Premier chancelier à fouler le sol burkinabè, Angela Merkel est arrivée à Ouagadougou le 1er mai en fin d’après-midi. Présent au pays des hommes intègres pour une visite d’amitié et de travail de 48h, le chef du gouvernement allemand a été reçu en audience par le président du Faso pour parler de la coopération bilatérale entre les deux pays avant de prendre part, un peu plus tard dans la soirée, au sommet extraordinaire des présidents du G5 Sahel.
« La coopération entre l’Allemagne et le Burkina Faso se porte très bien, une coopération discrète et efficace qu’il faut renforcer et consolider. » Ces propos sont du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Et cette coopération entre les deux Etats se porte tellement bien que pour permettre au Burkina Faso de lutter contre efficacement contre l’insécurité, surtout au nord et à l’est du pays, l’Allemagne consent une aide de 46 millions d’euros, soit environ 30 milliards de F CFA. Cet appui permettra également, à en croire le président du Faso, de conduire des actions qui aideront à renforcer la résilience des populations dans les zones ci-dessus citées. En plus de cette enveloppe financière, l’Allemagne appuiera le Faso dans la formation des forces de défense et sécurité ainsi qu’en matière de logistique. « Nous allons soutenir le renforcement des capacités de la police », a affirmé la chancelière allemande. Tous ces efforts fournis çà et là pour venir à bout de la nébuleuse terroriste risquent, selon Roch Kaboré, d’être vains si la question libyenne n’est pas résolue. C’est pourquoi il a souhaité une position unique de l’Europe afin que des solutions soient apportées pour une résolution de la crise que traverse le pays de Feu Mouammar Kadhafi. « Nous avons demandé aux grandes puissances qui ont déstabilisé la Libye de prendre leurs responsabilités, afin de trouver une solution définitive pour fermer l’approvisionnement des groupes terroristes à travers la Libye », a-t-il déclaré.
Sur le plan économique, le président du Faso a fait un plaidoyer auprès de la chancelière allemande afin que des entreprises allemandes puissent investir dans des secteurs porteurs au Burkina Faso. Une enveloppe de 5,5 millions d’euros est également annoncée pour soutenir le secteur agricole, notamment dans l’amélioration de la qualité des sols et la gestion des ressources en eau.
Au sortir du sommet extraordinaire du G5 Sahel qui était également inscrit dans l’agenda de la chancelière allemande, le président du Faso, président en exercice du G5 Sahel, a affirmé avoir passé en revue avec ses homologues l’ensemble des questions qui concernent aussi bien l’opérationnalisation des forces du G5 Sahel, les engagements pris de part et d’autre que les questions de procédure qui plombent aujourd’hui l’atteinte d’un certain nombre d’objectifs. La situation africaine, précisément les cas libyen, soudanais et algérien de même que l’impact de la crise libyenne sur la sécurité dans la sous-région, a aussi été abordée.
Le président du G5 Sahel a souhaité que la chancelière allemande use de son leadership pour faire un plaidoyer en faveur du G5 Sahel sur l’ensemble de ces questions. Au-delà des questions militaires, il y a les questions de développement. « Il est important que sur le terrain, aussi bien de la sécurisation des populations que du développement économique, les peuples du Sahel sentent que quelque chose est fait », a rappelé Roch Kaboré.
Alliée stratégique du G5 Sahel dans la lutte contre le terrorisme, l’Allemagne est fortement impliquée dans l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel. « Nous avons versé notre contribution de 60 millions d’euros au G5 Sahel et nous avons apporté notre soutien dans la formation et la mise en œuvre de l’académie de police du G5 Sahel », a souligné Angela Merkel. La chancelière allemande a relevé l’urgence que représente la menace terroriste, qui s’accroît chaque jour. Au regard des immenses défis qui se présentent, les efforts doivent être renforcés. Car face à la menace terroriste, les pays consacrent au minimum 15% de leur budget à la sécurité, mettant ainsi en stand-by beaucoup de projets de développement.
Angela Merkel a annoncé pour le 15 mai prochain une réunion entre les ministres de la Défense et des Affaires étrangères des pays du G5 Sahel et l’Union européenne.
Armelle Ouédraogo
