Lasses, selon elles, du mépris total du ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat pour leur plateforme revendicative, les organisations membres de la Coalition des associations pour la défense du droit au logement (CADDL) ont marché ce 16 mai pour interpeller directement le chef de la primature. Affirmant avoir été spoliés de leurs parcelles qu’ils occupent depuis des décennies lors des lotissements, les marcheurs disent espérer que le Premier ministre prendra à bras-le-corps ce problème de logement, car s’ils n’obtiennent pas satisfaction, ont-ils prévenu, c’est sur le palais de Kosyam qu’ils marcheront la prochaine fois.
Adjara Soudré est ménagère et habite le secteur 46, dénommé « Yamtenga ». Comme beaucoup d’autres femmes, elle a pris part à la marche du jour pour réclamer son lopin de terre qui, selon ses dires, aurait été attribué à une personne plus nantie durant le lotissement. « Les maires ont pris nos parcelles, sur lesquelles nous étions installés depuis près de 20 ans, pour les vendre aux plus riches. Nous sommes tous des Burkinabè au même titre et les autorités n’ont pas le droit de nous traiter de la sorte. Tout ce que nous réclamons, ce sont nos parcelles. Et que les personnes chargées des lotissements ne pensent pas que nous allons accepter d’être relogés en brousse. Quand nous acquérions les parcelles, c’était la brousse et maintenant que la ville s’est développée jusque là-bas on veut nous déloger pour donner les parcelles aux plus riches. Nous ne sommes pas d’accord. Nous voulons les terrains là où nous sommes actuellement », argue-t-elle. Et Willy Sanou, un autre marcheur, d’abonder dans le même sens : « Le processus de lotissement qui a été enclenché à Ouagadougou a été entaché de fraudes massives et de détournements de parcelles, si bien que ceux qui devaient bénéficier d’une parcelle n’en ont pas eu. Sous la Transition, des textes ont été adoptés pour réglementer le coût des logements dans la ville de Ouagadougou, mais ils ne sont pas suivis d’effet. A cela s’ajoute la prédation des espaces par les sociétés immobilières. Tout cela constitue des menaces au droit au logement des populations ». Cette marche vise donc, à son avis, à inviter les autorités à se pencher sérieusement sur cette question. Il ajoute que « contrairement à ce qu’affirme le ministre de l’Habitat, aucun Burkinabè n’exige qu’on trouve autant de parcelles que d’habitants, nous voulons juste des logements décents, ce que les autorités ne nous ont pas offert ».
Dans sa plateforme revendicative, la Coalition qui est à l’initiative de la marche du jour exige un apurement du lourd contentieux lié aux lotissements passés, notamment ceux qui ont été réalisés à l’époque où Simon Compaoré était maire de la commune de Ouagadougou, un audit sérieux seront associées les structures de lutte pour la transparence dans les opérations de lotissement, l’arrêt des actions des sociétés immobilières qui, selon elle, compromettent les chances des populations d’accéder à un logement décent. A cela s’ajoutent la relecture de la loi portant Réorganisation agraire et foncière, qualifiée d’antipopulaire avec des dispositions qui ne sont pas favorables aux couches pauvres, la baisse des loyers dans la ville de Ouagadougou ainsi que l’arrêt des démolitions des zones non loties associé à la construction de logements sociaux décents accessibles aux populations.
Le Premier ministre étant à l’Assemblée nationale pour sa Déclaration sur la situation de la nation, c’est le Secrétaire général du ministère de l’Habitat, Stanislas Goungounga, qui a reçu la plateforme de la Coalition afin de la transmettre à qui de droit.
Armelle Ouédraogo