La Nouvelle-Zélande, si réputée pour son vivre-ensemble, vient de vivre l’attentat le plus meurtrier de son histoire. 49 fidèles musulmans ont été abattus froidement par un suprématiste blanc.
49 personnes ont été tuées pendant la prière du vendredi dans des attaques contre deux mosquées de la ville de Christchurch. Le tireur a été identifié comme un Australien de 29 ans proche des milieux suprématistes blancs.
Jusque-là, la Nouvelle-Zélande semblait être synonyme de vivre-ensemble. Il y a plus d’ethnies sur cette île qu’il n’y a de pays dans le monde. Dans les sondages, deux tiers des Néo-Zélandais se disent être heureux du multiculturalisme de leur pays.
Pour le professeur Paul Spooney, doyen à Massey University, cet attentat était impensable pour la plupart des Néo-Zélandais : "Nous n'avons jamais vraiment pris l'extrême droite très au sérieux en Nouvelle-Zélande parce que cela ne fait pas partie de notre expérience politique normale. Et ce groupe est vraiment très marginal. Il y a eu un ou deux crimes raciaux par an qui ont été ignorés parce qu’on sait comment fonctionne notre société et je pense que beaucoup de gens ici seront surpris d'apprendre qu'il y a en fait un mouvement suprématiste blanc en Nouvelle-Zélande. "
Le tueur a tout filmé
Si le tireur présumé avait échappé à l’attention des autorités et du public jusqu’à hier, c’est qu’il avait limité son action politique aux réseaux sociaux. Il semble avoir pris exemple sur d’autres terroristes d’extrême droite en Europe et aux États-Unis, notamment en publiant un manifeste islamophobe sur Facebook quelques heures seulement avant l’attentat.
Le rôle de Facebook plus généralement fait l’objet de critiques, le tireur y ayant diffusé l’attentat en live. Paul Spooney : "Devons-nous continuer à laisser les plateformes s’autoréguler ? Compte tenu des conséquences d'aujourd'hui, je pense qu'il faut s'attendre à ce que le gouvernement commence à intervenir. Nous avions un environnement beaucoup plus permissif et nous allons donc nous tourner vers l'étranger pour voir ce que font des pays comme l'Allemagne pour limiter ces discours."
Indignation mondiale
Si l’idéologie du tireur représente une aberration au niveau néo-zélandais, M. Spoonley maintient que l’acte terroriste d’hier changera la face du pays qui avait jusqu’ici échappé à ce type de menace : "Je pense que c'est un de ces moments qui change un pays, à l'intérieur mais aussi à l'échelle internationale. Nous avons rejoint le reste du monde… ce qui est très décevant."
A l'international, les condamnations sont unanimes. Un "acte de violence insensé", selon l'Union européenne et le Pape Francois, un "horrible massacre" pour les Etats-Unis.
La chancelière allemande Angela Merkel a dénoncé "une haine raciste contre des personnes qui priaient pacifiquement dans leurs mosquées".
Le président turc a de son côté mis en garde contre la montée de l'islamophobie. Recep Tayyip Erdogan appelle les pays occidentaux à prendre "des mesures urgentes" pour éviter d'autres "catastrophes".