Réunie en assemblée générale le vendredi 5 avril 2019, la Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE) a décidé d’un arrêt de travail de 24 heures le 18 avril à venir. En français facile, les personnels de l’éducation observeront une grève de 24 heures à ladite date. Interrogé par Radars info Burkina (RIB), Souleymane Badiel, secrétaire général de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER) et responsable à l’organisation de la CNSE, nous fait le point de cette assemblée générale.
Quelles sont les grandes lignes de votre assemblée générale ?
C’est une assemblée générale qui fait a le bilan de la mise en œuvre des engagements après les deux mois de suspension que nous avons annoncés en fin janvier. Le bilan montre qu’en ce qui concerne les engagements essentiels, les avancés ne sont pas assez notables. Donc le bureau a décidé d’une journée de protestation le 18 avril 2019. Cette journée sera particulièrement ponctuée de marches. Il est vrai que les attentes de nombreux travailleurs allaient au-delà de cela, parce que certains s’attendaient à ce qu’on arrête tout ici et maintenant. Cela montre véritablement que sur le terrain les gens ne sont pas du tout satisfaits de la façon dont le gouvernement met en œuvre ses engagements. Mais c’est la responsabilité du bureau aussi de bien conduire les actions. Pour l’instant, il a été décidé que ce sont 24h ponctuées de marches qui auront sur l’ensemble du territoire à la date susmentionnée.
Comme vous l’avez dit, certains militants de la coordination ne sont pas du tout satisfaits de la façon dont le bureau a géré cette affaire. On sait également que d’autres murmuraient que le bureau a vendu le mouvement. Comment réagissez-vous à ces propos?
Vous savez, ces réactions ne sont pas nouvelles. Personnellement en tant que secrétaire général de la F-SYNTER, j’ai entendu de tels propos au moment de la lutte. Vous savez, un travailleur qui n’a pas l’habitude de mener des luttes et qui ne voit que ce qui tombe sur son bulletin de salaire n’analyse pas le problème en tenant compte du contexte. Mais un bureau, ça a des responsabilités ; on ne peut donc pas faire comme le travailleur lambda qui pense qu’il faut faire des grèves illimitées, mener des actions illégales. Il y va de notre responsabilité. Vous savez, des responsables vendus je ne sais pas s’ils sont encore en mesure de mettre en œuvre des actions sur le terrain. Dans tous les cas, les militants qui sont dans nos structures et qui travaillent à les faire vivre sur le terrain ne diront jamais cela parce qu’ils savent que cela n’arrivera jamais. A notre avis, ces ragots visent parfois à démoraliser.
Pour en revenir à votre assemblée générale, quels sont les points d’achoppement entre vous et le gouvernement ? Qu’est-ce qui n’a pas marché ?
S’agissant des points d’achoppement, comme je l’avais dit, il y a des attentes sur des dossiers des engagements importants par exemple le statut valorisant. C’est quand même de la carrière des agents qu’il est question ! Jusque-là les choses ne sont pas encore finalisées sur cette question. Il y a des désaccords en matière de nomenclature, quand bien même il faudrait reconnaître que nous avons fait d’énormes concessions sur la question. Je prends aussi la question des indemnités, que ce soit de logement ou celles spécifique : il avait été annoncé que ce serait fini en novembre dernier. Nous sommes en avril, on n’a même pas encore atteint le règlement de cette question à hauteur de 60% pour la première tranche alors qu’elle comporte deux tranches. On devait même finir la deuxième tranche maintenant. Il y a des questions importantes dont le règlement doit permettre d’améliorer davantage et les conditions de vie et les conditions de travail et c’est à ce niveau-là que ça coince.
Nous avons rencontré le gouvernement quelques jours avant la fin du mois pour un peu revenir sur les avancées de la négociation entre l’exécutif et votre coordination. Le ministre avait souligné qu’à leur niveau les choses avançaient et que tout se faisait en concertation avec la Coordination. Au regard de ce que vous venez de dire, peut-on dire c’est du dilatoire que le gouvernement fait ?
C’est exactement le terme que nous avons utilisé hier. Dans le point que nous avons fait et dans la correspondance que nous avons envoyée annonçant la grève, c’est exactement ce terme que nous avons utilisé.
Après le 18 avril si les choses n’avancent pas, qu’est-ce que la Coordination a dans sa poche pour continuer de mettre la pression au gouvernement ?
Si ça n’avance pas, les choses ne vont pas rester comme elles sont.
Peut-on craindre que les examens de fin d’année soient pris en otage ?
Je ne saurais le dire, ça dépendra de l’évolution de la situation.
Propos recueillis par Edwige Sanou