samedi 23 novembre 2024

Fin de la crise entre l'OTRAF et l'UCRB : Une accalmie qui ne convainc pas tous les acteurs du monde des transports

C02L’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF) et l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB) accordent à nouveau leurs violons. Cette fois, le gouvernement et le Haut conseil du dialogue social sont témoins de ce mariage qui uni une fois de plus ces deux organisations des transporteurs. En effet, après deux semaines de suspension, suite à un bras de fer qui mettait en mal l’économie du pays, le gouvernement a décidé ce lundi 17 septembre 2018, de lever la sanction qui pesait sur ces deux organisations. Cela a été possible grâce à la médiation du Haut conseil du dialogue social. Chaque partie a donc pris l’engagement de respecter le protocole d’accord marquant le retour de la paix et de l’entente entre elles. Si du côté des principaux concernés, cette levée des sanctions est applaudie, certaines organisations des transporteurs estiment que c’est de la poudre aux yeux, car le mal est profond et que cela ne va pas changer grand-chose dans la gestion du fret burkinabè.

 

Le 24 août dernier, l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB) à travers un mouvement de protestation dénonçait une gestion mafieuse et opaque du fret burkinabè par Issouf MAÏGA, président de l’Organisation des transporteurs du Faso (OTRAF) et réclamait par conséquent la tête de ce dernier. Toute chose qui a entrainé la fermeture des bureaux de l’OTRAF et un arrêt de travail des chauffeurs de l’UCRB du 25 au 27 août 2018 avec pour conséquence une pénurie et une inflation du prix du carburant, notamment à Ouagadougou. Après une négociation soldée par un échec, le gouvernement prenait ses responsabilités en suspendant les deux organisations frondeuses pour trois mois.

L’UCRB par le biais de la Confédération syndicale Burkinabè, sa centrale syndicale a dès lors entamé des démarches avec le Haut conseil du dialogue social pour que le gouvernement revoie sa copie. Ainsi, après deux semaines de suspension, le gouvernement a décidé de lever les sanctions contre le patronat et la structure syndicale chargée de la défense des chauffeurs routiers du pays. En contrepartie, l’OTRAF et l’UCRB s’engagent à respecter désormais scrupuleusement la convention 87 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la liberté syndicale et d’association en renonçant à demander le départ de leurs postes d’un ou des dirigeants de l’autre organisation syndicale, à mettre en œuvre les engagements signés à la rencontre du 27 août 2018 sur la gestion du fret et l’amélioration des conditions de vie des routiers, à respecter tous les protocoles et conventions sectoriels qui lient les deux organisations, à sensibiliser leurs militants sur le respect mutuel et le principe d’autonomie de chaque organisation, à développer la communication entre les deux organisations afin d’éviter les situations de conflit, à privilégier l’esprit de dialogue entre elles et à préserver les intérêts économiques et sociaux du Burkina.

Si la signature de ce protocole d’accord met fin à la crise et permet la levée de la suspension, monsieur Bonaventure KERE, secrétaire général du Syndicat national des transporteurs routiers et voyageurs du Burkina (SNTRV-B), syndicat membre de la Fédération membre des acteurs du transport routier du Burkina (FENAT), estime qu’elle ne résout pas pour autant tous les problèmes liés au fret et dénoncés par l’UCRB. « Ils sont obligés d’aller attendre du fret pendant 40 à 60 jours pour ceux qui ne sont pas puissants et qui ne peuvent pas avoir du fret chez certains marqueteurs. Ceux-là font donc un voyage tous les 40 ou 60 jours alors que certains font 4 à 5 voyages dans le mois… On voit à présent que les masques sont tombés, car l’administration chargée des transports a induit peut-être le gouvernement en erreur. Les frondeurs se sont étanchés à travers les médias pour dire le mal en tant que tel l’individu (Issouf MAÏGA, président de l’OTRAF) faisait et pourquoi il était là et quels intérêts il gérait… Cela a pour conséquences d’entraîner des surcoûts sur les denrées de première nécessité », explique-t-il.C01

En clair, pour lui, le mal est profond et le gouvernement se devait au regard des allégations faites contre l’OTRAF, faire des investigations pour connaître la véracité et situer les responsabilités avant de lui permettre de reprendre ses activités. « Si ce n’est pas du mépris que l’on a pour ce peuple, je pense que le minimum c’était de mettre en place une structure de transition, car les gens se sont rendus compte que l’OTRAF a été crée pour gérer les camions de certains dirigeants et cela ce n’est pas dans l’intérêt du peuple. Au lieu de nous faire cette comédie,  en amenant des chauffeurs à signer des accords et à nous présenter cela à chaud, je pense que le minimum c’était de respecter le peuple en mettant en place un organe de transition pour gérer le fret et voir plus clair, même si les dénonciations faites par certains chauffeurs ne sont pas fondées », estime t-il. C’est pourquoi, afin de ne pas voir les anciens démons réapparaitre demain, il aurait préféré que le gouvernement mette en place un organe transitoire de la gestion du fret burkinabè. En définitive, pour lui, le gouvernement a mis la charrue avant les bœufs. Par ailleurs, il estime que cette précipitation cache des agendas cachés. « Je pense que cette précipitation cache quelque choseIl y a des intérêts inavouables et inavoués dans cette précipitation que l’on veut préserver », se convainc t-il.

Cette crise et cette suspension des activités de l’OTRAF et de l’UCRB ont eu d’énormes conséquences tant sur la vie socioéconomique du pays que sur le fret burkinabè. « Les pertes sont énormes. En trois semaines de suspension, le  fret burkinabè était laissé à la porter des démarcheurs. Chaque chauffeur devait débourser au minimum 100 000 francs CFA pour être chargé, sinon pas de chargement. Pourtant avec l’OTRAF, c’est 10 000 francs CFA et tu payes le CBC à 12500 francs et le ticket de l’UCRB à 1 000 francs CFA », explique Tasséré OUEDRAOGO, secrétaire général de l’UCRB.

Candys Solange PILABRE/ YARO

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