Après une suspension d’une dizaine de jours, le procès Thomas Sankara a repris ce mardi 4 janvier 2022 au tribunal militaire, délocalisé à la salle des banquets de Ouaga 2000. Cette journée a été consacrée non seulement à la lecture des procès-verbaux des témoins absents mais aussi au passage à la barre des témoins cités par l'accusé Jean Pierre Palm. Cependant, le passage desdits témoins à la barre n'a pas permis d'obtenir d'informations nouvelles.
Ils étaient 4 témoins à se succéder à la barre ce mardi 4 janvier au tribunal militaire dans le cadre du procès Thomas Sankara. Éric Palm, frère cadet de l'accusé Jean Pierre Palm, Guy Albert Yaméogo, adjudant-chef major de gendarmerie à la retraite, Idrissa Zampaligré, conseiller des affaires économiques à la retraite, et Biékoua Romain Ko, également adjudant-chef major de gendarmerie à la retraite, cités par l'accusé Jean Pierre Palm comme témoins, ont fait leurs dépositions à la demande des avocats de la défense. Après le passage des trois premiers, le président du tribunal militaire a lancé avec ironie que s'il n'avait pas autorisé la comparution de ces témoins, la défense aurait insisté sur cela mais «voilà trois témoins, zéro information».
Biékoua Romain Ko, le dernier à avoir comparu, a dit entretenir des relations d'amitié avec Jean Pierre Palm. Il affirme qu'après les évènements du 15 octobre, qu’il a suivi de loin, le 16 il s’est rendu au domicile de Jean Pierre Palm, qu’il a conduit au Conseil et ensuite à la gendarmerie avant de le ramener chez lui. L'adjudant-chef major dit avoir pris cette initiative seul. Car son bureau étant face au domicile de Henri Zongo, il a vu ses gardes du corps qui lui ont fait savoir que leur chef était en réunion avec des officiers. C'est après cela qu'il est allé chercher Jean Pierre Palm qui était à son domicile. Il précise que c'est sur son insistance que Palm a accepté car au départ il n’était pas partant. Avant le passage des témoins, le tribunal a procédé à la lecture des procès-verbaux des dépositions des témoins absents, au nombre de 10. Ce sont : Paul Sawadogo, Rasmané Tiendrébéogo, Jean Romain Somé, Adama Zongo, Kaba Kambou, Ousmane Guiré, Adama Ouédraogo, Dioueté Kambou, Dramane Paré et Oumarou Koama. Mais avant la lecture des procès-verbaux, dès le matin, le parquet est revenu sur une lettre envoyée par la partie civile demandant la comparution de témoins supplémentaires en plus de ceux de la liste des témoins de départ. Pour le parquet, on ne peut pas ajouter de témoins autres que ceux cités dans la liste, conformément à l'article 119 du Code de justice militaire. Même son de cloche du côté de la défense. Pour les avocats de la défense, la lettre adressée au parquet par la partie civile est nulle même dans sa forme, car la personne qui l’a signée dit collaborer avec le cabinet de Maître Sankara alors que ce cabinet n'existe pas. Pour eux, Maître Bénéwendé Stanislas Sankara n'est pas en fonction actuellement comme avocat ; par conséquent, une demande venant de son cabinet ne saurait être recevable. Pour ce qui concerne le fond de la lettre, les avocats de la défense demandent à se concerter davantage avant d'y répondre. Après le rejet de la demande de la partie civile, le tribunal a procédé à la lecture des procès-verbaux des témoins absents.
L'audience, qui a été suspendue, reprendra demain mercredi par la lecture des procès-verbaux des dépositions des témoins qui ne sont plus de ce monde : Valère Somé, Étienne Zongo, Jerry John Rawlings, Skata Kodio et Nordex Kelly. Le lundi 10 janvier, auront lieu les dépositions par visioconférence. Quant à la présentation des pièces à conviction, elle se fera le 11 janvier et la parole sera donnée aux victimes le 12 janvier. Après cela, le tribunal marquera une pause avant de reprendre le 24 janvier 2022 par les plaidoyers des différentes parties.
Barthélémy Paul Tindano