Ces dernières années, le terrorisme a connu une recrudescence, au point qu’il n’est plus seulement l’affaire des forces de défense et de sécurité mais aussi celle de toute la population. Dans cette lutte contre les forces du mal, les femmes, qui représentent plus de 52% de la population burkinabè, ont un rôle très important à jouer.
Les femmes jouent un rôle non négligeable dans la résolution des conflits et se présentent comme des actrices de premier plan, pour détecter et corriger au sein de leurs familles les premiers signes de radicalisation et d'extrémisme et pour comprendre les facteurs susceptibles d'influencer les choix de leurs enfants. « La famille étant la cellule de base de la société, si la femme apporte sa contribution à la prévention au phénomène de radicalisation, beaucoup de choses peuvent changer »,soutient Jules Zongo, directeur provincial de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire du Boulkiemdé.
Il faut savoir que cette contribution de la femme à la lutte contre le terrorisme passe aussi par un renforcement de ses capacités. En effet, grâce aux formations la gent féminine sera en mesure d’identifier les premiers signes de radicalisation, de lancer l’alerte s’il le faut et, surtout, de sensibiliser la communauté. C’est donc dire qu’à l’issue des formations, les participantes serviront de relais entre leurs familles et leur communauté. De l’avis de la députée Assétou Fofana, « la majorité des mamans sont analphabètes, mais elles sont de braves femmes, très intelligentes, qui veulent agir. Toutefois, on ne peut pas agir si on n’est pas informé ; il faut savoir pour agir ».
Miser sur les femmes est stratégique. Dans les foyers, elles sont les premières à pouvoir détecter les attitudes à risque chez leur mari ou leurs enfants. Un changement dans le comportement, un isolement soudain ou des allers-retours suspects dans les zones d’opération des groupes armés peuvent être des signes annonciateurs. Elles peuvent ainsi empêcher que leurs proches tombent dans l’endoctrinement et la lutte armée.
Les femmes payent le plus lourd tribut à cette situation d’insécurité avec des cas d’atteinte à l’intégrité physique, mais aussi la perte de leurs époux et de leurs enfants qui sont en général les pourvoyeurs de revenu, sans oublier qu’elles sont souvent à la fois victimes et actrices de ces violences perpétrées par les groupes armés.
Edwige Sanou