Afin de freiner la propagation du Covid-19 au Burkina Faso, le ministère des Transports avait décidé, depuis le 23 mars 2020, l’arrêt des activités de transport en commun sur toute l’étendue du territoire national. Mais suite à la révision du protocole d’accord, le 4 mai, entre le gouvernement et les acteurs des transports, il est autorisé la reprise des activités du transport voyageur urbain et interurbain à compter d’aujourd’hui, 5 mai 2020, sous condition du strict respect des mesures inscrites dans le nouveau protocole. Radars Info Burkina a emprunté des taxis à Ouagadougou pour un constat.
Après avoir garé notre engin au parking de l’hôpital Yalgado-Ouédraogo, nous apercevons un taxi avec à son bord trois passagers. Nous ayant vu, le conducteur s’arrête. Nous lui disons que nous voulons nous rendre au marché Rood-Woko. Premier constat : aucun des trois passagers ne porte de masque de protection. Le taximan demande à une fille installée au siège avant de descendre et de nous céder sa place. « Elle va à Dassasgho. Elle va patienter sous le hall de la pharmacie, le temps que je revienne la chercher, puisque le gouvernement nous oblige à ne prendre que 3 passagers », se justifie le taximan au moment où nous prenons place dans son automobile. Notre conducteur ne manque pas de se plaindre de la mesure gouvernementale limitant à 3 le nombre de passagers.
«Monsieur, vous allez payer 500F CFA comme prix de la course. Au lieu de 300F CFA, maintenant c’est 500F. Maintenir le prix d’avant et ne pas dépasser trois clients ne nous arrange pas. Chaque passager doit porter un masque. J’exige le port du masque mais certains clients prétendent qu’ils n’ont pas le temps d’en acheter», nous dit le taximan. Une fois que nous arrivons à destination, il accepte de prendre 400F au lieu des 500F réclamés.
A la « gare de taxis », près du marché Rood-Woko, nous constatons que l’obligation de se laver les mains au savon avant d’embarquer, une autre des mesures édictées, n’est nullement respectée. « C’est une décision et on doit s’y soumettre. Mais le gouvernement doit alléger ces mesures. Taximen et clients vivent dans la précarité. On nous dit d’exiger des passagers qu’ils portent des masques, mais certains nous répondent qu’ils sont asthmatiques. D’autres disent qu’ils ont mal aux oreilles quand ils en portent. Nous essayons donc de les sensibiliser », nous explique un autre taximan qui attend des clients.
Kaboré Moumini, assis dans son taxi, nous confie : « Je suis allé déposer 3 clients à raison de 300F par personne mais je suis revenu sans client. En ce qui me concerne, fixer le prix de la course à 500F ne doit pas être une obligation mais un souhait. J’aurais préféré que qu’on nous autorise à prendre 4 passagers pour que le prix de la course puisse rester inchangé.»
Nous décidons de repartir au parking de Yalgado, où se trouve notre monture. Un taxi est prêt à aller dans ce sens. Deux femmes occupent la banquette arrière : seule l’une d’elles porte un masque.
« Ceux qui sont allés échanger avec le gouvernement pour ce protocole d’accord doivent repartir pour parfaire les choses. Autant c’est difficile pour les clients de payer 500F comme prix de la course, autant c’est compliqué pour nous de maintenir les prix d’avant. Si on nous autorise à transporter 4 personnes, c’est mieux. Comme le gouvernement n’a pas distribué gratuitement les masques, c’est difficile de sanctionner les contrevenants », affirme notre conducteur, qui lui-même ne porte pas de masque.
Vivement un suivi rigoureux de l’application des mesures barrières sur ce plan pour le bien de tous !
Aly Tinto