S’il est encore trop tôt, à deux ans de l’élection, pour pronostiquer, certains noms de candidats potentiels ont émergé. Alassane OUATTARA, 76 ans, affirmait en 2016 qu’il ne comptait pas se représenter, son règne étant en principe limité à deux mandats. Mais une imprécision dans la nouvelle Constitution, approuvée il y a deux ans par référendum, laisse aujourd’hui planer le doute. « En politique, on ne dit jamais non », a déclaré publiquement pour la première fois le président ivoirien dans un entretien accordé à France 24. « Attendez 2020, vous connaitrez ma réponse à ce moment-là », a-t-il ajouté. Pour avoir les avis de la population burkinabè sur la question, Radars Info Burkina est allé à la rencontre de quelques citoyens.
Mme TAPSOBA : « Les textes sont claires, candidature présidentielle c’est cinq (05) ans renouvelable une fois. Soit dix (10) ans maximum. Il serait préférable de veiller au maintient de la démocratie dans les pays africains, afin d’éviter la reproduction des événements de 2011, qui ont entrainé une crise politique en Côte d’Ivoire. Laquelle crise a engendré une importante perte en vie humaine, la division du pays et des dégâts matériels énormes ».
Un commerçant : « Cela m’étonnerait vraiment qu’Alassane ait l’audace de se présenter une nouvelle fois, vu comment il est arrivé au pouvoir. Il avait bien dit qu’il ne n’allait pas excéder les deux mandants et maintenant il veut dire autre chose. Pour l’instant, ce ne sont que des paroles. Il n’ose pas se présenter pour un troisième mandant sinon la Côte d’Ivoire va brûler une nouvelle fois ».
Joël OUEDRAOGO, étudiant : « Alassane Dramane OUATTARA est connu comme un homme qui va toujours au bout de ses décisions, très imprévisible, aime et ne vacille point face au danger. Mais la question est ce qu’il remportera les élections ? Cela m’étonnera beaucoup. Le courage tous les hommes politiques l’ont, mais une appréciation de leur peuple respectif, peu l’ont et c’est loin d’être le cas de notre éléphant. Se présenter est une chose, mais remporter en est une autre. A mon humble avis, si par malheur il la remporte, cela déclenchera une nouvelle crise, car à l’heure actuelle, il n’est pas seulement rejeté, il est détesté et haï par plus de la moitié du la population ivoirienne, et son succès à l’élection sera qualifié de fraude et son départ du pouvoir sera immédiatement réclamé. Certains diront que cette question aura une réponse qu’après officialisation de la liste des candidats aux élections présidentielles, car cet homme est à la fois chaud et froid ».
Augustin DICKO : « Il veut enflammer la Côte d’Ivoire. Il est venu par le feu, il veut continuer avec ce feu. Il a même dit que lui, il est venu pour deux mandats. Après cela tu veux quoi d’autre ? Faut partir. Pourquoi veut-il faire un troisième mandat ? C’est qu’il se reproche quelque chose. Si tu veux t’éterniser au pouvoir c’est qu’il y a quelque à cacher. Sinon tu repars calmement. Quand il est arrivé il n’a pas pu faire de réconciliation, du moment qu’il a envoyé des gens à la CPI, il ne peut pas y avoir de réconciliation. A Bouaké l’armée gouvernementale n’est jamais arrivée là-bas, mais il y a eu des attaques à Bouaké. Qui a tué ces gens ? Qu’il fasse pardon et laisser le pouvoir. Si on le poursuit c’est cela. Sinon c’est sa chance. Pourquoi il a chassé Laurent GBAGBO, donc il fallait laisser GBAGBO faire sont troisième mandat. C’est simple. Toi tu proclames que ce que GBAGBO faisait n’était pas bien maintenant c’est toi tu veux faire de même. Qu’il nous respecte. Si lui-même il veut la paix en Côte d’Ivoire, il faut qu’il quitte le pouvoir. Le PDCI va faire pour lui et il peut revenir s’il veut. Comme Blaise COMPAORE a refusé cela ici vous avez vu ? S’il avait accepté partir calmement, il pouvait revenir après. Souvent, ce sont nos dirigeants qui créent des problèmes dans les pays. Si les dirigeants écoutaient un temps soit peu le peuple, il n’y aurait pas ces genres de problèmes ».
Souleymane SAWADOGO : « Moi je veux qu’on interdise la possibilité de faire le troisième mandat. Si le candidat arrive à faire deux mandats c’est largement suffisant. Quand on veut beaucoup on perd tout. C’est parce que cela n’est pas bien que je suis contre. Le président Alassane doit tirer des leçons de ce qui s’est passé au Burkina. Qu’il se réfère à cela et quitte tranquillement le pouvoir. Il y a ses enfants, ses petits enfants qui rêvent de diriger aussi le pays. Qu’il laisse aussi la chance à ces derniers de le faire. Je suis contre le troisième mandant ».
Alfred, journaliste : « Du moment où cette hypothèse de troisième mandat en 2020 pour Alassane Ouattara est remis en cause par l’opposition politique ivoirienne, pour moi cette option n’est vraiment pas envisageable. Pour ne pas que ce pays que nous aimons tant arrive aux armes, il serait préférable que ADO respecte la constitution ivoirienne qui limite à deux le nombre de mandat présidentiel. En somme, pour moi cette probable candidature n’est pas politiquement correcte. C’est une position qui n’est pas intellectuellement correcte ni acceptable par l’opposition et s’il ne fait pas attention, la Côte d’Ivoire pourra de nouveau sombrer, et ce serait vraiment déplorable ».
Propos recueillis par Edwige SANOU