Au lendemain de la chute du président Blaise COMPAORE après 27 ans de règne sans partage, le Burkina Faso sous la coupe de la Transition dirigée par Michel KAFANDO, entouré de Chérif SY, président du Conseil national de la Transition (CNT) et du colonel Yacouba Isac ZIDA, premier ministre et alors numéro du Régiment de sécurité présidentielle, avançait inexorablement vers les élections qui devaient se tenir le 11 octobre 2015. Mais, le 16 septembre 2015, le président de la Transition, son premier ministre ainsi que deux de ses ministres furent arrêtés en plein Conseil des ministres. Cet incident qui était au début perçu comme un autre épisode de la énième crise du RSP s’est par la suite avérée être un coup d’Etat avec la mise en place du Conseil national de la démocratie (CND) porté par le général Gilbert DIENDERE. Mais débout comme un seul homme le peuple burkinabè sous l’impulsion de Chérif SY, des partis politiques, de la société civile et des syndicats, s’est opposé à cette forfaiture. La résistance était alors le seul mot. Acculés de toutes parts, les putschistes ont dès le 18 septembre annoncé la libération et la mise en résidence surveillée de « m’ba Michel » qui, le 23 septembre 2015 annonçait le retour triomphale de la Transition.
Le mercredi 23 septembre 2015, au Ministère des Affaires Etrangères jouxtant l’ambassade de France où il s’était refugié, le président Michel KAFANDO annonçait dans une déclaration, la remise en selle des institutions de la Transition et la reprise du travail gouvernemental. « Dans le malheur nous avons lutté ensemble, dans la liberté nous triomphons ensemble. A présent, libre de mes mouvements, je reprends du service. Et par là même, je m’affirme en la légitimité nationale. La transition est ainsi de retour et reprend à la minute même l’exercice du pouvoir d’Etat », avait-il martelé dès le début de son adresse à la nation.
Pour le « vieux » KAFANDO, malgré le coup de force perpétré contre les autorités et les institutions, la transition est restée légitime et ne s’est jamais évanouie. Il en en veut d’ailleurs pour preuves la clameur nationale contre les usurpateurs et la réprobation internationale contre l’imposture. « C’est l’aveu même que le gouvernement de transition que vous avez librement choisi, et en qui vous avez totalement mis votre confiance, est resté le seul à incarner la volonté du peuple souverain », a-t-il noté dans ce discours qui l’habillait de nouveau de ses habits de président du Faso.
Selon Michel KAFANDO, si la transition n’a pas fléchie un instant et n’est pas morte avec ce putsch, c’est avant tout à cause « de la mobilisation et de l’intrépidité du peuple burkinabè, en particulier de sa jeunesse dont la détermination sans faille a permis d’arrêter l’imposture », mais aussi de l’ « armée nationale qui, réalisant elle aussi le défi et l’anathème qui lui ont été lancés par cette horde d’insoumis, dans son amour propre a volé au secours du peuple martyrisé ».
Dans cette déclaration qui a redonné de l’espoir aux Burkinabè quant à la bonne marche du pays vers des élections, Michel KAFANDO s’est incliné aussi devant cette lumière et ce guide que Chérif SY, son intérimaire a su être afin de toujours garder la flamme de la mobilisation, de la résistance et de la transition intacte, malgré les morts et les blessés qui se comptaient dans les rangs du peuple souverain. La reconnaissance du président légitime au lendemain de sa libération a aussi concerné toutes les composantes de la nation et les amis du Burkina Faso qui ont veillé avec lui pendant cette période trouble et funeste de son histoire. « Je salue tous les hommes de l’extérieur. Je salue la communauté internationale pour avoir rejeté sans équivoque et de façon péremptoire, ce pronunciamento d’une autre époque. Je salue toutes les forces vives du Burkina Faso, les partis politiques, les organisations de la société civile, les syndicats, le monde de la presse, les autorités coutumières et religieuses, pour leur patriotisme, leur bravoure et leur dévouement. Je rends hommage à tous ceux qui, à travers de longues chaînes de prières continues, de suppliques et d’incantations, ont confié la destinée de notre pays à la mansuétude de la providence divine », s’est-il exprimé.
Cette déclaration il faut le noter, intervenait alors que le désarmement du RSP, le corps auteur de ce coup d’Etat n’avait pas complètement rendu les armes. Les négociations étaient toujours en cours. C’est pourquoi, dans son adresse à ses citoyens, le président de la Transition a invité le peuple à rester mobilisé autour de la transition, « pour qu’ensemble le Burkina Faso nous continuions ce que nous avons commencé. A savoir, remettre le processus électoral sur les rails ». Mais selon Michel KAFANDO, cela ne saurait se faire « sans avoir naturellement pansé les plaies et honoré la mémoire de des compatriotes injustement tombés pour la défense de la patrie, et dont certains gisent toujours dans les morgues. Je m’incline très respectueusement devant leur mémoire. La nation toute entière leur rend hommage. En attendant d’examiner la façon dont nous solderons les conséquences de cette funeste barbarie, à toutes les familles éplorées je présente nos sincères condoléances ».
Face donc à ce grand sacrifice et à cette manifestation de l’amour de la patrie par le peuple burkinabè, cette déclaration de retour de Michel KAFANDO était axée sur le remerciement et la reconnaissance.
« Dès demain, le gouvernement de la transition se réunira au nom de la continuité de la vie nationale. En ce qui concerne les dernières propositions de la Cédéao pour une sortie de crise, il est évident que nous ne nous engagerons que si elles prennent en compte la volonté du peuple burkinabè, clairement exprimée dans la charte de la transition. Vive le Burkina Faso ! Paix et honneur à nos victimes ! A nos morts ! Que Dieu nous vienne en aide ! Que Dieu bénisse le Burkina Faso ! », a conclu le président de la Transition pour montrer que la transition grâce à la volonté populaire a pu véritablement tel un phénix renaître de ses cendres.
Candys Solange PILABRE/ YARO