Le week-end du samedi 25 au dimanche 26 juillet 2020 dans la capitale burkinabè a été marqué par de grandes activités politiques comme la tenue des congrès extraordinaires d’investiture des candidats des deux principaux partis de l’opposition à la présidentielle de 2020. Zéphirin Diabré et Eddie Komboïgo ont été investis officiellement candidats respectivement de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Radars Info Burkina a approché Parfait Silga, journaliste et analyste politique, pour avoir sa lecture des forces et faiblesses de ces partis pour la présidentielle à venir.
Le palais des Sports de Ouaga 2000 a accueilli une foule immense ce week-end. La mobilisation était au rendez-vous. «Comme tous les grands partis, il y a une question d’image pour l’opinion. Il faut mobiliser des foules pour montrer que le parti a une grande capacité de mobilisation. Sauf qu’on le sait, ces gens qui remplissent les stades ne sont pas forcément des militants, des détenteurs de cartes d’électeurs qui vont voter pour ces partis. Il ne faut pas confondre la foule et les électeurs. Mais c’est bon pour l’opinion que ces partis montrent à la face du monde entier qu’ils peuvent mobiliser des milliers de personnes pour assister à des congrès », a d’abord indiqué l’analyste politique.
Selon lui,s'agissant du CDP, la donne est un peu différente. « On se rappelle que la veille du congrès, le samedi 25, Mahamadi Kouanda a été débouté, par décision du juge, de sa requête de suspension du congrès d’investiture du CDP. Une décision qui a permis effectivement de tenir le congrès le dimanche. On a l’impression que chaque jour apporte son lot de procès, de contradictions. Eddie est officiellement investi mais on ne peut pas d’emblée balayer du revers de la main ces courants et tous ceux qu’ils font comme agitation autour du parti », a poursuivi Parfait Silga.
En ce qui concerne les forces des deux partis, «il y a d’abord leur structuration. Un parti gagne une élection par sa structuration. Je pense qu’après le parti au pouvoir, ce sont les deux partis les mieux structurés au Burkina. Avec l’arrivée d’Eddie Komboïgo à la tête du CDP, il y a un travail qui a été fait. Dans tout le Burkina, les sections ont été revitalisées », a expliqué M. Silga.
Les faiblesses ne manquent cependant pas. « Elles se trouvent en leur sein. Pour l’UPC, il y a eu la scission avec le départ des 13 députés qui avaient créé le groupe UPC/RD. On peut se demander, à l’orée de ces élections, quel sera l’impact du départ de ces élus sur les résultats à venir et quelle va être la stratégie qu’ils vont mettre en place pour limiter l’impact du départ de ces 13 députés. Mais l'UPC reste quand même un parti important. C’est elle qui était le fer de lance de la contestation contre le régime Compaoré. S'agissant du CDP, est-ce que les démissions, notamment des pro-Kadré Désiré Ouédraogo, ne vont pas éparpiller les voix qui auraient dû rester dans le parti?», s’est-il interrogé.
« Et même si Eddie Komboïgo dit qu’il tient bien la barque et que les choses vont bien, est-ce qu’on peut dire qu’il y a la sérénité ? C’est une question qu’il faut se poser. Evidemment au stade actuel des choses, il a gagné son procès contre Mahamadi Kouanda et a été investi comme candidat. Pour le moment, la situation est en sa faveur. Je pense que le défi, c’est de travailler à ce que la sérénité revienne et que les gens parlent le même langage dans le parti pour aller en rang serré à cette présidentielle », a conclu Parfait Silga.
Aly Tinto