Suite aux plaintes des chauffeurs routiers relatives à l’arrêté du 7 mai 2019 pris par le maire de la commune de Ouagadougou, qui interdit la circulation des véhicules poids lourds à certaines heures de la journée, Radars info Burkina a rencontré Moussa Belem, premier adjoint au maire de la commune de Ouagadougou, pour comprendre toutes les péripéties ayant conduit à cette décision.
Radars info Burkina : Que dites-vous de la revendication des chauffeurs routiers sur l’arrêté réglementant la circulation des camions gros porteurs dans la ville de Ouagadougou ?
MB : Dès notre arrivée en juillet 2016 à la tête de la mairie, nous avons élaboré un programme de mandat dans lequel la mobilité urbaine est la priorité des priorités. Car en tant que Ouagavillois, nous avons constaté certaines choses peu commodes. Mais sur le terrain, nous avons noté des insuffisances des textes qui régulent la circulation des véhicules poids lourds dans la ville de Ouagadougou. De ce fait, une équipe de réflexion a été mise en place afin de faire des propositions. Et cela avec l’appui de notre ministère de tutelle pour nous accompagner parce que le décret date de 1989. Et ce Raabo en ce temps-là, était révolu pour une mise en œuvre actuelle c’est vraiment dépassé. Il fallait une relecture de ce Raabo avant de pouvoir mettre en œuvre notre vision sur le terrain et ce n’est qu’en novembre 2018 que le décret a été signé. Mais je vous signale qu’avant cela, dans l’équipe de réflexion que nous avons mise en place il y avait les transporteurs, les chauffeurs, la police municipale nationale et la gendarmerie et bien entendu la douane pour trouver des solutions au problème. Cet arrêté que nous avons pris, contrairement à ce que les gens pensent, ne l’a pas été à cause des cas d’accidents où malheureusement des élèves ont perdu la vie. L’arrêté était déjà prêt et nous avons voulu organiser un atelier avec tous les acteurs qui interviennent dans le domaine des transports. Mais ces cas malheureux nous ont obligés à le publier pour faire descendre le mercure. Quand le maire a signé l’arrêté, nous avons pris soin d’avoir une réunion avec tous ceux qui sont impliqués dans la réflexion pour la mobilité urbaine.
Nous leur avons demandé de faire des amendements avec un délai d’une semaine, car l’arrêté du maire n’est pas figé. A cette période, le maire a reçu des élèves qui sont venus manifester leur mécontentement des décès accidentels de leurs camardes par la faute de gros camions.
RIB : De sources bien introduites, le véhicule ayant provoqué l’accident vers l’échangeur de l’Est est de la mairie. Qu’en est-il exactement ?
MB : En réalité, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il y a eu des précédents et jusqu’aujourd’hui ça continue. Effectivement, le véhicule au niveau de l’échangeur de l’Est est de la mairie mais nous ne voulons pas revenir sur les détails car les responsabilités sont partagées mais nous disons que les véhicules poids lourds ne doivent pas circuler dans la ville de Ouagadougou. L’arrêté du maire vise à éviter ces cas malheureux mais après sa signature, il y a eu de grands questionnements qui ont fait que le maire a fait un réaménagement pour permettre aux véhicules qui ravitaillent les stations-service de circuler pour éviter une pénurie de carburant. Je voudrais vous signaler que pour le premier arrêté, nous attendions les amendements des routiers avant publication, malheureusement il n’y a pas eu de réactions et c’est avec grande surprise que l’on a constaté leur stationnement dans la ville de Ouagadougou. Pour nous, avant toute protestation ils devaient respecter la mesure et faire ensuite leur amendement. Mais nous avons pu constater que par exemple à la nationale numéro 4, ils étaient stationnés à l’ancien poste de police et à 22h, ils ont été autorisés à circuler mais ils ont refusé de le faire sous prétexte qu’ils ne voyagent pas la nuit. L’essentiel qu’il faut savoir, c’est qu’il est interdit aux gros-porteurs de circuler la journée dans la ville de Ouagadougou. Et même de 22h à 5h du matin, ils ne doivent pas prendre pas n’importe quelle route car il y a des voies indiquées pour cela.
RIB : Pour les chauffeurs routiers, la circulaire qui permettait de contourner la ville résolvait ce problème. Y a-t-il une autre voie de contournement prévue par la ville ?
MB : Effectivement c’est pendant la révolution que la circulaire a été construite pour le contournement de la ville, mais aujourd’hui c’est une voie qui se trouve dans le centre-ville et de ce fait n’est plus une route de contournement. Mais l’on peut dire qu’avec le projet grand Ouaga il y a une autre voie de contournement qui est en construction et qui prendra en compte les communes rurales autour de la ville de Ouagadougou. Avec ce projet, nous avons prévu des aires de stationnement. Nous avons conscience de cela, mais il faudrait que l’on comprenne qu’il faut bien commencer par quelque chose. Il ne faut pas attendre de réaliser le projet avant de prendre des mesures pour réglementer la circulation de ces gros-porteurs qui causent des accidents dans la ville.
RIB : Selon les routiers, au niveau de la douane, les formalités de transit ne se font pas la nuit, de sorte qu’ils ressentent un coup dur avec cette mesure. Qu’avez-vous prévu pour résoudre ce problème ?
MB : Dans le comité de réflexion, la direction générale de la Douane est représentée et elle a aménagé ses horaires par rapport à cela. A cet effet, il y a une cellule de veille de 22h à 5h du matin qui est prévue, l’autre préoccupation, c’est celle du Centre de contrôle des véhicules automobiles (CCVA). Ils ont indiqué qu’il leur est difficile de s’y rendre quand leur visite technique est expirée mais nous sommes à pied d’œuvre pour régler ce problème. Aujourd’hui avec la relecture de l’arrêté, il y a une tranche horaire de 10h à 12h pour leur permettre d’aller au CCVA. Et ces deux heures leur permettent de traverser la ville du point A, l’est, au point B, l’ouest.
RIB : Malgré cette réglementation, il y a toujours des accidents qui se produisent tous les jours à cause de ces gros-porteurs. N’y a-t-il pas lieu de prendre d’autres mesures qui l’accompagnent ?
MB : Effectivement, il faut signaler que les gros-porteurs sont mis à l’index mais il y a de l’incivisme au niveau de la population qu’il faut corriger. Il y a eu plus d’une fois des déguerpissements des marchands aux abords des grandes voies ; malheureusement les gens ne respectent pas cela et chacun estime qu’il doit y rester parce que c’est son gagne-pain. Mais il y a des positionnements qu’il ne faut pas faire parce qu’en cas de sortie de route d’un véhicule, c’est la catastrophe. Tous les maires d’arrondissement savent que l’on doit déguerpir tous les commerces aux abords des voies et ils le font, mais la population ne respecte pas ces consignes de sécurité.
Propos recueillis par Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné