Suite à la décision du gouvernement de suspendre la vente des motos Aloba et autres de ce type, une équipe de Radars Info Burkina s’est rendue au marché dit Théâtre Populaire de Ouagadougou ce lundi 4 juillet 2022 pour recueillir les avis des acteurs concernés par cette décision.
Les acteurs touchés par cette mesure gouvernementale que nous avons rencontrés sont des vendeurs de pièces détachées, des mécaniciens, des vendeurs de motos Aloba, Sanili et d’autres du même type. Tous sont mécontents de cette décision qu’ils jugent « peu réfléchie» et loin d’être la solution pour éradiquer le terrorisme.
De l’avis de Razakou Sakandé, commerçant détaillant vendant exclusivement des motos Aloba et Sanili, c’est une mesure suicidaire. «C’est grâce à ce commerce que j’assure la prise en charge de ma famille, la scolarité de mes enfants. C’est ma seule source de revenus pour couvrir toutes mes dépenses. Avec cette vie chère si on me dit d’arrêter ça pour 6 mois sans aucune alternative de soutien, comment vais-je subvenir aux besoins de ma famille ? C’est pour nous tuer», lance-t-il. A l’en croire, cette décision n’est pas la solution pour lutter contre le terrorisme car elle pourrait amener certains à se faire enrôler par les terroristes, ce qui serait dommage pour le Burkina.
Il estime qu’il faut empêcher l’approvisionnement des terroristes en armes avant d’interdire la vente des motos. «D’où proviennent les armes des terroristes ? Au lieu de nous dire d’arrêter de vendre ces motos, il faut plutôt couper le circuit d’approvisionnement des terroristes en armes. Les terroristes n’ont pas forcément besoin de moto pour aller tuer parce qu’une moto ne peut pas tuer quelqu’un.»
S’agissant du respect de cette décision du gouvernement, voici ce que Razakou Sakandé déclare : «Si des mesures d’accompagnement sont envisagées par le gouvernement, je suis prêt à me plier à cette décision. Dans le cas contraire, il me sera difficile d’arrêter mon commerce pour 6 mois.» Ainsi, il suggère : « Vu que nous vendons des motos qui ont été dédouanées, ce qui suppose qu’il y a des documents, je propose que la gendarmerie, après une saisie de motos des mains de terroristes, procède à une vérification pour savoir si elles proviennent du Burkina ». D’après lui en effet, les motos des terroristes viennent d’ailleurs.
Madi Sawadogo, vendeur de pièces détachées, est du même avis que M. Sakandé car pour lui, cette mesure va entraîner des méventes à son niveau et même être source de chômage pour ceux qui ne vendent que des pièces de ce type d’engin.
Fayçal Sané, mécanicien, lui, soutient que cette mesure gouvernementale va impacter négativement son travail, même s’il reconnaît que ce n’est pas le seul type de motos qu’il répare. Néanmoins, notre interlocuteur dit soutenir cette décision du gouvernement si c’est le prix à payer pour remporter la lutte contre le terrorisme.
Flora Sanou