Le paludisme constitue la première cause de consultation, d’hospitalisation et de décès au Burkina Faso. En 2018, 6% des décès au Faso étaient liés à cette maladie parasitaire. Les enfants de moins de 5 ans constituent 70% de ces décès. Afin de protéger efficacement les populations, particulièrement les couches vulnérables que sont les enfants, Gérard Niyondito a mis au point la pommade Maïa. Elle est à base de beurre de karité et est utilisable par tous et à tout moment de la journée.
L’idée de proposer un produit qui protège efficacement contre les piqûres de l’anophèle, le moustique responsable du paludisme, germe en 2013. Gérard Niyondito est alors étudiant et avec un camarade, il produit un savon qui repousse les moustiques. Cette invention leur vaut un prix à l’international, et de nombreux espoirs portés sur le projet. En approfondissant la recherche après son Master, et devenu seul sur le projet, il se fixe pour objectif de concevoir un produit qui se base sur le quotidien des utilisateurs, facilement accessible et disponible et cela sans changer les habitudes de ceux-ci. C’est suite à une étude anthropologique sur l’hygiène corporelle réalisée auprès de 1000 foyers, avec un focus sur les enfants de moins de 5 ans en 2017, que Gérard Niyondito se rend compte que l’utilisation de la pommade est le dernier maillon de la chaîne d’hygiène corporelle, surtout chez les enfants. C’est ainsi que rejoint sur le projet par Franck Langevin en 2015, il redirige ses recherches vers une pommade afin de proposer un produit efficace, accessible et sain, et qui ne casse pas les habitudes des utilisateurs. Il conçoit alors un antimoustique efficace, sur la base des critères de choix des pommades par les femmes que sont le parfum et la texture, sans dénaturer l’effet répulsif aux moustiques. Faite à partir d’ingrédients locaux tels le beurre de karité, d’éléments répulsifs pour éloigner les moustiques et d’une texture qui convient, quelle que soit la température, la pommade Maïa assure une protection sur un temps moyen de 5 h après application. De plus, elle protège efficacement durant 4h contre les piqûres des moustiques responsables de la dengue. C’est un produit 2 en 1 qui hydrate la peau et protège les utilisateurs. Maïa vise également à protéger les consommateurs durant tout le temps qu’ils passent à l’extérieur et se positionne ainsi comme un complément à l’utilisation des moustiquaires et autres moyens de prévention.
Pour rendre le produit accessible à tous, aucun marché, qu’il soit public ou privé, n’est négligé. C’est pourquoi ses promoteurs travaillent avec les femmes membres de groupements féminins, afin de porter le produit à celles et ceux vivant en milieu rural et défavorisé. Les zones urbaines ne seront pas non plus omises, puisque Maïa sera également vendu dans les grandes surfaces. L’approche communicationnelle est dirigée vers sur les femmes, parce que ce sont elles qui achètent la pommade en fonction de leur goût et l’appliquent aux enfants une fois la douche de ceux-ci terminée.
Afin de produire à grande échelle pour satisfaire une plus grande clientèle, Maïa a signé un accord avec un important fabricant de produits cosmétiques de la sous-région afin de sous-traiter la production. Pour qu’il soit accessible à toutes les bourses, Maïa sera vendu à 900 francs sur le marché.
Afin de pouvoir lancer la commercialisation de Maïa avant le début de la saison pluvieuse, Gérard Niyondito et Franck Langevin sont actuellement à la quête d’une autorisation provisoire de mise sur le marché. Ils ont également lancé le processus d’homologation de l’OMS, afin de pouvoir toucher le plus grand nombre d’Etats et révolutionner la prévention du paludisme à travers leur trouvaille.
Armelle Ouédraogo