Le 18 mai 2018, a eu lieu dans la salle des bBanquets de Ouaga 2000, la 21e édition des Prix Galian. Cette nuit de récompense nationale de l’excellence dans le journalisme au Burkina Faso a permis de décerner au total 34 prix officiels et 17 prix spéciaux. Depuis leur création, les Prix Galian ont connu une évolution marquée par des innovations multiples. Les deux dernières éditions ont particulièrement enregistré des innovations majeures. Depuis l’édition de 2017, les Galian ont connu une valorisation significative des prix officiels comme des prix spéciaux. La grande innovation est sans doute l’institution d’un super prix, le Super Galian. Toutefois, cette 21e édition de la célébration de l’excellence dans le journalisme burkinabè laisse perplexe l’Association des journalistes du Burkina (AJB) et le Syndicat national des travailleurs de l’information et de la communication (SYNATIC), car pour eux, certains aspects de cette célébration tendent non seulement à entacher les prix Galian, mais aussi et surtout jettent un discrédit sur les récompenses qui au regard du contexte actuel, marqué par l’apurement du passif foncier, ne garantireraient pas totalement l’intégrité moral du journaliste burkinabè. C’est pourquoi, dans un communiqué, ces deux structures de défense des intérêts du journaliste burkinabè tiennent à attirer l’attention des organisateurs sur ces « points noirs » de l’édition 2018 des prix galian.
L’association des journalistes du Burkina (AJB) et le Syndicat national des travailleurs de l’information et de la communication (SYNATIC) tire à boulets rouges sur les récompenses de la 21e édition des prix galian. En effet, pour ces deux structures qui ont pour cheval de bataille la défense des intérêts et de la liberté d’expression du journaliste burkinabè et le respect de l’éthique et de la déontologie, la composition du prix dénommé super galian jette le discrédit sur la qualité des journalistes au regard des débats actuels sur l’apurement du passif foncier. D’ailleurs, l’AJB et le SYNATIC disent avoir été interpellés par bon nombre de journalistes sur la provenance de la villa offerte au super galian. « Les réserves que l’AJB et le SYNATIC ont perçues dès la remise des lots au lauréat ont été renforcées par les multiples interpellations dont nous avons été objet aussitôt la cérémonie terminée », ont-ils noté dans leur communiqué conjoint. Toute chose qui selon ces deux structures montre que la villa offerte par l’opérateur immobilier Abdoul Service, même sur sollicitation des organisateurs jette le discrédit sur des récompenses si chères aux journalistes.
Ce don de l’opérateur immobilier intervient non seulement dans un contexte de tensions autour de la gestion du foncier, avec au cœur du problème aussi, les agences immobilières, mais aussi dans un contexte où de nombreux Burkinabè se sont mobilisés pour exiger un apurement du passif. C’est pourquoi, de façon légitime, l’AJB et le SYNATIC se pose des questions sur ce qui se cache derrière ce geste d’un promoteur immobilier par ailleurs accusé à tort ou à raison. « Comment justifier le caractère totalement désintéressé d’un opérateur économique qui fait un don de 14 millions de franc CFA, en l’occurrence une villa, à un journaliste dont les qualités professionnelles viennent d’être reconnues et saluées par un jury des pairs ? Une telle donation garantit-elle l’intégrité morale du journaliste ? Comment ne pas mettre en difficulté le journaliste lorsque son prix est directement alimenté par des hommes d’affaires dont l’activité constitue un intérêt professionnel pour les journalistes ? Une telle donation garantit-elle l’intégrité morale du journaliste ? ». Les réponses à ces questions pour être objectives ne peuvent que jeter l’anathème sur ce don et par ricochet sur les prix galian. C’est pourquoi, l’AJB et le SYNATIC, sans être opposés au recours à des donateurs privés afin de pourvoir aux prix officiels, estiment que ce geste du promoteur immobilier Abdoul Service, accepté par les organisateurs des prix galian pose problème au regard de la charte d’éthique et de déontologie des journalistes du Burkina Faso.
Pourtant, certains médias ont attiré l’attention sur les manquements dans le domaine du foncier. Cela pour dire que « les journalistes ne sont pas en retrait de ce combat du peuple », Alors « comment se désolidariser du combat du peuple et de celui de nos confrères ? », se demandent l’AJB et le SYNATIC.
En 2017, le problème ne s’est pas posé, car le Super Galian était doté d’une parcelle offerte par le ministère de l’habitat. Toute chose qui conforte la position des deux structures sur le fait que l’Etat dispose de plusieurs agences à même de pourvoir aux besoins en logements pour le Super Galian. « Et il sied qu’il exploite ses opportunités en attendant de voir clair dans la gestion du passif foncier à l’heure actuelle », estime-t-elles.
L’AJB et le SYNATIC invitent donc le ministère en charge de la Communication et la DGM à en tirer toutes les conséquences et ce, sans préjudice pour le journaliste lauréat du Super Galian 2018.
Autre griefs que l’AJB et le SYNATIC ont contre la 21e nuit des prix galian, c’est la coloration politique que la cérémonie a eu un moment donné. En effet, selon ces deux associations, certaines déclarations faites pendant la cérémonie sont inquiétantes. « Le Premier ministre Paul Kaba THIEBA n’a pas manqué l’occasion, pour faire un plaidoyer en faveur de son PNDES et de lancer un appel à la presse pour l’ « accompagner », selon ses propres termes, dans la mise en œuvre de sa politique », déplore l’AJB et le SYNATIC qui estiment que la cérémonie des Galian ne saurait être le lieu des accointances ni avec les opérateurs économiques ni avec les hommes politiques. Et ces derniers alors de noter que même si « le gouvernement est l’organisateur des Prix Galian, cela ne devrait pas lui donner le droit de politiser leur scène ».
L’autre point de récrimination à l’endroit des organisateurs de cette édition de la célébration de l’excellence dans le journalisme, c’est le retrait à cause d’une erreur du prix spécial du SP/ PAGIRE attribué publiquement à Ouamtinga Michel ILBOUDO des Editions Sidwaya. « En effet, le nom de Michel Ouamtinga ILBOUDO de Sidwaya a été appelé et il est monté à la tribune recevoir son prix des mains d’une personne bien désignée à cet effet et qui a proclamé en déballant un pli fermé dans lequel étaient inscrits aussi bien le nom du journaliste que les titres de ces deux œuvres, soumises à compétition. Mais une fois retourné à sa table, le lauréat remarque que le spécimen de chèque n’était pas à son nom. Il a alors averti les organisateurs. Alors qu’il s’attendait à la rectification d’une erreur apparemment matérielle sur le chèque, il s’est vu tout simplement retirer le prix au motif qu’il n’en était pas l’attributaire. Le prix, constitué d’un trophée, de gadgets et d’un million de franc CFA reviendrait au journaliste dont le nom est porté sur le chèque. Pourtant, M. ILBOUDO a reçu un sms dans la journée du vendredi 18 mai 2018 l’invitant à se présenter à la cérémonie de remise des prix dans la soirée », expliquent les deux structures dans leur communiqué qui estiment par ailleurs que cet incident est suffisamment intrigant et porte ipso facto un coup à la transparence des prix spéciaux et partant, à la crédibilité même des Galian.
Au regard donc de tous ces « points noirs » relevés, l’AJB et le SYNATIC rappellent qu’ils restent attachés au respect strict de l’éthique et de la déontologie des journalistes. Par conséquent ils invitent le ministère en charge de la communication à ne rien entreprendre qui compromette ces valeurs dans les prix Galian. Aussi, dénoncent-ils et appellent-ils la cessation de toute compromission du Prix Galian par les milieux politiques ou d’affaires. Toute chose qui l’emmène à exiger la transparence totale autour des Prix Galian dans tous ses aspects.