Le phénomène des morsures de chien à Ouagadougou est aussi récurrent que préoccupant. Pour y remédier un tant soit peu, la municipalité procède souvent à l'abattage de chiens errants, comme ce fut le cas le 25 février 2016, où 41 cabots ont été mis hors d’état de nuire. Néanmoins, les cas de morsures de chien dans la capitale restent légion et les victimes sont exposées à la rage. En 2018, le service de la clinique vétérinaire de l'Ecole nationale de l'élevage et de la santé animale (ENESA) a enregistré 894 cas de morsures de chien et 186 autres au premier trimestre de l'année en cours.
«En 2017, nous avons mis en observation 947 chiens pour fait de morsure, 894 en 2018 ; au premier trimestre de 2019, 186 chiens ont été mis sous observation», a indiqué le Dr Rimmibtiri Segda, chef de service de la clinique vétérinaire de l'ENESA.
Il explique que la mise en observation est une procédure qui consiste à faire surveiller l'animal par des vétérinaires pendant deux semaines. La première observation commence le jour de la morsure ; une semaine après, le propriétaire revient avec le chien pour observation pour qu'on voie l'évolution de son état clinique. Après la deuxième semaine, l'animal est observé pour une troisième fois. Pendant que le canidé responsable d’une morsure est sous observation, le vétérinaire délivre à la victime un document avec lequel elle se rendra dans un service de santé humaine où elle sera traitée suivant l’observation faite. «Si au bout des deux semaines l'animal n'a pas manifesté de signes de rage, ça veut dire qu'il n'y a pas de risque. Dans ce cas si l'animal n'est pas vacciné, nous conseillons à son propriétaire de le faire vacciner. Mais si au cours de l'observation le chien meurt, ça va réconforter notre suspicion et nous allons alors approfondir les analyses pour donner des résultats en une journée. On fait un prélèvement de la tête pour analyse au laboratoire afin de confirmer si c'est la rage qui l'a tué ou non. Quand c'est positif, nous orientons la personne vers les services de santé humaine», a détaillé le Dr Segda.
Au cours de l'année 2018, ce sont plus de 10 patients souffrant de rage qui ont été signalés à la section maladies infectieuses du CHU Yalgado Ouédraogo. «Ce qui est déplorable dans ces cas, c'est que les victimes arrivent ici au moment où la maladie se manifeste. Quand c'est ainsi, malheureusement il n'y a plus de remède possible. Si le malade présente déjà les signes de la maladie, cela est malheureusement à 100% fatal», a déploré l'infirmier d'Etat Christian Bado, en service à la section maladies infectieuses.
Pour lui, ce sont les adolescents et les femmes qui sont les plus exposés aux morsures de chien et les gens sont toujours sensibilisés à se rendre le plus vite possible dans un centre de santé pour une prise en charge dans ces malheureux cas.
Il arrive qu'un chien morde quand il est agressé, quand on lui marche dessus par inattention ou quand il a contracté la rage, selon les explications du vétérinaire.
Le Dr Segda conseille aux propriétaires de chiens de les faire vacciner d’abord, ensuite de les attacher pour éviter l'errance, enfin de prendre toujours les conseils d'un vétérinaire. Aux enfants il conseille d'éviter d'agresser les chiens.
Aly Tinto (Stagiaire)