dimanche 24 novembre 2024

Rémunération des agents de l’Etat : Cette équation à double inconnu trouvera un début de solution le 12 juin prochain

20180605 100634Le traditionnel point de presse du gouvernement s’est tenu ce mardi 05 juin 2018. Au menu, il était essentiellement question de la conférence sur les conditions de rémunération des agents publics de l’Etat qui aura lieu du 12 au 14 juin prochain et la recrudescence des mouvements de grèves et des autres formes de perturbations du travail observé, notamment au sein du ministère des finances, de l’économie et du développement. C’est ainsi que près de deux heures durant, les ministres en charge de la communication, Rémis Fulgance DANDJINOU, des finances, Rosine SORY/COULIBALY et de la fonction publique Seyni OUEDRAOGO ont éclairé la lanterne des hommes et femmes de médias quant à ces deux questions brûlantes de l’actualité  burkinabè.

 

A ce 3e point de presse du gouvernement de l’année 2018, il s’est essentiellement agi pour les ministres de la communication, chargé des relations avec le parlement Rémis Fulgance DANDJINOU, des finances, de l’économie et du développement, Rosine SORY/ COULIBALY et de celui de la fonction publique, du travail et de la sécurité sociale, Seyni OUEDRAOGO de revenir sur la question des rémunération des agents de l’Etat, nœud de discorde actuel entre le gouvernement et les différents Syndicats. Mais là-dessus, le ministre de la communication est clair : « A aucun moment, il ne s’agit de mettre des acteurs en concurrence ou en compétition. Il s’agit surtout de garder à  l’esprit que notre budget doit servir au développement commun et que les revendications salariales, puissent-elles être les plus justes possibles, doivent tenir comptent aussi des réalités sur lesquelles nous travaillons », a tenu à clarifier Rémis Fulgance DANDJINOU, surtout quant on sait que beaucoup de syndicats accusent le gouvernement de vouloir les mettre à dos avec le peuple et d’autres corps de l’administration publique burkinabè.

20180605 100641Et pour permettre au Burkina Faso, d’avoir une administration performante où règne l’équité, la justice, le gouvernement, suivant l’injonction faite par le président du Faso Roch Marc Christian KABORE, a décidé d’organiser une grande conférence qui réunira toutes les parties prenantes de l’administration publique burkinabè. Le but principal étant de revoir les conditions de rémunérations des agents de l’Etat, afin de minimiser les frustrations, car comme on aime le dire, « à travail égal, salaire égal ».

C’est pourquoi, actuellement, pour toutes les revendications et toutes les plateformes qui concernent les rémunérations, c'est-à-dire dans sa base indiciaire, indemnitaire et les avantages en nature, aucune solution ne peut être trouvée avant la tenue de la dite conférence qui va donner la ligne directrice. Aussi, dans les ministères où les revendications concernent ces aspects, le ministre invite-t-il les acteurs à prendre part à la grande rencontre de juin pour mieux expliquer leurs prétentions et avancer des arguments pour mieux les défendre. Mais pour les points qui ne relèvent pas de la conférence, chacun des ministres engagent des discussions là-dessus.

Du reste, le gouvernement est optimiste quant à la bonne tenue de cette grande rencontre, car des six centrales syndicales que compte l’Unité d’action syndicale, cinq ont pris effectivement part aux différentes rencontres sur les modalités de son organisation. D’ailleurs, elles ont produit un document contenant leur diagnostic du diagnostic de la situation sur des traitements indiciaires et les avantages.

 Toutefois, cette conférence n’est pas la panacée, car elle n’est qu’une étape du processus de reforme du système de rémunération. C’est pourquoi, le gouvernement appellent les syndicats à faire fie des intérêts individuels, en mettent en avant l’intérêt national.

20180605 100949En ce qui concerne les droits acquis, Rosine COULIBALY a tenu à noter qu’ « il n’y aucun avantage acquis pour toujours ». De plus, selon le ministre en charge de la fonction publique, le principe général du droit administratif burkinabè stipule qu’un agent public ne peut pas se prévaloir du maintien de ses droits acquis. Cela, car les salaires font preuve de constantes révisions et quand il y a des contraintes, les gouvernants sont obligés de tenir compte des réalités sociopolitiques pour procéder à des réajustements de certains avantages qui étaient alloués à certains travailleurs.

Pour le ministre Seyni OUEDRAOGO, l’agent public est dépositaire d’un service public et il est gardien d’un intérêt général. Il n’est donc pas dans un lien contractuel, mais plutôt dans une situation statutaire et réglementaire. « Cela veut dire qu’un agent public quand il vient, il entre dans une sorte de contrat d’adhésion. On ne lui permet pas de discuter de ces conditions de travail. Il passe son concours et ne se préoccupe pas de savoir quel est le salaire que l’Etat va lui donner. Quand il vient, il accepte d’office les conditions qui lui sont soumis. Il ne peut pas venir se prévaloir d’un droit acquis surtout que le gouvernement a la lourde responsabilité d’arbitrer entre les intérêts des individus et ceux de la communauté », a-t-il expliqué.

Pour le gouvernement, ce n’est pas un secret de Polichinelle, l’approche sectorielle  dans la résolution des problèmes posés par les agents de l’Etat a montré aujourd’hui ses limites. « Nous sommes dans un système indiciaire qui n’est ni équitable, ni bâtie sur un principe de cohésion précis. Nous sommes dans un système indemnitaire les plus complexes, car on retrouve des corps où les indemnités dépassent les salaires de 100% voire de 150%. On est passé de 320 milliards en 2012 à presque 700 milliards en 2017, tout cela à cause de cette approche sectorielle qui crée des frustrations dans certains corps », a noté le professeur OUEDRAOGO. Le patron de la fonction publique considère donc que cette question est un puzzle à plusieurs éléments qui nécessite donc impérativement une approche globale.

20180605 100739Quant à la question de la recrudescence des mouvements de grèves, des sit-in et autres formes de perturbations du travail observé, le gouvernement à ce point de presse a réaffirmé son engagement pour le dialogue afin de parvenir à des compromis et à un consensus, et ce, pour l’intérêt général. « Nous ne voulons pas d’opposition frontale. Nous cherchons à sortir d’une crise qui pénalise tout le monde », a martelé le ministre de la communication.

Spécifiquement, pour ce qui est du bras de fer engagé actuellement entre le gouvernement et la coordination des syndicats du ministère de l’économie, des finances et du développement, Rosine COULIBALY affirme n’avoir jamais rompu le dialogue. « Le dialogue a toujours existé entre le syndicat et le ministère. Le principe appliqué dans le cadre de ce dialogue est celui de la responsabilité réciproque. Ce qui sous-entend que chacun doit assumer ses responsabilités, qu’il y ait de l’écoute et de l’équité, que nous tenons compte de la soutenabilité et des engagements que nous allons prendre, mais aussi qu’on ne fasse pas de démagogie », a-t-elle expliqué.

Pour preuve, aujourd’hui sur les sept points de revendications, cinq sont des points sur lesquels le gouvernement et la coordination sont entrain de trouver un terrain d’entente, même si rien n’est encore formel. « Le gouvernement reconnait que pour le moment, il n’y a pas d’acte qui matérialise un accord entre la coordination des syndicats du MIFIED et le gouvernement. Formellement, aucun accord n’a été signé, mais les négociations continuent », a noté le professeur OUEDRAOGO.

Sur les deux points restants, un point est en cours de négociation et de discussion avec l’Unité d’action syndicale (UAS). Il reste un point qui selon le ministre en charge de la communication est sensible. C’est la question du statut sécurisant qui sera soumis à la grande conférence de juin.

20180605 100721Cela n’a pourtant pas apaisé le climat au sein du MINIFIED qui est de plus en plus délétère, car on le sait, le syndicat compte déserter les bureaux jusqu’en fin juin. Ce qui du reste porte un coup dur sur l’économie nationale. En effet, le manque à gagner causé par ce bras de fer est énorme sur les frêles épaules de l’économie du pays. « Au premier trimestre les performances des services chargés de la mobilisation n’étaient pas au rendez-vous, mais comparée à l’année 2017, c’était supérieur, mais par rapport aux objectifs fixés pour 2018, la performance est en deçà », a noté la patronne des finances burkinabè. Ce qui toutefois la laisse sceptique quant à la capacité des caisses de l’Etat d’honorer les salaires des fonctionnaires, si les choses restent en l’état. « Je peux vous rassurer que jusqu’à présent, on va payer vos salaires, mais je ne sais pas jusqu’à quand, car lorsque les administrations fiscales ne travaillent pas, il est difficile de dire qu’en décembre, on pourra toujours payer les salaires », a-t-elle confié.

Toutefois, Rosine SORY/COULIBALY dénonce la manière dont la coordination mène la grève. Pour elle, c’est du terrorisme, car pendant les assemblées générales et sur les réseaux sociaux, des grévistes vilipendent et intimident ceux qui veulent travailler. « On joue sur le moral de ses camarades et certains sont obligés de demander à travailler à partir de la maison, car ils ont peur », a-t-elle indiqué. Selon donc, la ministre, c’est au regard de cette terreur que le dispositif sécuritaire est mis en place, afin de permettre à ceux qui veulent travailler, de le faire en toute quiétude.

Voici les différents points de la plateforme revendicative de la coordination des syndicats du MINIFIED :

  • La retenue à la source des cotisations syndicales sur le fonds commun ou le check off ; les acteurs trouvant le mécanisme de retenue assez lourd
  • Le bâtiment R+4 à la disposition des agents
  • Dotation en carburant
  • Reformes engagées au MIFIED. Sur ce point, le gouvernement réaffirme son engagement à recueillir les avis de toutes les parties prenantes
  • La fin du contrat avec COTECNA  et CCVA; la notification du contrat a été envoyé à l’opérateur privé selon le gouvernement
  • Le statut sécurisant

 

Candys Solange PILABRE/ YARO

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