La culture hors-sol est une pratique qui tend à se vulgariser au Burkina Faso. Ce système de production, de prime abord complexe, est en réalité une technique de culture accessible à tout le monde. Radars info Burkina est allé à la rencontre de Michel Gnada, chargé de communication de Napam Beogo et praticien de la culture hors-sol, pour une meilleure connaissance de cette pratique agricole.
Radars Info Burkina : Que doit-on entendre par culture hors-sol ?
Michel Gnada : Comme l’expression l’indique, c’est toute culture qui est pratiquée en dehors du sol. Cela se fait souvent dans des récipients tels que des sacs, des seaux, des bassines, des bidons usagés et souvent même des objets de récupération. Il suffit de mettre de la terre dans ces récipients. Au besoin, on peut y ajouter du compost et on peut alors semer ce que l’on veut. Nous avons décidé de nommer notre technique « jardin mobile ».
RIB : Peut-on tout cultiver en hors-sol ? Si oui, cette pratique est-elle adaptée à toutes les saisons ?
MG : On peut produire plusieurs types de culture tels que la laitue, les herbes, les épinards, le basilic, la menthe, le chou et le piment. Cependant, certaines spéculations comme le maïs sont plus complexes à réaliser par cette technique. Absolument, on peut faire la culture hors-sol toute l’année.
RIB : Quelle est votre vision en matière de culture hors-sol ?
MG : Nous, nous faisons la promotion de la culture bio. Notre principal objectif, c’est de sensibiliser les ménages à la culture hors-sol bio, c'est-à-dire sans intrants chimiques, pour que chaque famille soit indépendante. On a constaté que nos marchés sont envahis par des denrées infestées de produits chimiques, ce qui n’est pas sans conséquence sur la santé du consommateur. En plus des ménages, nous avons aussi en projet les lycées et collèges pour sensibiliser aussi bien les élèves que les enseignants à l’importance de cette technique de culture et aussi pour que dès le bas âge, les enfants se familiarisent avec les plantes, la nature et même le métier d’agriculteur.
RIB : Quelles sont les difficultés de cette pratique ?
MG : La difficulté majeure, c’est souvent les insectes qui envahissent les plantes. Mais à notre niveau, nous avons des produits bios faits à base de piment ou de neem pour repousser les parasites. L’autre difficulté, c’est la qualité de la terre, parce que ce n’est pas n’importe quelle terre qui peut être utilisée. Si la terre n’est pas de bonne qualité, il est possible d’y associer du compost.
RIB : Selon vous, en quoi la culture hors-sol est-elle importante ?
MG : Comme je l’ai déjà dit, notre ambition est d’amener les familles à être indépendantes à travers la culture hors-sol. En plus d’être plus économique, cela protège de certaines maladies en ce sens que tu sais ce que tu as planté, donc ce que tu manges. A cela il faut ajouter que la culture hors-sol est une alternative à l’autosuffisance alimentaire au Burkina. Comme on le sait, il y a un sérieux problème de terres cultivables au Burkina. Avec la culture hors-sol, on n’a pas besoin de beaucoup d’espace, sans compter que c’est une pratique très économique en eau. C’est pourquoi j’invite vraiment la population burkinabè à s’y intéresser.
Propos recueillis par Edwige Sanou