À travers son Association Faso One Village (AFOV), Ousmane Sawadogo mobilise autour de lui plusieurs jeunes bénévoles pour fluidifier le trafic. Un exemple d’engagement citoyen. De l’amour, il en à revendre pour son pays. Il s’investit volontairement, et cela depuis des années, dans la régulation de la circulation à plusieurs carrefours de la ville de Ouagadougou. Radars Info Burkina l’a rencontré le vendredi 6 mars 2020 à son carrefour préféré (Katr Yaar), non loin du siège de son association, sur l’avenue des « Tansoaba ».
Radars Burkina : Présentez-vous à nos lecteurs.
Ousmane Sawadogo : Je suis Ousmane Sawadogo, président-fondateur de l’Association Faso One Village (AFOV), volontaire pour la régulation de la circulation routière à Ouagadougou.
RD : Combien de jeunes ont adhéré à cette cause et vous ont rejoint ?
OS : Les jeunes qui ont adhéré à mon association sont au nombre de soixante-quinze, filles comme garçons. Dans le bureau exécutif, nous sommes au nombre de quatorze. Tous ces jeunes ont été formés par moi en collaboration avec des partenaires.
RB : Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez au quotidien avec les usagers de la route ?
OS : La difficulté majeure avec les usagers de la route, c’est l’incompréhension. Certains ne comprennent pas forcément nos instructions ou du moins ne veulent pas les comprendre. Dans les normes, la communication entre ces usagers et agents régulateurs de la circulation devrait être facile, malheureusement ce n’est pas toujours le cas. Plusieurs fois j’ai été l’objet d’injures.
RB : La création de votre association est-elle antérieure à votre engagement citoyen ?
OS : Oui, l’idée est venue de moi en tant que citoyen Burkinabè. Petit ou grand, chaque individu doit apporter sa pierre à l’édification et au bien-être de son pays. C’est pour cette raison que je me suis porté volontaire afin de réguler la circulation.
RB : Quelle est votre formation de base et quel métier exerciez-vous avant de vous lancer dans cette activité ?
OS : Avant, j’étais chauffeur. J’ai obtenu mon permis de conduire en 2009. Je faisais les grandes lignes Ouaga-Bobo-Banfora et même Ouaga-Lomé. J’ai aussi été taximan. Lors de mes voyages, j’ai observé une grande discipline des usagers dans la circulation. J’ai voulu ça aussi dans mon pays et c’est pourquoi je m’y suis lancé. Je n’ai pas bénéficié d’une formation particulière pour faire ce que je fais. Je me suis autoformé en m’inspirant des gestes des policiers qui, eux aussi, veillent à ce que les uns et les autres puissent circuler aisément.
RB : On sait que c’est un engagement bénévole et que vous n’avez pas de salaire pour ça. Comment arrivez-vous à faire fonctionner l’association ?
OS : (Rire).Vouloir, c’est pouvoir. Tout est possible dans la vie à celui qui veut. On a pensé qu’il serait mieux que l’aide vienne des usagers eux-mêmes. J’ai donc fait écrire sur nos plaques la phrase suivante : « Association Faso One Village, votre contribution pour nous, membres volontaires de la sécurité ». Pour nous, toute contribution est la bienvenue et nous remercions tous les donateurs. A travers ces dons, je parviens à donner 1000 francs CFA/jour à tous mes volontaires. En plus, j’assure leur déjeuner à midi. Lorsqu’on gagne un peu plus après les comptes, nous reversons cela dans la caisse de l’association.
RB : Quels sont votre meilleur souvenir et votre pire souvenir dans votre sacerdoce ?
OS : Mon pire souvenir, c’est de ne pas avoir pu sauver une dame. Elle s’est malheureusement fait écraser sous mon nez par un gros camion. Le chauffeur s’est enfui après son forfait. Ce n’était pas joli à voir. C'est un très mauvais souvenir que je garde. Mon plus beau souvenir reste mon geste salvateur vis-à-vis d’un vieillard qui a failli être écrasé sur la circulaire. J’étais content d’avoir sauvé une vie. Les gens qui ont assisté à la scène m'ont tous applaudi.
Propos recueillis pas Obissa