Sur le marché des articles communément appelés « France au revoir », les produits alimentaires (huile, pâtes, biscuits, boissons) et les ustensiles de cuisine (plats, assiettes, casseroles, cuillères) sont de plus en plus présents. Pourtant, leur utilisation présente des risques sanitaires.
«Nous obtenons les articles ‘’France au revoir’’ par l’intermédiaire d’un de nos frères qui vit en Europe», nous confie Alain Ouédraogo, commerçant à Ouagadougou.
A l’instar de ce dernier, les vendeurs de vélos, de vêtements, d’ustensiles de cuisine, de produits alimentaires… «France au revoir » sont légion au Burkina Faso. Et notre interlocuteur de préciser que son frère vivant en Europe collecte généralement dans les marchés par terre et certains magasins fermés ces marchandises qu’il leur fait parvenir.
«Certains articles ont déjà été utilisés par des hôtels mais les autres, notamment ceux provenant des magasins, sont neufs. Il fait venir un ou deux conteneurs dans l’année», ajoute-t-il. M. Ouédraogo estime qu’il n’y a aucun danger sanitaire lié à l’utilisation de ces objets importés. «Les clients vont les laver avant toute utilisation», argumente-t-il. Pour lui, les précautions à prendre, c’est surtout au niveau des barriques destinées à contenir les différents articles.
«Après avoir vidé les barriques de leur contenu, nous les vendons. Le problème est que certains clients qui les achètent peuvent les utiliser à des fins de stockage d’eau de boisson sans les avoir préalablement lavés», déplore le commerçant. Mais il s’empresse de rassurer que conscient de cette éventualité, son frère prend le soin de bien laver lesdites barriques depuis l’Europe avec des produits avant leur acheminement au Burkina.
A l’inverse du commerçant Alain Ouédraogo, Jean Claude Bonkoungou, attaché de santé au CHU Yalgado Ouédraogo, fait remarquer qu’il existe bel et bien des risques sanitaires liés à l’utilisation de ces marchandises « France au revoir ». «Si les plats ou cuillères ont été utilisés par des tuberculeux, il y a un risque que les utilisateurs ultérieurs de ces ustensiles contractent aussi la tuberculose ou certaines maladies respiratoires», donne-t-il en guise d’exemple. En ce qui concerne la consommation des pâtes et huiles alimentaires, il ajoute que si elles sont mal conservées ou mal préparées, les consommateurs s’exposent à des gastro-entérites, c’est-à-dire des infections intestinales caractérisées par des diarrhées, des crampes d’estomac, des nausées, des vomissements et de la fièvre.
M. Bonkoungou conseille aux amateurs d’ustensiles «France au revoir» de bien les rincer après les avoir trempés dans de l’eau bouillante. Quant aux produits alimentaires, «c’est mieux de les éviter», conseille-t-il.
Quelles que soient les raisons qui poussent certains à privilégier ces produits « France au revoir », ils devraient se soucier prioritairement de leur santé, à la lumière des risques ci-dessus mentionnés. De son côté, l’Etat devrait se pencher sur la question de l’importation anarchique de ces marchandises «France au revoir».
Aly Tinto (Stagiaire)