jeudi 21 novembre 2024

Vendeurs de crédits de communication aux feux tricolores : un métier certes fatigant, mais qui nourrit son homme

recharge uneIl n’y a pas de sot métier, a-t-on coutume de dire. Ainsi, pour assurer leur pitance quotidienne, beaucoup de jeunes gens s’adonnent à la vente de crédits de communication. Positionnés, pour certains, à proximité des feux tricolores, ils bravent quotidiennement le soleil et les dangers de la circulation routière pour gagner dignement leur vie.

René Yamkoudgou est vendeur de crédits de communication, couramment appelés unités, depuis une dizaine d’années. Avant de s’installer aux feux tricolores sur l’avenue Mouhammar Kadhafi, il menait son activité à la ZAD. C’est suite aux travaux de construction de l’échangeur de Ouaga 2000 qu’il quitte la ZAD pour son point de vente actuel. Des vendeurs d’unités comme lui, on en trouve à presque toutes les grandes artères de la ville de Ouagadougou. Que ce soit sur l’avenue Bassawarga, au boulevard de l’Insurrection ou encore sur l’avenue des Tansoaba, ils ne passent pas inaperçus, à l’affût de tout potentiel client. Même si la tâche n’est pas aisée et le gain pas toujours au rendez-vous, beaucoup d’entre eux se disent fiers de ce travail qui leur permet de vivre sans avoir à tendre la sébille ou à voler. « J’ai une femme et cinq enfants et c’est grâce à la vente d’unités que j’arrive à  m’occuper d’eux. Je paye la scolarité de mes enfants, je les nourris et les soigne avec l’argent que je tire de la vente. En tout cas, je rends gloire à Dieu », confie René Yamkoudgou. Même son de cloche chez Mahmoudou Sawadogo, vendeur de crédits de communication depuis maintenant trois ans. « Avec ce que je gagne, j’arrive à me nourrir, à payer ma maison et même à envoyer un peu d’argent à mes parents restés au village. Même si ce n’est pas beaucoup, ça les aide à nourrir mes petits frères qui vivent toujours avec eux et j’en suis fier», affirme-t-il.

D’un point de vente à l’autre, les recettes des vendeurs de crédit varient. Si certains préfèrent ne pas se prononcer sur leur recette journalière, d’autres par contre n’en font pas un secret. Mamadou Sawadogo avoue que sa recette journalière varie entre 15 000 et 25 000 FCFA. Et lorsqu’il y a bonus, cette recette peut passer du simple au double, voire au triple.

recharge 2Certes, la vente de crédits de communication semble nourrir son homme, mais des difficultés, il n’en manque pas. « Les voleurs nous agressent souvent à la fin de la journée pour prendre notre argent. Il y a aussi des clients avec qui la confiance s’est installée, qui nous demandent souvent de leur envoyer des unités, surtout pendant les périodes de promotion, mais qui après ne payent pas. Une fois, un client m’a demandé de lui envoyer 10 000F de crédit de chacun des opérateurs nationaux de téléphonie mobile, m’assurant qu’il me paierait le lendemain en partant au boulot. Le lendemain il a changé de route et je ne l’ai plus jamais revu. 30 000F de crédit, c’est une perte considérable pour moi », déplore René Yamkoudgou. A ces désagréments s’ajoutent les dangers que représente la circulation routière pour ces vendeurs. Dans la précipitation, certains traversent sans regarder, et un drame est vite arrivé.

Même s’ils disent être fiers de garantir leur pitance quotidienne grâce à la vente des unités,  certains vendeurs ne comptent pas s’éterniser dans cette activité. Et d’argumenter qu’elle ne constitue, en réalité, qu’un tremplin pour pouvoir réaliser leurs rêves.

Armelle Ouédraogo

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