En juin 2019, Radars Info Burkina, après s’être rendu au parc animalier de Ziniaré, avait attiré l’attention de l’opinion sur la situation alarmante des espèces animales qui y sont. Depuis l’exil de l’ex-président Blaise Compaoré en 2014 en Côte d’Ivoire, 95% des animaux ont disparu car la gestion et l’entretien étaient à l’abandon. Depuis quelques mois, une initiative portée par un jeune couple intervient pour sauver les quelques animaux qui restent dans cette aire zoologique. Radars Info Burkina s’est rendu de nouveau sur les lieux pour un constat.
Un parc verdoyant et des herbes très hautes à l’entrée, d’autant plus que c’est la période pluvieuse. Shanaz Husseini et son époux, Julin Bertoli, ainsi que leur ami Abdoulaye Ilboudo sont déjà sur les lieux ce dimanche matin. Ils sont trois à porter l’initiative « Ensemble pour les fauves de Ziniaré ». Après avoir lu un article de presse qui se consacre à la situation du parc, le couple Bertoli s’y est rendu pour la première fois le 9 févier 2020.
«On a été attristé et choqué de voir l’état des lieux, surtout de la situation très critique des lionnes. Elles étaient tous affamées, très amaigries. Si on avait mis deux à trois semaines de plus avant de venir, on en aurait certainement perdu deux des quatre. Les deux étaient dans un état catastrophique. Il y avait un couple de porcs-épics qui est mort d’ailleurs le lendemain de notre visite », a expliqué Shanaz Bertoli quand nous sommes arrivé devant l’enclos des lionnes.
3 lionnes qui ont bien repris leur forme se présentent devant nous. Pleines d’énergie, elles espèrent avoir des morceaux de viande. Heureusement, l’un des guides disposait d’un récipient rempli de viande. Dans un autre enclos, se trouve une vieille lionne aveugle. Elle a sauté sur les morceaux de viande qu’on lui a apportés. Pendant qu’elle était en train de rugir, Madame Bertoli raconte : « Cette lionne tellement affaiblie à notre arrivée avait de la peine à se lever pour se nourrir ». Chaque lionne consomme 30kg de viande par semaine. Au fur et à mesure que nous quittons un site à un autre, nous rencontrons des autruches en toute liberté.
«On a essayé de rendre la vie meilleure au peu d’animaux qui restent. Nous avons apporté le confort dans leur enclos, construit des mares. Nous essayons de leur donner une alimentation régulière et saine. Ils reçoivent également des soins vétérinaires», a indiqué Justin Bertoli.
Dans cette tâche, le couple a forcément d’aide. Ainsi, il a créé le groupe sur Facebook « Ensemble pour les fauves de Ziniaré ». Une communauté de bénévoles amoureuses des animaux qui leur vient en aide par des dons matériels et financiers. 350 000F F CFA par semaine sont dépensés uniquement pour la nourriture des animaux.
L’unique hyène qui reste dans le parc a maintenant un enclos bien élargi et une mare bien construite. Elle a repris du poids également en quelques mois.
Le couple Bertoli vient trois fois par semaine apporter tout ce qui est alimentation (farine de maïs, son, vitamines, viandes, fruits, légumes) au personnel qui s’occupe de la gestion du parc.
Un autre enclos a été bien aménagé pour des singes qui ont été récupérés. Les deux sœurs hippopotames qui se reposaient tranquillement dans leur mare consomment 40kg de nourriture par jour.
Pendant cette saison pluvieuse, le couple Bertoli a organisé des campagnes de reboisement dans le parc. 220 arbres de 26 espèces locales ont été plantés. Des activités de salubrité ont été menées également.
Il veut un refuge pour les animaux de la région ouest-africaine qui ne sont pas dans de bonnes conditions dans un zoo
«On ne veut pas faire de la reproduction. L’objectif de notre combat, ce n’était pas d’avoir un zoo pour s’occuper, mais c’était vraiment de permettre au peu d’animaux restants de finir leur vie décemment. En plus, que les visiteurs puissent profiter de voir les animaux dans de bonnes conditions. Ca fait toujours plaisir de voir des animaux en pleine forme plutôt que de les voir en train de mourir», a fait savoir le couple Bertoli.
Les initiateurs d’« Ensemble pour les fauves de Ziniaré » sont est en train de créer une association qui devrait voir le jour dans quelques semaines. Ainsi, ils pourront essayer de trouver des financements beaucoup plus stables, plus adaptés à leurs besoins.
« Le parc a besoin de plus de moyens pour pouvoir se relancer. La dernière fois que je suis venu ici, les animaux étaient très affamés et d’autres avaient de la peine à se lever ; aujourd’hui, je constate un changement réel de la situation des animaux. Seulement il n’y a pas beaucoup d’animaux comme avant », a affirmé ce visiteur pendant que sa famille est en train de prendre des photos des hippopotames.
Selon Prosper Soala, le caissier qui se trouve à l’entrée du parc, actuellement le week-end plus de 200 visiteurs sont attendus mais les autres jours, l’affluence est très timide.
«Les animaux ne sont plus nombreux, certes, mais c’est un plaisir pour les visiteurs de les voir dans de bonnes conditions actuellement. Nous souhaitons que les initiateurs aient suffisamment de moyens pour multiplier le nombre d’animaux afin que le zoo retrouve son lustre d’antan », a souhaité M. Soala.
Le parc animalier de Ziniaré, dans la région du Plateau central, est situé à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Ouagadougou. Selon le couple Bertoli, tous les dons pour le bien des animaux sont les bienvenus.
Aly Tinto