Le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Dieudonné Maurice Bonanet, était face aux hommes de médias le mardi 7 mai 2019. Objectif : faire l’état de la situation du lotissement, de l’apurement du passif foncier, évoquer la résorption des zones non loties sans oublier les remous soulevés par les promoteurs immobiliers ainsi que d’autres questions relevant de son département.
La mesure suspendant les lotissements, en vigueur depuis 2013, n’a été levée qu’en 2018. Selon le ministre Dieudonné Maurice Bonanet, un décret de suspension prévoyait que le gouvernent pouvait, pour des raisons particulières de mise en œuvre de certains programmes prioritaires, autoriser exceptionnellement des lotissements. « C’est le cas des 86 chefs-lieux de communes rurales n’ayant pas encore connu de lotissement et des communes abritant des sites aurifères dont les populations devaient être relogées. Il en est de même du programme national de construction de logements ». A ce jour, 64 opérations de lotissement ont été lancées.
«Nous réaffirmons qu’à ce jour, aucune autorisation de lotir n’a été délivrée à une société de promotion immobilière », a martelé le ministre de l’Habitat pour répondre à une rumeur selon laquelle on lotit pour les riches et non les pauvres. L’exercice de la promotion immobilière ainsi que les procédures sont définies par la loi et les documents de planification. Cette promotion a des aspects positifs mais doit être encadrée et tous les comportements anarchiques feront l’objet de sanctions appropriées, a ajouté le titulaire du maroquin de l’Habitat. « Nous avons instruit nos services techniques de procéder au contrôle de toutes les opérations des promoteurs immobiliers, à partir du 14 mai 2019, dans les communes rurales autour de Ouagadougou ».
En ce qui concerne l’apurement du passif du foncier urbain, la commission mise en place a pu produire un rapport sur le point des problèmes rencontrés dans 49 communes concernées, et les villes de Ouagadoudougou et Bobo-Dioulasso regroupaient à elles seules 85% des problèmes recensés. L’instabilité de certains membres de la commission, l’absence de rapporteurs du ministère de l’Economie liée au mouvement d’humeur et l’indisponibilité de local sont autant de problèmes qui ont retardé les travaux de la commission prévus pour durer 06 mois au départ, selon M. Bonanet. Mais déjà plusieurs commissions sont à pied d’œuvre et ont même déjà reçu la visite du premier responsable du département de l’urbanisme et de l’habitat.
Quant aux zones non loties, le Burkina Faso en compte 21 904 hectares dans 14 localités, précisément 13 228 hectares à Ouagadougou et 2030 hectares à Bobo-Dioulasso. Pour la résorption de ces zones, un document d’intervention stratégique dans les 13 régions et à Pouytenga, a été conçu, pour un programme de restructuration urbaine. Des concertations ont été menées avec les acteurs centraux et décentralisés. Un déploiement sur des trames d’accueil est prévu, ainsi que la réalisation de voiries primaires afin de désenclaver les zones et faciliter la construction d’immeubles et de bâtiments de type HLM. Selon le ministre, l’aménagement des zones non loties devrait pouvoir se financer lui-même. C’est pour cela qu’il est prévu des parcelles pour les habitants et d’autres parcelles notamment en bordure de voie seront vendues plus chères à des particuliers, à des coûts qui permettront une péréquation pour les zones situées à l’arrière.Pour ce qui concerne les rumeurs de déguerpissement, le ministère n’a procédé à aucun déguerpissement dans aucune zone non lotie ni à Garghin, ni à Silmiougou ni à Goudrin, ni à Yamtenga. « La mission du ministère est une mission de conseil et d’aménagement et non d’attribution », a tenu à souligner Dieudonné Bonanet.
Evoquant le programme national de construction de logements en 2017, encore appelé programme 40 000 logements, le conférencier du jour a fait savoir que 4000 de ces logements sont construits à ce jour. « Dans le cadre de l’accélération du programme, nous venons de signer dans le premier trimestre des conventions avec 3 promoteurs internationaux pour la réalisation de 26 000 logements ; ce en plus des efforts consentis par les promoteurs immobiliers nationaux », a-t-il précisé.
Pour ce qui est de la loi CNT portant sur le bail d’habitation privée au Burkina Faso, des rencontres de concertation avec les différents acteurs concernés pour sa mise en œuvre, son décret et son arrêté se sont déjà tenues. Ces concertations ont permis d’évaluer les montants des baux en fonction des commodités ainsi que de la zone habitée. Une vaste campagne de communication est d’ailleurs prévue et démarrera d’ici juin 2019. Après cette étape, des contrôles seront effectués afin de vérifier le respect effectif de la loi. L’accroissement de l’offre à travers des actions comme le programme de 40 000 logements permettra également d’influer sur les loyers.
Armelle Ouédraogo/Aly Tinto (Stagiaire)