Les accidents de la route font 1,3 million de décès annuellement. Au Burkina Faso, environ 13 cas d’accidents mortels de la circulation routière sont enregistrés par jour, selon l’Office national de la sécurité routière (ONASER). Les plus dramatiques sont parfois ceux incluant des véhicules poids lourds. En effet, en l’espace de deux semaines, deux élèves de la ville de Ouagadougou ont été « écrasés » par des véhicules de ce type de gabarit qui, en plus, circulaient en dehors des heures prévues par la réglementation nationale. Ces drames ont suscité l’indignation de nombre de Ouagalais. Lisez leurs propositions pour une meilleure sécurisation des élèves sur les routes.
Alfred Wenceslas Yaméogo, professeur des lycées et collèges : « A mon avis, il faut réintroduire l'éducation civique dans les programmes d'enseignement.C’est un canal par lequel les élèves peuvent assimiler le b.a.-ba du Code de la route. Il conviendrait également de sensibiliser, par des spots publicitaires, les scolaires aux dangers de la circulation et surtout d’appliquer les lois régissant la circulation des poids lourds dans les grandes villes. Le transport en commun peut constituer une solution palliative s’il est rendu beaucoup plus accessible au plus grand nombre, avec davantage de bus et qui proposeront des tarifs mieux étudiés pour les bourses. Pour les parents qui ont beaucoup d'enfants à l'école, le problème de moyens financiers peut se poser. Certains préféreront donner de simples bicyclettes à leurs enfants, d’autant plus que la situation financière de nos familles n'est pas des plus reluisantes. Le bus, c’est vraiment l'idéal si le prix du ticket n’excède pas 50 F CFA par exemple ».
Cécile Sanou, parent d’élève : « En circulation, il est difficile de garantir la sécurité de quelqu'un car nul n'est à l’abri d'un accident. Cependant, on peut intensifier la sensibilisation de la population, en général, et des élèves, en particulier, au respect du Code de la route.D’autre part, intégrer le Code de la route dès la maternelle pourrait aider à cultiver le civisme routier dès le bas âge. Les autorités communales devraient veiller au respect strict des textes relatifs à la circulation, surtout celle des camions, et ne pas hésiter à sanctionner sévèrement les fautifs en cas de non-respect de la réglementation».
Yiyé constant Bazié, programmeur : « Je pense qu'il faut instituer, comme pour certains mouvements tels que la Croix-Rouge, le scoutisme, et autres, des cours sur la sécurité routière dans nos établissements. Ce serait déjà une bonne option du côté des établissements. En ce qui concerne les parents, l'invite à la prudence est déjà la première chose qu'ils font et doivent continuer de faire. Pour l'autorité, notamment celle communale, il faut veiller essentiellement au respect des textes en vigueur en matière de sécurité routière et aussi à la relecture de ceux-ci quand ils deviennent obsolètes. La veille citoyenne doit se faire à tous les niveaux. Les transports en commun pourraient être plus utilisés en ce sens que cela va permettre aux parents d'être en confiance quand leurs enfants sont dans la circulation ».
Alexandre Ouédraogo, élève : « Je suggère aux autorités communales de voir le cas de la circulation des engins lourds, qui sont très souvent impliqués dans les accidents mortels parce qu’ils font de la vitesse. Qu’on saisisse ces camions et qu’on en sanctionne les conducteurs indélicats. Cela pourrait contribuer à les dissuader de circuler à des heures pendant lesquelles ils ne sont pas autorisés à le faire. Il faut aussi une sensibilisation des élèves et étudiants pour amener les gens à respecter scrupuleusement le Code de la route, porter un casque et surtout rouler avec prudence ».
Gondé Souleymane, étudiant : «Il faut une volonté politique de nos autorités. Par exemple lorsque les autorités prennent des décrets et qu’ils ne sont pas appliqués, cela pose problème. Concernant l’élève qui a récemment perdu la vie, l’accident s’est produit à une heure de pointe. Alors qu’il y a une réglementation qui régit la circulation de ces gros engins. Et si ces décrets ne sont pas appliqués, ça sera toujours compliqué. Je lance donc un appel aux autorités afin que les décrets soient mis en application pour éviter tous ces désagréments.
En ce qui concerne les usagers de la route, il faut reconnaître que nous ne sommes pas attentifs en circulation et faisons de l’excès de vitesse. Il faut que nous revoyions nous-même notre façon de circuler dans la ville de Ouagadougou. Il faut aussi veiller à porter un casque de telle sorte que si tu tombes ça puisse te protéger un tant soit peu. Au-delà de cela, il faut que nous respections les feux tricolores. J’ai aussi remarqué que beaucoup de personnes ne maîtrisent pas le Code de la route. Je propose donc que cela soit inscrit dans le programme au niveau des écoles».
Propos recueillis par Armelle Ouédraogo/Neya Pema (Stagiaire)