A la suite de plusieurs plaintes portées par les victimes de cyber-escroquerie, la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC) a ouvert une enquête ayant abouti au cours de la semaine passée à l’interpellation de 4 jeunes garçons (1 étudiant et 3 élèves), tous domiciliés à Saaba. Ils ont été présentés à la presse ce vendredi 18 septembre 2020.
Ces quatre malfrats se faisaient passer pour des tenanciers de boutiques de vente d’articles à des prix imbattables sur le marché via Facebook dans les différentes grandes villes du Burkina Faso.
« Les victimes n’entraient jamais en possession de leurs articles après avoir rempli toutes les conditions. Les investigations ont permis de découvrir la gestion de 7 faux profils et la gestion de 8 pages d’entreprises fictives », a expliqué Bantida Samire Yoni, commandant de cette brigade.
Les comptes de transfert mobile étaient ouverts grâce aux Cartes nationales d’identité burkinabè (CNIB) égarées ou envoyées par des victimes.
Selon la BCLCC, le préjudice actuellement s’élève à plus de 5 millions de francs CFA. Des plaintes sont toujours enregistrées en lien avec la même affaire.
« De ce fait, il est difficile d’évaluer le préjudice global financier actuellement. En plus de ce préjudice financier évalué, il faut noter que cela constitue un frein au développement et à l’acceptation du E-commerce au Burkina Faso », a souligné Bantida Samire Yoni.
Les personnes interpellées seront présentées au parquet pour les suites judiciaires. L’enquête a permis de saisir des CNIB, des cartes SIM, des clés USB, des cartes VISA, un ordinateur portable, quatre téléphones portables de marque Iphone et cinq autres téléphones. Les arnaqueurs ont pu se procurer une moto d’une valeur de 1 300 000 Francs CFA.
De l’avis de Bag Akin Nignan, chef de la Division des enquêtes, cette enquête a été un peu plus difficile car toutes les traces que ces cybercriminels laissent aboutissent à des personnes qui sont des victimes. La brigade a reçu la première plainte liée à cette affaire au cours du mois de juin 2020.
« Lorsqu’on utilise la CNIB d’une personne pour identifier une SIM, pendant l’enquêtée nous tombons sur le propriétaire de la CNIB. Du coup il est encore plus difficile de retrouver ces malfrats. Heureusement les services de téléphonie mobile sont assez disposés à nous donner des informations assez précises. Le jour de l’interpellation, nous sommes sortis à 6h 30 mais c’est à 21h 30 que ces malfrats sont rentrés malgré qu’on ait toutes les informations possibles», a précisé M. Nignan.
A l’en croire, le Burkina est devenu un terreau fertile pour ces cybercriminels, malheureusement le pays est entré très tard dans la lutte contre la cybercriminalité puisque la BCLCC n’a été créé qu’en janvier 2020. « La plupart des pays ont une brigade spéciale contre ce phénomène. Par conséquent, étant donné qu’au Burkina on n’en disposait pas, les adeptes de ces pratiques se sont réfugiés ici. Mais nous sommes à leurs trousses », a-t-il assuré.
Daniel Tapsoba est une des victimes, car sa CNIB était utilisée par ces criminels pour se procurer des cartes SIM de transfert mobile. « Je remercie Dieu de m’avoir sorti de cette situation. Je m’étais rendu à la gendarmerie et à la police où j’ai posé mon problème. Comme il n’a pu être résolu là-bas, quand j’ai eu connaissance de l’existence de la BCLCC, j’y suis allé exposer mon problème », a-t-il confié.
Le premier responsable de la BCLCC a conseillé aux acheteurs sur Internet de n’effecteur le paiement que s’ils reçoivent la marchandise commandée. « Dans certains pays, il y a ce qu’on appelle le tiers de confiance dans le processus de E-commerce. C’est un système placé au milieu entre le client et le vendeur et qui assure la garantie que le client va recevoir ses articles. Au Burkina Faso, ce tiers de confiance n’est encore opérationnel. N’hésitez pas à dénoncer toute arnaque dans le cyberespace sur notre page Facebook, @bclcc.bf, ni à nous contacter par téléphone au 71 07 59 37 ou par mail à l’adresse Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. », a conclu le commandant Yoni.
Aly Tinto