La crise qui secoue le sensible secteur des transports au sujet de la mise en place d’une faîtière unique est loin de connaître son épilogue malgré l’intervention du chef du gouvernement burkinabè en janvier dernier. Une faîtière a été mise en place à l’issue d’un congrès tenu du 22 au 23 février 2020 à Bobo-Dioulasso. Mais ce vendredi 28 février, des transporteurs se réclamant de « vrais acteurs » du secteur, qui ne reconnaissent par ailleurs pas la faîtière mise en place dans la ville de Sya, ont annoncé la tenue très prochaine d’un congrès constitutif d’une « faîtière d’acteurs rompus, la nôtre, du 14 au 15 mars 2020 à Ouagadougou ».
Issoufou Maïga, président de l’Organisation des transporteurs routiers du Burkina (OTRAF), a été désigné président de la nouvelle faîtière dont le congrès s’est tenu récemment à Bobo-Dioulasso. « C’était avec la participation de syndicats dont la seule motivation est de créer une faîtière prédatrice au profit de ses membres, et policière contre les intérêts des vrais acteurs du transport à travers une gestion opaque du fret », a soutenu Amadouba Ouattara, président de l’Alliance burkinabè des chargeurs et transporteurs (ABC-Trans), lors d’une conférence de presse vendredi matin aux côtés des responsables des Transporteurs et chauffeurs routiers du Burkina (TCRB), de la Fédération nationale des acteurs du transport (FENAT), du Syndicat national des jeunes commerçants et transporteurs du Burkina (SYNAJECT) ainsi que de plusieurs compagnies de transport.
Les conférenciers ont déploré « l’option expéditive du Premier ministre Christophe Dabiré qui, après une toute première confrontation (le 18 janvier 2020 Ndlr), ne s’est pas fait prier pour prendre toutes les dispositions nécessaires pour valider un processus biaisé et voué à l’échec, en dépit de nos interpellations et du risque d’escalade que cela pourrait susciter ».
Selon M. Ouattara, après la rencontre à la Primature, ils se sont quittés et par la suite, il n’y a pas eu de démarches invitant les camps à « tendre chacun la main à l’autre ». « A notre grand étonnement, un appel téléphonique d’un acteur du secteur des transports nous invite à une rencontre qui doit se tenir à la Primature le 13 février pour poursuivre les discussions. Ce qui nous a laissé sous-entendre qu’effectivement il y avait eu beaucoup de concertations en off entre la Primature et le bureau d’Issoufou Maïga visant à nous mettre devant le fait accompli. En plus, au regard d’un certain nombre de faits, nous avons estimé que nous ne pouvions plus vraiment parier sur la personne de M. Maïga et bien d’autres acteurs», a justifié Amadouba Ouattara.
Ainsi, c’est en toute « logique que nous envisageons la tenue très prochaine de notre congrès constitutif d’une faîtière d’acteurs rompus, à savoir la nôtre, du 14 au 15 mars 2020 à Ouagadougou », a fait savoir M. Ouattara.
Quand les acteurs du secteur des transports du Burkina Faso fumeront-ils le calumet de la paix ? «Si les autorités ne prennent pas la mesure de la situation, des vents mauvais vont souffler sur ce pays très bientôt », ont en tout cas averti les conférenciers du jour.
Aly Tinto