Jean Luc Bambara est le chef de l’entreprise culturelle qui s’est chargée de l’exécution du marché de construction de la statue géante du Capitaine Thomas Sankara, dévoilée le dimanche 17 mai 2020 à Ouagadougou. Après cet acte, l’artiste a accepté de répondre aux questions de la rédaction de Radars Info Burkina. Un entretien que nous vous proposons en intégralité.
Radars Burkina : Est-ce qu’aujourd’hui vous êtes totalement satisfait de ce qui a été refait ou êtes-vous disposé à accueillir des critiques, voire éventuellement à améliorer de nouveau la statue ?
JLB : Vous savez, une œuvre d’art n’est jamais parfaite. Dans notre jargon, on dit que dans la reproduction d’un personnage ou d’un portrait, pourvu qu’un pan de l’œuvre ressemble au personnage idéal. Les gens n’ont pas compris cela et nous ne leur en voulons pas. Nous sommes dans un contexte où les gens veulent des choses nettes, bien et tout de suite. C’est pourquoi nous avons accepté les critiques. Je suis encore prêt à les accepter, car c’est grâce à elles que nous avons pu avoir ces résultats. Parce qu’il faut savoir que cela a été très difficile.
RB : Qu’est-ce qui a rendu votre travail difficile ?
JLB : Je veux dire que psychologiquement, il y a eu des critiques qui ont touché ma famille et moi-même. Il faut être Jean Luc Bambara pour pouvoir surmonter cela. C’est pour cela que je dis que ça a été très difficile. Mais nous avons pu travailler pour obtenir ce résultat. Je vous dis tout de suite que ces critiques ont fouetté mon orgueil. Je sais qu’il y aura des parties que je vais revenir recommencer, à un certain moment de tranquillité de ma vie et de mon boulot.
RB : Justement, en observant le nouveau monument, on constate que vous avez enlevé l’élément « Thom Sank » au niveau des poches. Cela fait-il partie des critiques ?
JLB : Comme je vous l’ai dit, en Afrique on adore les débats. On ne respecte pas la touche particulière de l’artiste. J’ai quand même fait l’académie ! Je ne suis donc pas un illettré. Je sais comment écrire correctement un nom. Cela, c’était ma touche personnelle car un président, même s’il est militaire, ne se promène pas avec un macaron indiquant son nom. C’était un charme que j’avais juste voulu ajouter. Cela a été incompris, je dois donc en tenir compte seul devant ma conscience, contre mon ambition, d’enlever cela pour que ce ne soit pas l’objet de polémique. Les gens voulaient à tout prix polémiquer. Pour éviter toute polémique, j’ai décidé de l’enlever. Si vous l’avez remarqué, au départ c’était un col ouvert ; aujourd’hui, le col est fermé, ce qui était cher aussi au président Thomas Sankara.
RB : Quelles autres particularités cette nouvelle statue a, comparativement à la précédente ?
JLB : La particularité est que nous avons repris le visage de la statue du président qui, à mon avis, est plus ressemblant. Nous avons rétréci certaines grosseurs. Cela dépend en fait de la photo mise à notre disposition pour réaliser cette œuvre. Mais nous sommes partis des exigences qu’on nous a données et notre imagination a fait le reste.
Propos recueillis par la rédaction de Radars Info Burkina