Comme il est de coutume depuis le 08 mai 2018, l’opposition politique burkinabè était ce mardi 29 mai 2018, pour donner son analyse sur la situation nationale. Animé par le professeur Mamadou DICKO, président de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA) et monsieur Victorien TOUGMA, président du Mouvement africain des peuples (MAP), ce point de presse a porté essentiellement sur des questions d’actualité comme le démantèlement du réseau terroriste à Ragnongo, la rupture des relations diplomatiques avec Taïwan et le rétablissement des relations avec la Chine populaire, la révision du code électoral et le climat social et la remise à plat du système de rémunération des agents de l’Etat.
A ce qui est convenu désormais d’appeler le traditionnel point de presse hebdomadaire du gouvernement, essentiellement trois sujets ont animé les débats. Il s’agit notamment de la rupture de la rupture des relations avec Taïpei et le renouement des relations avec Pékin, la révision de la constitution et la fronde sociale.
Par rapport à la rupture des relations diplomatiques avec Taïwan, l’opposition politique dit prendre acte de la décision du gouvernement de consommer le divorce avec la « petite Chine » et de convoler en secondes noces avec la Chine Populaire. Cependant, elle observe avec regret que le président du Faso n’a pas remercié Taïwan pour les riches moments d’amitié et de coopération entre les deux pays. « Nous avons déploré que le président du Faso n’ait pas écrit pas remercié par écrit et solennement Taïwan qui est avant tout un ami. Malheureusement, nous constatons que c’est comme un trophée exhibé par le ministre des affaires étrangères, le fait d’avoir quitté Taïwan pour rejoindre la Chine populaire. Ce qui est véritablement indécent. Sur la photo officielle, le ministre chinois était un peu gêné pendant que notre ministre des affaires étrangères jubilait », a expliqué Victorien TOUGMA, président du MAP.
Aussi, invite-t- elle le gouvernement à créer des relations à la fois économique et commerciale avec Taïpei afin de pérenniser ses relations économiques avec ce pays ami et allié. Toutefois, selon l’opposition, cela est fonction de la manière dont le divorce a été prononcé. « Tout cela dépend de la manière dont on se quitte. Si l’on se quitte avec mépris, c’est possible, mais cela peut prendre beaucoup de temps », a noté le président du MAP.
En tout état de cause, Zéphirin DIABRE et ses camarades tiennent à rassurer le peuple burkinabè quant à sa vigilance pour que cette nouvelle idylle avec Pékin « serve les affaires du Burkina Faso et non le Burkina des affaires ». Cela, car l’opposition est sceptique quant au gain que le Burkina Faso pourra tirer de cette nouvelle amitié. « La Chine Populaire par rapport à la grandeur de sa population, est un pays aussi permanemment à la quête d’emplois pour sa population. Ils ne créent généralement pas d’emplois dans les pays où ils font des réalisations. On a déjà l’expérience avec la construction du stade du 4 août où ils sont venus avec leurs employés », explique le professeur Mamadou DICKO, président de la NAFA.
En ce qui concerne la révision de la constitution entamée par le gouvernement, l’opposition regrette qu’aucun de ses amendements n’ait été pris en compte. « À la limite, nos amendements ont été royalement ignorés », a noté le président TOUGMA. Pour l’opposition, cet avant-projet de constitution pose un problème, car il veut empêcher totalement la majorité des Burkinabè vivant à l’extérieur de voter. En effet, dans l’ancienne disposition du code, les Burkinabè de l’étranger pouvait voter en utilisant soit la carte nationale d’identité, soit la carte consulaire qui est d’ailleurs biométrique ou le passeport burkinabè. Selon l’opposition, le gouvernement veut remettre en cause les dispositions actuelles de ce code pour non seulement supprimer la carte d’électeur, mais mieux encore exiger que les Burkinabè de la diaspora apportent leur certificat de nationalité burkinabè pour pouvoir voter. Ce qui selon le professeur DICKO n’est pas évident, même pour ceux qui vivent sur le sol burkinabè. « C’est une manière délibérée à la limite qui peut tendre vers une fraude pour empêcher nos compatriotes de voter », estime t-il.
Aussi, pour l’opposition, le fait de vouloir utiliser exclusivement la carte d’identité burkinabè qui est sous la tutelle du ministère de l’Administration territoriale et de la sécurité fait que ce n’est pas évident qu’il n’y ait pas de possibilité de fraude. Pour elle, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est en principe la seule institution habilitée à délivrer une carte d’électeur. « Nous exigeons qu’on respecte les dispositions actuelles de l’article 50 du code électoral qui permet aux Burkinabè de l’étranger de voter avec leur carte consulaire ». Il ya un recul démocratique. Il n’ya pas de raison que le pouvoir MPP choisisse ceux-là qu’il veut pour qu’ils votent. Il faut qu’il arrête d’avoir peur du vote des Burkinabè de l’étranger », a martelé le président du MAP.
Quant au climat social que l’opposition trouve qu’il est de plus en plus exécrable. Ce qui pour elle fait planer des inquiétudes sur les conséquences néfastes de ce bras de fer entre syndicats et gouvernement, notamment sur l’avenir du pays sur le plan économique, financier et au niveau de la paix sociale.
Aussi, la question que l’opposition se pose, c’est de savoir si le gouvernement peut à lui seul avoir raison contre tous les syndicats, car note t-elle, « ce n’est pas un seul syndicat, mais tous les syndicats qui sont en désaccord avec le gouvernement, depuis l’arrivée de Roch Marc Christian KABORE au pouvoir ». C’est pourquoi, elle estime que « le pouvoir devrait quand même avoir de l’humilité et reconnaitre que quelque part son management n’est pas tout à fait à la hauteur des attentes des syndicats ». L’opposition fustige de ce fait « l’hypocrisie du gouvernement qui passe le temps a annoncé qu’elle va ouvrir des négociations et qui finalement fait du dilatoire en réduisant les libertés syndicales au regard des questions sur la légalité des sit-in au Burkina ».
Pour l’opposition, le gouvernement ne mesure pas la portée d’une division sociale au pays des hommes intègres. « On est en guerre contre le terrorisme et quand un pays est en guerre, il ne peut pas se permettre d’être désuni », note Victorien TOUGMA qui estime par ailleurs que le gouvernement veut opposer les Burkinabè contre les travailleurs. L’opposition dans son ensemble donc appelle les autorités à calmer le front social avec surtout le souci de l’intérêt général et non des intérêts partisans.
Le démantèlement du réseau terroriste à Ragnongo, n’a pas aussi été occulté à ce point de presse hebdomadaire. L’opposition politique félicite les forces de sécurité intérieure pour leur bravoure et salue l’engagement de la population qui a dénoncé ces forces du mal. Aussi, souhaite-t-elle que ces genres d’actions de lutte contre le terrorisme continue sur toute l’étendue du territoire.
Candys Solange PILABRE/ YARO