En 2000, s’est formé au Burkina Faso l’un des meilleurs groupes africains de hip-hop. La renommée de Yeleen, puisque c’est de cette formation musicale qu’il s’agit, a traversé les frontières du Burkina, le propulsant sur la scène sous-régionale et même internationale. Il remporte ainsi en 2007 le trophée du meilleur artiste burkinabè qu’est le Kundé d’or. Mais en 2011, contre toute attente, le groupe se disloque, brisant de ce fait le cœur de milliers de fans qui, 9 ans après, ne s’en sont toujours pas remis et continuent de réclamer la reconstitution du duo. La plus célèbre de ces médiations, c’est celle menée sans succès par le célèbre lead vocal du groupe Magic Système, Asalfo. Radars info Burkina est allé à la rencontre de Mawndoé, l’un des membres du groupe résidant au Tchad depuis sa dislocation, lequel était de passage à Ouagadougou. Il revient dans les lignes qui suivent sur ses liens avec Smarty, son binôme de l’ex-groupe Yeleen.
« J’ai rencontré Smarty au Burkina et ensemble, nous avons décidé de former notre groupe, c’est-à-dire Yeleen, au début des années 2000. Je dois d’ailleurs préciser qu’à l’origine, je suis artiste sculpteur. Je résidais au Tchad, mon pays d’origine, mais séduit comme de nombreux jeunes par l’action de Thomas Sankara, je rêvais de découvrir le pays du père de la Révolution burkinabè. Pour moi, le Burkina était un eldorado ; c’était comme aller en Europe. » Tels sont les propos de Célestin Mawdoé (Ndlr : c’est son nom à l’état civil) à l’entame de notre entretien. Précisant les circonstances de sa rencontre avec Smarty, il raconte que leur premier contact s’est fait de façon fortuite dans l’un des tout premiers groupes de hip-hop au plan national connu à cette époque sous le nom d’ « Attentat ». C’était un groupe musical dans lequel il n’était que simple choriste et Smarty faisait également partie du collectif. «Nous nous sommes vite démarqués des autres par notre talent. C’est alors que nous avons décidé de composer une chanson ensemble. En moins d’un an, nous nous sommes imposés, on nous invitait partout, même sur Radio Burkina où on nous a demandé si nous étions un groupe. C’est ainsi que l’idée de créer le groupe Yeleen nous est venue, mais je précise qu’à l’origine, notre rencontre n’était qu’artistique ; c’était un projet artistique, car humainement on ne se connaissait pas mais il y avait un langage artistique qui nous liait », raconte l’artiste musicien et sculpteur qui réside maintenant au Tchad.
A la question de savoir s’il est insensible à l’appel de leurs fans de voir le groupe Yeleen se reconstituer, Mawndoé répond qu’il n’a aucun problème avec Smarty : « On nous demande de nous réconcilier comme si nous étions en guerre. Si demain j’ai un projet avec Smarty ou Imilo Lechanceux, je le ferai ;mais que ceux qui veulent nous voir ensemble coûte que coûte essaient de comprendre notre liberté également. » Selon l’artiste, le désir de certains de leurs fans de voir se reconstituer le duo Yeleen vire même parfois aux injures et à des menaces proférées par quelques-uns d’entre eux qui ne semblent pas tenir compte de leur liberté. Pourtant, lui et Smarty n’ont pas de problème. Il raconte à ce propos sa récente rencontre avec Smarty au Festival des musiques urbaines d’Anoumambo (FEMUA) à Abidjan où, après sa prestation, Smarty l’a rejoint sur scène sans intervention extérieure et ils ont joué ensemble. Il précise que cette liberté qu’ils recherchent tous les deux.
« Si aujourd’hui un promoteur décide de nous produire en concert live tout en respectant les termes du contrat, j’insiste car nous avions rempli le stade municipal sans recevoir un sou, voilà la réalité de certains promoteurs au Burkina ils vont vouloir que ce soit sur la base de l’amitié, et donc si un promoteur le décide en respectant les normes en ce qui me concerne ce sera avec plaisir que je vais jouer avec Smarty », a-t-il ajouté.
Mawndoé, bien que résidant désormais au Tchad où il poursuit sa carrière et développe ses projets, reste attaché au pays des hommes intègres. « Au Tchad on me considère comme un ressortissant burkinabè résidant au Tchad. Ainsi, quand il y a des mariages où d’autres cérémonies de la diaspora burkinabè là-bas, c’est moi qui suis en tête comme Burkinabè pour les démarches », affirme-t-il.
Quant à ses liens avec ses collègues, il précise qu’il entretient de bonnes relations avec les artistes burkinabè, notamment Smokey, dont il est même le parrain du fils.
En attendant qu’un promoteur professionnel veuille bien réunir sur une même scène Smarty et Mawndoé en vue d’une prestation en live pour le bonheur de leurs nombreux fans, les nostalgiques du groupe Yeleen continuent d’espérer. Mais pour l’heure, Mawndoé vit au Tchad et Smarty au Burkina Faso.
Neya Pema (Stagiaire)