Le lundi 29 juin 2020, 5 partis politiques ont mis sur pied une alliance dénommée Coalition Rupture. Leur ambition ? Une rupture dans la gouvernance au Burkina Faso. Ces partis sont l’Alternative patriotique panafricaine/Burkindi (APP/Burkindi), le Mouvement patriotique pour le salut (MPS), les Progressistes unis pour le renouveau (PUR), le Rassemblement des écologistes du Burkina Faso (RDEBF) et l’Union pour la renaissance démocratique, mouvement sankariste (URD/MS). La rédaction de Radars Burkina s’est entretenue avec Wahir Justin Somé, membre de ladite coalition, pour en savoir davantage sur la création de ce regroupement politique, ses futures actions et pour avoir sa lecture de certains événements qui ont marqué l’actualité nationale.
Radars Info Burkina (RB) : Vous êtes membre de la Coalition Rupture, c’est la rupture avec quoi précisément ?
Justin Somé (JS) : (Rires) La coalition rupture a entrepris des activés d’analyse de la gouvernance de notre pays, de l’évolution de cette gouvernance et de son impact sur notre population. Nous avons recensé un certain nombre de maux qui minent notre société, notamment le défi sécuritaire auquel on est confronté. A ce défi sécuritaire il faut ajouter la mal gouvernance qui se répercute au sommet de l’Etat par des tâtonnements. Cette situation a des conséquences très dangereuses pour notre pays. En matière de santé, on peut citer la gestion de la COVID-19 et d’autres maux comme les remous sociaux au niveau des syndicats. Donc on a des raisons de croire que notre pays a besoin d’un renouvellement, d’une rupture. Le concept de rupture fait suite à l’insurrection populaire de 2014 qui, à la fin, a été caractérisée par la volonté de la population de voir une meilleure gouvernance. Après les élections, qui se sont soldées, entre autres, par la mise en place d’un gouvernement, cette population s’est rendu compte que les aspirations qui ont nourri l’insurrection populaire n’ont jusqu’à présent pas été assouvies. Ce concept est tellement fondamental pour nous qu’il faut l’adhésion de toute la population et de tout le peuple burkinabè pour que nous puissions espérer un Burkina nouveau en matière de gouvernance. C’est l’objet de la Coalition Rupture. Nous avions jugé nécessaire que cette coalition se fasse dans un cadre concerté, de solidarité entre tous ceux qui ont les mêmes aspirations et la même vision que nous.
RB : Où en êtes-vous avec le projet de candidature unique au niveau de la coalition à l’élection présidentielle ?
JS : Pour nous, c’est curieux qu’on fasse de la fixation sur la candidature de la coalition. A notre avis, ce qui est important, ce sont la notion et le concept de rupture. C’est pourquoi il y a 5 partis qui constituent la coalition. C’est dire donc que c’est une coalition ouverte. Nous avons promis à notre peuple que s’il y a une adhésion massive à cette coalition, cela lui permettra d’atteindre ses objectifs. Et nous sommes engagés pour une candidature unique portée par la coalition. A ce jour, on est très avancé. La coalition peut présenter un candidat qui n’est pas forcément issu des partis qui la composent, vu qu’elle est très ouverte. On a déjà des candidatures. Il y a un certain nombre de partis qui avaient déjà annoncé des candidatures avant de rallier la coalition. Mais ils vont se soumettre à la décision qui sera issue de cette dernière. Tout le monde est d’accord sur le principe que c’est à l’unanimité que notre candidat sera choisi. Nous avons actuellement sur table un certain nombre de candidatures pour la présidentielle. Dans les prochains jours, nous allons donc dévoiler le candidat de la coalition.
RB : Selon certaines sources, c’est Yacouba Isaac Zida, président d'honneur du MPS, qui sera votre candidat. Est-ce bien le cas ?
JS : Nous comprenons cette opinion d’autant plus que le MPS avait déjà déclaré que c’est Yacouba Isaac Zida qui était son candidat à la présidentielle. Comme je viens de le souligner, nous nous sommes concertés et la coalition sera solidaire du candidat choisi de manière inclusive, concertée et consensuelle.
RB : La Coalition Rupture est affiliée à quel groupe de l’opposition politique ?
JS : Nous n’avons pas tenu compte d’une affiliation, que ce soit avec le Chef de file de l'opposition politique (CFOP) ou avec l'Opposition non affiliée (ONA). Il y a tous les partis. Pour nous, c’est la vision qui compte.
RB : L’Assemblée nationale a remis le mercredi 8 juillet 2020 au président du Faso un rapport de 19 recommandations, dont le report des élections législatives d’un an, pour des raisons d’insécurité, de représentativité et de légitimité. Quelle en est votre appréciation ?
JS : Les recommandations de ce rapport viennent conforter la coalition dans sa vision. C’est une volonté de ces élus de se maintenir au pouvoir. Quand un mandat finit, il est fini. Ce n’est pas tout ce que la loi permet qu’il faut appliquer. Je crois qu’il faut avoir de la considération pour notre peuple. Aujourd’hui, notre peuple a plus besoin de paix, de sécurité et de bonne gouvernance. Ils (les députés) ont été très mal inspirés. En effet, si en 5 ans de mandat ils n’ont pas pu trouver des solutions à l’insécurité, ce n’est pas en prolongeant la législature d’une année que de manière magique une solution sera trouvée à l’insécurité. D’ailleurs, quelle garantie avons-nous qu’après cette prolongation l’insécurité sera jugulée ? En outre, si la raison invoquée est vraiment l’insécurité, pourquoi tenir la présidentielle ? En matière de coût, pour un pays qui a des priorités, si nous nous consacrons à ces exigences de la démocratie que sont les élections, je crois qu’il ne faut pas en faire trop. Il est très important que les élections se tiennent à bonne date. On n’a pas besoin de prolonger un mandat pour faire la réconciliation. Et à supposer même qu’on reporte ces législatives et que le président Kaboré ne soit pas réélu à l’élection présidentielle, on fait comment, d’autant plus c’est sa majorité qui sera à l’hémicycle ? Qu’est-ce qui va se passer dans un tel cas de figure ? Si c’est le président de la coalition qui est élu, imaginez les conséquences éventuelles !
Interview réalisée par Aly Tinto