Le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) a convié les hommes et femmes de médias, aujourd'hui samedi 1er août 2020 dans la matinée à son siège, à son tout premier numéro du Club de la presse physique. Placé sous le thème «Organisation des élections couplées de 2020 : Etat des lieux du processus électoral», il a été animé par Newton Ahmed Barry, président de Commission électorale nationale indépendante (CENI). M. Barry a abordé, entre autres questions, celles du fichier électoral, du vote des Burkinabè de l’extérieur et du dépôt des candidatures.
En ce qui concerne la révision du fichier électoral, la fin du processus d’enrôlement des électeurs était prévue pour le 31 mars mais à cause de la pandémie de COVID-19 et du problème sécuritaire, c’est finalement le 17 juillet 2020 que cette opération a été bouclée. Actuellement, la CENI travaille sur le « chronogramme qui va nous conduire au 22 novembre avec les différents jalons prescrits par le Code électoral », a informé le président de la CENI, qui avait pour la circonstance à ses côtés Sidiki Dramé, président en exercice du comité de pilotage du CNP-NZ et par ailleurs modérateur du jour.
S'agissant des candidatures, le 13 septembre la CENI arrêtera la liste des candidats aux législatives. Pour les candidats au fauteuil présidentiel, c'est vers le 11 octobre que leur liste sera arrêtée. « Mais avant cela, il y a les parrainages pour la présidentielle qui doivent normalement commencer 90 jours avant le 22 novembre. Très bientôt, la CENI va donc rencontrer les candidats et la classe politique pour mettre à leur disposition les outils nécessaires pour obtenir lesdits parrainages», a précisé Newton Ahmed Barry. Il a ajouté que tout candidat à la présidentielle, en plus des autres conditions qu'il devra remplir, devra obtenir au moins 50 parrainages d’élus nationaux ou locaux, c'est-à-dire des députés ou des conseillers municipaux. Après la phase du terrain, la CENI publiera la liste électorale provisoire en mi-septembre et celle définitive qui va servir aux élections le 22 novembre sera rendue publique le 21 octobre, soit 30 jours avant la date des élections.
« Pendant ce processus, il y a eu plus de 2 300 000 enrôlés. Les 18 à 35 ans, hommes comme femmes, représentent 52% de ceux qui se sont enrôlés nouvellement. Les femmes, elles, en représentent 42%. Les deux plus grandes villes du pays, à savoir Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, représentent plus de 40% de ceux qui se sont enrôlés pendant cette période », a indiqué le président de l'institution chargée d'organiser les élections.
Cependant, à l’en croire, le fichier électoral n’est pas sans problèmes. «Le système que nous avons adopté ne nous permet pas d’exclure les morts. C’est notre problème majeur. En comptabilisant les personnes nouvellement enrôlées, nous sommes aujourd’hui à 5 500 000 inscrits sur le fichier électoral. Malheureusement, nous n'avons pas la possibilité d’en exclure les morts. Nous avions proposé une approche, mais elle n’a pas été acceptée. C’est une grosse préoccupation pour nous», a expliqué Newton Ahmed Barry.
«Au cours de l’enrôlement qui vient de s’achever, nous avons sillonné les 45 provinces, les 13 régions. Nous avons ainsi fait 94% des communes et 83% des 9 000 villages. Comme nous avons couvert les 45 provinces du pays, même si nous n'avons pu aller dans les 6% de communes restantes et les 17% de villages, normalement au niveau de la province il est possible de tenir des élections », a-t-il ajouté.
Quant aux Burkinabè de l’étranger, ils sont 23 400 à s’être enrôlés pour 50 bureaux de vote. « Mais la question qu'on se pose, c'est de savoir si d’ici le 22 novembre on aura résolu la question du coronavirus avec les mesures de confinement en vigueur dans certains pays. On doit se pencher sur cette question dans les mois à venir », a-t-il souligné.
En ce qui concerne la demande d'un audit international du fichier électoral faite par le Chef de file de l’opposition politique, Zéphirin Diabré, « je ne suis pas contre l’audit, je le demande, mais je me dis qu'on est suffisamment intelligent en interne pour pouvoir nous-mêmes auditer notre fichier électoral. Je suis sûr qu’il y a des informaticiens dans chacun des grands partis capables de mettre leur expertise à contribution pour auditer notre fichier électoral », a dit M. Barry.
Pour ce qui est de la mobilisation des fonds pour l’organisation de ces élections qui vont concerner 19 500 bureaux de vote, le gouvernement a mis actuellement à la disposition de la CENI 52 milliards de francs CFA. Les partenaires techniques et financiers ont mobilisé une quinzaine de milliards pour le moment.
Dans un contexte d’insécurité, selon le président de la CENI, l’Etat burkinabè devrait trouver la solution pour créer les conditions de sécurisation maximum des bureaux de vote et du transport des résultats. «Si tout va bien, normalement nous pourrons respecter le calendrier électoral du 22 novembre 2020», a-t-il conclu.
Des partenaires du CNP-NZ ont répondu présent à ce premier numéro du Club de la presse physique. Il s’agit de Me Halidou Ouédraogo, président de la Convention des Organisations de la société civile pour l’observation domestique des élections (CODEL), et de Sagado Nacanabo, secrétaire exécutif du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC).
Aly Tinto