences, d’où le point de presse tenu ce jeudi 29 avril 2021 par un collectif d’organisations de la société civile composé du Haut conseil des dozos du Burkina Faso, représenté par Bia Koussé, l’association culturelle Kombi culture, dirigée par l’artiste conteur KPG Faso Kudumdé, Miirya, Maya Blon et Deux heures pour nous et deux heures pour Kamita de Serge Bayala.
C’est par un rituel de libations aux ancêtres que les organisateurs du point de presse ont débuté leurs échanges avec la presse. Ils ont dit des prières et fait des invocations pour le bon déroulement de l’activité. Ils ont par la suite procédé à la lecture de la déclaration liminaire introductive lue par Serge Bayala, responsable de Deux heures pour nous, deux heures pour Kamita. Après un rappel du contexte de la conférence du jour, notamment l’incinération de gadgets spirituels traditionnels le 20 avril dernier au sein de la Paroisse Saint-Pierre de Gounghin, qui, selon les organisateurs, a marqué de façon regrettable l’actualité nationale sur le plan religieux tout au long de la semaine écoulée, Serge Bayala a affirmé : « C’est assurément la provocation de trop au regard du contexte sociopolitique national et de l’évolution des mentalités en matière de pluralité religieuse ».
Pour le représentant de Deux heures pour nous, deux heures pour Kamita au sein de ce collectif d’organisations de la société civile, Serge Bayala, cet acte nous rappelle des comportements rétrogrades d’une époque révolue, notamment de la période coloniale. « Cela a choqué et meurtri plus d’un citoyen burkinabè et au-delà », s’est-il indigné. « Rien que dans le courant de l’année 2020, au moins trois cas d’intolérance religieuse, avec pour unique cible la foi traditionnelle, ont été constatés avec comme point culminant la colère de la communauté gan, confrontée à une église protestante dans le Sud-Ouest », a dit le tenant du crachoir pour étayer ses propos.
Les agissements de la paroisse Saint-Pierre de Gounghin sont, selon ces OSC, regrettables et incompréhensibles d’autant plus que depuis bientôt un an, une loi nationale reconnaît officiellement la foi traditionnelle comme une composante essentielle et indispensable de la diversité religieuse burkinabè.
Le collectif d’organisations de la société civile a précisé qu’il a introduit une plainte contre la paroisse Saint-Pierre de Gounghin pour attentat aux symboles d’une foi légalement reconnue et atteinte grave à la coexistence pacifique entre communautés religieuses. « Cette procédure est avant tout une interpellation préventive à l’endroit des autorités tant religieuses, coutumières que politiques », a affirmé le conférencier Serge Bayala avant d’inviter les fidèles des différentes communautés religieuses à se désolidariser de tout acte de profanation et d’intolérance religieuse susceptible de mettre à mal la coexistence pacifique au Burkina Faso.
Bessy François Séni