Lorsqu'un couple ne parvient pas à concevoir d’enfant au bout de 12 à 18 mois malgré des rapports sexuels réguliers et en l'absence de contraception, les professionnels de la santé parlent d'infertilité. Les causes de ce trouble qu’est l’infécondité sont à rechercher aussi bien chez la femme que chez l’homme. Des facteurs tels le stress, le surpoids, les anomalies spermatiques, l’âge, les troubles ovariens ou encore les anomalies morphologiques peuvent favoriser sa survenue. Très souvent, l’infertilité est mal vécue dans les couples, le désir d’enfant se faisant plus fort que l’épanouissement et la stabilité du couple. Elle constitue l'une des crises les plus profondes du couple, qui nécessite parfois un soutien psychologique.
Pascaline Zagré (nom d’emprunt) a convolé en justes noces en décembre 2013. Comme toutes les jeunes mariées, elle rêvait, quelques mois après son union, de tomber enceinte, elle qui a toujours voulu avoir une maison remplie d’enfants. Alors que le temps passe, elle ne constate aucun changement sur son corps attestant de signes de grossesse. La peur commence alors à l’envahir et les multiples rappels de son entourage, surtout de sa belle-famille sur le temps mis à enfanter, ne sont pas pour arranger pas les choses. Avec son époux, la situation commence aussi à être tendue, monsieur commençant à désirer ardemment un héritier. Décidée alors à en avoir le cœur net, Dame Zagré se rend en consultation gynécologique. Elle fait une batterie d’examens qui conclura qu’elle est bien portante et n’a aucun problème de conception. Le médecin lui demande alors de faire venir son mari pour une consultation. C’est la croix et la bannière. « Quand j’ai dit à mon mari que le docteur demandait qu’il vienne consulter, il m’a opposé un refus catégorique. Pour lui, s’il y a un problème de conception, c’est certainement à mon niveau mais pas au sien. Il m’a même répondu que tous ses frères avaient des enfants et qu’il ne voyait pas pourquoi il serait le seul infécond de sa famille », confie-t-elle. C’est finalement après moult tractations que l’époux accepte de se soumettre à des examens plus approfondis qui révéleront qu’il souffre d’une oligospermie.
Dans un contexte comme le nôtre, où le mariage est synonyme de procréation, l'infertilité a un impact négatif sur la stabilité du couple et la recherche de solution à ce problème peut épuiser, voire déstabiliser, le ménage. « La plupart des gens se marient pour avoir des enfants. C'est pourquoi l'infertilité a un impact négatif sur la relation. Les problèmes sociaux comme le divorce ou la polygamie sont nombreux. Nous assistons aussi à la marginalisation de la femme si elle est responsable de l'infertilité du couple, dans un contexte culturel où la femme confirme sa féminité par l'accouchement. A cela s’ajoutent des déficiences sexuelles dans le couple, les rapports sexuels paraissant inutiles face à un désir ardent de faire un enfant », affirme Richard Ouédraogo, psychiatre. 
Et Dame Zagré d’abonder dans le même sens en soutenant que « ce problème de conception a failli me coûter mon mariage et ma santé mentale. En plus de la pression extérieure, il y avait également la mésentente au sein de mon foyer, car mon mari rejetait toujours la faute sur moi. A un moment donné, il avait voulu épouser une autre femme afin d’avoir des enfants, pour prouver aux yeux de tous qu’il était un vrai homme. J’en ai vraiment souffert et j’ai fini par ne plus aller aux évènements familiaux, juste pour éviter que l’on me pose la même question : ‘’qu’est-ce que tu attends pour faire des enfants ?’’ Même si à présent les responsabilités sont situées, il y a des blessures qui sont à jamais là, des mots blessants qui ont été dits et qu’on ne peut effacer ».
Quelle attitude le couple doit-il donc adopter face à l'infécondité ? Pour Richard Ouédraogo, il ne faut pas lier l'épanouissement du couple à la présence d'un enfant. « Si une personne n'est pas épanouie, ce n’est pas dans le couple qu'elle le sera, et si un couple n'est pas épanoui sans un enfant, il ne saurait l’être en présence de l'enfant. Et un enfant qui vient dans une ambiance difficile ne pourrait être épanoui », soutient-il. Des traitements selon la cause de l’infertilité existent et des recours tels la fécondation in vitro ou l’adoption pourraient aussi être envisagés.
L’infertilité pouvant trouver son origine aussi bien chez l’époux que chez l’épouse, il serait préférable d’incriminer systématiquement cette dernière. C’est donc à deux, sans aucun a priori, que la solution au problème de fertilité doit être trouvée.
Armelle Ouédraogo
